Déchets : ne jetez pas les aides à la poubelle !
Diagnostic, étude de faisabilité, subventions pour vos projets d'investissement... Vous l'ignorez peut-être, mais plusieurs aides existent pour accompagner vos actions de prévention et de gestion des déchets. Tour d'horizon.
Je m'abonneDepuis 2001, Patrice Brisset dirige Caubère, fabricant de boîtes en plastique qui compte plus de 4 600 clients en France et à l'international. Comme tout industriel, la gestion des déchets issus de la transformation de ses matières premières représente une préoccupation majeure pour cette entreprise qui a enregistré un CA de 1,2 M€ en 2015. C'est la raison pour laquelle il n'hésite pas longtemps, en 2014, lorsque la CCI de Seine-et-Marne lui propose de réaliser un diagnostic pour améliorer ses modes de fabrication et réduire sa production de déchets. Pendant trois jours, un consultant passe au crible l'ensemble des process de conception de l'entreprise. En ressortent plusieurs recommandations telles que l'achat d'un nouveau moule ne générant aucune chute de production ou la réduction de l'épaisseur de ses boîtes. "J'ai ainsi pu économiser pas moins de 1,3 tonne de déchets plastique sur un an, soit un coût de gestion qui est passé de 2 500 € à 500 € annuels. Ajoutez à cela la suppression de tous les frais internes liés à la revalorisation des rebuts broyés, se réjouit le chef d'entreprise. Cette étude d'impact a été l'occasion de valider l'utilité d'une démarche d'écoconception pour un prix modique, environ 1 000 € dans mon cas."
Coûts cachés
Comme Patrice Brisset, de nombreux dirigeants de PME se font accompagner par des structures publiques et semi-publiques telles que les chambres consulaires, l'Ademe, les collectivités ou encore l'Afnor, afin d'optimiser la prévention et la gestion de leurs déchets. À la clé, l'enjeu n'est pas seulement environnemental, il est surtout économique. Et ce, quel que soit votre secteur d'activité.
l'enjeu n'est pas seulement environnemental, il est surtout économique.
"Le coût d'élimination d'un déchet n'est que la partie émergée de l'iceberg. Au-delà du gaspillage, vous êtes-vous déjà demandé ce que représentent les coûts de manutention ou de stockage de vos déchets, sans compter les économies que vous pourriez réaliser en optimisant vos achats de matières premières en fonction de vos besoins réels ?" interroge Raphaël Guastavi, chef de service adjoint au service mobilisation et valorisation des déchets de l'Ademe. Plusieurs dispositifs ont ainsi été créés pour encourager les entreprises à emprunter cette voie. Reste que, hormis le "Fonds déchets" géré par l'Ademe (environ 200 M€ de subventions par an), aucun plan d'aide ne fédère ces initiatives à l'échelle nationale et que ces accompagnements divergent d'un territoire à l'autre. Un manque de visibilité global d'autant plus renforcé par la diversité des interlocuteurs potentiels et des aides attribuées en fonction du secteur et du type de déchets. Une chance pour vous, ces organismes travaillent généralement de concert sur ces dispositifs, simplifiant ainsi la prise de contact puis le suivi de votre dossier.
Diagnostic
Comme dans le cas de la société Caubère, vous pouvez solliciter ces organismes pour réaliser un diagnostic individuel sur votre production de déchets. L'occasion d'évaluer son coût de gestion réel et la pertinence de la mise en place d'un programme de prévention. "Il s'agit le plus souvent de dresser un état des lieux de la nature et de la quantité de rebuts produits puis d'élaborer un plan d'actions, détaille Brigitte Vallée, chef de projet environnement et développement durable à la CCI Paris Île-de-France. Par ailleurs, nous accompagnons également les entreprises sur la mise en conformité réglementaire assez contraignante du tri et de la collecte de déchets, notamment en matière de traçabilité."
Selon Raphaël Guastavi, "cela peut également être l'occasion d'identifier comment valoriser vos déchets en tant que ressources en les cédant à d'autres entreprises ou en les réemployant, par exemple". Ces diagnostics sont généralement payants (comptez entre 200 € et 1 000 € HT), mais bien moins onéreux que les prestations en vigueur sur le marché. Pour bénéficier de ce soutien technique, vous pouvez aussi intégrer l'un des programmes d'écologie industrielle en régions, qui visent à tester des synergies en matière de gestion des ressources et de recyclage entre plusieurs entreprises et acteurs d'un même écosystème (exemples : mutualisation de la collecte, étude des flux, partage des fonctions logistiques, etc.).
Investissements
Octroyées principalement par les directions régionales de l'Ademe, des aides financières sont également accessibles pour soutenir vos projets d'investissement permettant la diminution ou la valorisation de déchets. L'Ademe peut ainsi financer votre audit à hauteur de 60 à 70 % dans la limite de 50 000 € pour les diagnostics et de 100 000 € pour les études d'accompagnement de projets. "Pour vos investissements financiers, cette prise en charge peut monter à 45 % sur l'achat de technologies de prévention ou d'aide à la réduction des déchets et à 30 % sur un projet de valorisation des déchets, en fonction de la rentabilité du dispositif choisi", complète Raphaël Guastavi (Ademe). Sur le front de sa lutte contre le gaspillage, Patrice Brisset a, lui, redoublé d'efforts. Après ce diagnostic concluant, il a décroché en janvier 2016 la certification ISO 14001 sur le management de l'environnement et vient de signer un contrat avec une société qui le rémunère pour recycler l'ensemble de ses déchets plastiques. Une chose est sûre, le dirigeant ne regrette en rien cette démarche de prévention plus que payante aujourd'hui.