Présidentielle 2017 : quel est l'impact d'une taxe à 3 % sur les importations pour les PME françaises ?
Dans le cadre d'une sortie de l'UE et de l'euro, Marine Le Pen veut taxer les importations de 3 % afin de financer une prime de pouvoir d'achat pour les revenus les plus modestes. Si eux y gagnent, qu'en est-il pour les entreprises françaises ? Éléments de réponse avec l'Institut Montaigne.
Je m'abonne Mettre en place une taxe sur les importations de 3 %. C'est l'un des 144 engagements présidentiels de Marine Le Pen, qui vise à financer une prime de pouvoir d'achat à destination des bas revenus (jusqu'à 1500 euros par mois) et des petites retraites.
Coût de la mesure, calculée par l'Institut Montaigne : 14,8 milliards d'euros, si cette aide - de 80 euros par mois - était versée à 15,5 millions de personnes, dont 10,5 millions de salariés percevant un salaire net mensuel inférieur à 1500 euros par mois, et 5 millions de retraités percevant moins de 1000 euros par mois.
Un chiffrage à prendre toutefois avec précaution. "Ni l'assiette, ni les biens concernés, ni les modalités d'application n'ont été détaillés à ce stade", observe Blanche Leridon, chargée d'études à l'Institut Montaigne. Selon le périmètre retenu, l'Institut estime que la taxe pourrait rapporter entre 8 et 21 milliards d'euros, selon qu'elle serait appliquée aux produits hors UE ou de toute l'UE. Et selon l'impact de cette mesure sur le volume total des importations.
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Mais même si ses contours sont dessinés ultérieurement, le projet apparaît totalement "contradictoire" pour l'Institut Montaigne. "Rétablir des droits de douane aura pour conséquence directe d'amputer le pouvoir d'achat car c'est taxer les produits importés : en voulant augmenter le pouvoir d'achat des plus modestes, Marine Le Pen va finalement pénaliser celui de l'ensemble des ménages français", explique Blanche Leridon. Sans compter l'augmentation des coûts de production pour les entreprises qui importent des matières premières pour fabriquer leurs produits.
Et les PME exportatrices ne sont pas non plus à l'abri. "En cas de rétorsion [si d'autres pays décidaient d'appliquer la même taxe sur les produits français exportés,ndlr], cela aurait un impact macroénonomique négatif sur les entreprises à plus long terme", juge Blanche Leridon. Un impact cependant difficile à chiffrer car dépendant de multiples paramètres.
A cela s'ajoute que la faisabilité de la mesure est incertaine. "La compétence douanière est une compétence exclusive de l'Union européenne et (...) l'instauration d'un tel tarif douanier exigerait de modifier les traités", relate l'Institut.