DossierQuand les grandes entreprises viennent en aide aux PME

3 - Aides des grandes entreprises aux PME : permettre l'éclosion de l'innovation

Les grandes entreprises ont intérêt à soutenir les PME, véritables viviers de bonnes idées. Pour que celles-ci puissent avoir toutes leurs chances, il leur faut un environnement favorable, depuis l'hébergement d'un projet jusqu'à sa commercialisation, ce que proposent quelques grandes entreprises...

Difficile, aujourd'hui, d'envisager le succès d'une entreprise, sans penser à ses capacités d'innovation. Pourtant, les petites structures, souvent riches en idées, sont plus modestes en moyens matériels et financiers. Pour que leur innovation grandisse et ait toutes ses chances sur leur marché, elles ont besoin d'être accompagnées. Une grande entreprise peut alors endosser le rôle de tuteur, pour aider une jeune pousse à grandir harmonieusement et à faire ses premières gammes. Pourquoi ? Pas pour " piquer une idée ", ni pour dispenser un assistanat altruiste. Si une grande entreprise choisit d'accompagner une PME, c'est parce qu'elle a toutes les raisons de croire en elle. Cette démarche n'est pas totalement dénuée d'intérêt et s'inscrit dans un apport mutuel. " La condition pour que nous nous intéressions à une PME ? L'innovation, confirme Marc Westermann, directeur de participations chez SFR Développement. Notre mission est de dénicher les entreprises qui sortent du lot. Nous aussi, grands groupes, nous avons besoin de start-up pour avancer et rester compétitifs ! " Ainsi, SFR Développement a, par exemple, soutenu une start-up spécialisée dans les jeux en mode cloud, G-Cluster Global. Cette dernière a vendu son service en exclusivité à SFR, qui peut désormais proposer à ses clients des jeux accessibles en ligne depuis leur téléviseur. Une première mondiale. " Les PME peuvent nous apporter un regard neuf sur un marché ou sur un produit ", ajoute Marc Westermann.

Coaching d'entrepreneurs : des conseils qui valent de l'or

Quelle que soit la taille de la société, petites et grandes ont tout à gagner à faire fructifier l'innovation. De grands groupes accompagnent les petites entreprises depuis la définition d'un produit jusqu'à sa commercialisation. Ce soutien peut prendre différentes formes. La plus courue : le coaching. Dans son programme " Entrepreneur Soutenu ", SNCF Développement analyse avec soin les dossiers de différentes jeunes entreprises, avec pour objectif de répondre au mieux à leurs besoins. En fonction, le programme leur soumet gratuitement les contacts de spécialistes (avocats, comptables, agences de communication...) qui leur prodigueront . Depuis la rentrée 2012, un service de webcoaching est même disponible.

Le programme " Entrepreneur Soutenu " accompagne aussi bien des entreprises qui ont déjà quelques années que de toutes jeunes pousses. Pour ces dernières, SNCF Développement est partenaire du Camping, un incubateur de start-up installé au coeur de Paris. Là encore, l'accent est mis sur le coaching et la mise en relation. " Les incubateurs sont des lieux privilégiés pour les échanges et les rencontres, et permettent de développer plus facilement l'envie d'entreprendre : les jeunes dirigeants ne sont pas isolés ", souligne Cyril Garnier, directeur général de SNCF Développement.

Vidéo : présentation de SNCF Développement

Une idée à laquelle croit également SFR. Avec SFR Jeunes Talents, le groupe a mis sur pied un programme de soutien d'un an réservé aux start-up. A la clé : du conseil et de la mise en réseau, bref un accompagnement personnalisé. Chez Total, en plus des conseils de spécialistes, l'appui prend la forme de la mise à disposition de matériel de haute technologie ou de moyens techniques auxquels la petite structure n'aurait pas forcément accès. Conseils et équipements, une formule sur laquelle parie aussi le fabricant d'imprimantes Epson. Grâce à la Bourse Epson, une poignée de TPE/PME, préalablement inscrites sur le site du groupe puis tirées au sort, remportent chaque année quatre produits de la marque ainsi que l'intervention d'un coach pour la gestion de leur entreprise.

Enfin, qui dit développement d'un produit, dit aussi commercialisation. " Une PME a besoin de gagner en crédibilité, mais aussi de pouvoir compter sur un solide réseau d'influence et de commercialisation ", rappelle Antoine Fléchais, responsable du département finance d'entreprise chez Provadys, cabinet d'audit et de conseil financier. Là encore, les grands groupes peuvent agir en faveur des PME. C'est le cas de L'Atelier SFR, un programme de bêta testeurs pour les produits à destination du grand public et gratuitement mis à disposition des jeunes entreprises. " Nous soumettons à notre panel de consommateurs des innovations qui nous ont plu, explique Marc Westermann (SFR Développement). Ils nous donnent leur avis, ce qui permet aux entreprises d'obtenir un retour d'expérience à grande échelle."

Vidéo : Témoignages d'entrepreneurs profitant de l'Atelier SFR

Le groupe Intermarché, quant à lui, accentue la visibilité d'une dizaine de PME. Chaque année, le distributeur organise le Grand prix des innovations, où un jury d'experts sélectionne des produits conçus par des petites entreprises et inédits sur le marché. Les innovations retenues sont commercialisées dans les 1800 points de vente de l'enseigne et soumises au vote des clients, directement depuis les linéaires des Mousquetaires. Intermarché ne prend aucune marge sur les produits ainsi sélectionnés et l'intégralité des ventes reviendra aux PME, leur permettant ainsi de financer leur département recherche et développement. Et la PME qui récolte le plus de suffrages remporte une vaste campagne de communication sur TF1.

Unis pour exporter avec le portage à l'international

Proposer un réseau, un hébergement et des services astucieux : les grandes entreprises disposent de moyens d'envergure pour amener une PME à faire ses premiers pas à l'étranger.

C'est l'un des grands chantiers annoncé cet été par Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur : faire en sorte que de plus en plus de grandes entreprises aident les PME à exporter. " Désormais, ce sont les start-up et les entreprises innovantes qui apportent de la valeur ajoutée à un pays. Or, les plus petits ont besoin d'un soutien pour aller à l'international. D'où la participation des plus grandes entreprises à leurs projets d'export ", affirme Antoine Fléchais, responsable du département finance d'entreprise chez Provadys, un cabinet d'audit et de conseil financier.

Grâce à son réseau, la grande entreprise présente sur un pays cible pourra aider sa petite consoeur à intégrer un marché étranger, avec mise en place d'une équipe, prévention des risques, présentation de contacts, etc. C'est ce qu'on appelle le " portage à l'international ". Pour Eric Jourdain, président de la branche internationale de Pacte PME, " la notion de portage a évolué. Il n'est plus seulement question d'hébergement. Désormais, le soutien fonctionne bien si la PME et le grand groupe ont des affinités de métier. "

Il existe trois types de portages :

• D'abord, le portage " abri ", qui ne concerne que l'hébergement d'un VIE (volontaire international en entreprise) ou d'un salarié de la PME.
• Le portage " stratégique " consiste pour le grand groupe à placer une petite entreprise, choisie parmi ses fournisseurs, sur un circuit de distribution connu.
• Enfin, avec le portage " conseil ", la grande entreprise partage son expérience avec la PME pour mieux appréhender les spécificités d'un pays.

Et la ministre Nicole Bricq veut aller plus loin. En août dernier, lors de la XXe Conférence des ambassadeurs, elle a annoncé souhaiter étudier la possibilité d'un portage " ascendant ", en misant sur les grandes entreprises étrangères implantées en France qui, via la filiale française vers la maison mère à l'étranger ou le réseau international, pourraient recommander leurs fournisseurs français. Elle réfléchit aussi à un contrat de génération entre entreprises : un cadre expérimenté d'une grande entreprise mettrait son expertise internationale au service d'une jeune pousse.