Export : et si vous misiez sur le V.I.E. ?
De nombreuses PME utilisent ce dispositif très avantageux pour se développer à l'international. Cependant, il reste encore assez méconnu. Mode d'emploi.
Je m'abonneCréé il y a 18 ans, le volontariat international en entreprise (V.I.E) arrive à la majorité mais peine encore à se faire connaître. Instauré par la loi du 14 mars 2000, relative aux volontariats civils, ce programme constitue une belle opportunité de déployer une solution de mobilité internationale pour les PME, afin de développer un marché, un projet, renforcer les équipes d'un partenaire ou une filiale locale.
Il offre la possibilité à une entreprise française de confier une mission professionnelle à l'étranger d'une durée de six à 24 mois, renouvelable une fois, à un homme ou une femme de 18 à 28 ans. Cela peut être un étudiant ou un jeune diplômé en recherche d'emploi, le candidat doit seulement être éligible au programme, c'est-à-dire posséder un casier judiciaire vierge et être de nationalité européenne.
Une solution win-win
10 112 V.I.E se trouvaient en mission en décembre 2017. Soit une augmentation de 5,6 % par rapport à 2016, selon les données de Business France. Ils sont présents dans 129 pays à travers le monde, majoritairement en Europe occidentale (48 %) et en Amérique du Nord (17 %). "Cela permet de créer un emploi pas très cher pour l'entreprise, de s'implanter dans des nouveaux pays ou poursuivre des missions dans d'autres. C'est presque un CDD", affirme Alexis Gaveau, p-dg de Ciel & Terre International qui réalise des centrales solaires photovoltaïques flottantes.
Cette PME de 40 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2017 recourt régulièrement au dispositif depuis 2013 sur des postes d'ingénieurs ou de responsables commerciaux. Elle emploie, à ce jour, six volontaires: un aux États-Unis, trois au Japon, un à Taïwan et un en Malaisie. Le V.I.E peut être très avantageux pour les PME.
De prime abord, c'est un moyen de tester des jeunes talents, souvent bien formés et très motivés à l'idée d'une expérience à l'étranger. "Il s'agit d'une solution win-win. Le jeune acquiert un savoir-faire international et l'entreprise bénéficie de cette expertise", explique Michel Bauza, directeur du V.I.E à Business France, entité chargée d'instruire le programme.
Souvent, les volontaires sont même recrutés avant le terme du V.I.E.: "70 % des jeunes qui réalisent ce type de mission se voient par la suite proposer une promesse d'embauche. 92 % sont en poste, un an après la fin de leur volontariat", poursuit Michel Bauza qui insiste sur l'employabilité des volontaires suite à leur expérience à l'étranger.
Un coût simple et maîtrisé
Par ailleurs, le dispositif est exonéré de charges sociales en France. De ce fait, il n'existe pas de lourdeurs administratives dans la mesure où la gestion du dispositif est déléguée à Business France. L'organisme s'occupe de la gestion administrative et juridique des demandes de V.I.E, tant au niveau des aspects contractuels que de la protection sociale ou encore du versement de l'indemnité au volontaire.
Autre avantage ? Un coût simple et maîtrisé. L'indemnité du volontaire, fixée par la loi, comprend une part fixe et une part variable en fonction du niveau de vie du pays d'affectation. En somme, pas de négociation, contrairement à un contrat de droit commun.
En outre, l'entreprise doit aussi s'acquitter de frais de gestion et de protection sociale. À noter que les PME bénéficient de frais de gestion réduits car il s'agit de la catégorie d'entreprises où Business France pratique la tarification la plus basse.
L'employeur n'a pas non plus à se soucier d'une éventuelle demande de visa de travail, opérée directement par Business France. Soit un gain de temps précieux pour les entrepreneurs, souvent freinés par des démarches longues.
Il existe, aussi, des avantages financiers pour les entreprises. La majorité des Conseils régionaux proposent des subventions aux compagnies désireuses d'engager un V.I.E. De même, Bpifrance propose des aides aux sociétés ouvertes au dispositif : prêt croissance international (de 30 000 à 5 millions d'euros sans garantie) et assurance prospection premiers pas.
Une procédure rapide
Le pilotage opérationnel de la mission et le choix du candidat incombe à l'entreprise. Elle peut déposer son offre de mission sur le portail Civiweb ou sur l'espace mobilité internationale de Pôle Emploi. Si elle a déniché un candidat, elle peut directement se rapprocher de Business France pour réaliser une demande d'agrément.
Cette procédure, rapide, vise à s'assurer que la mission s'effectue dans de bonnes conditions. À savoir que l'employeur propose un réel projet à l'international et des ressources suffisantes pour indemniser le volontaire pendant un an ou deux.
Pour ce faire, il devra communiquer des données de cadrage (effectif, CA, numéro de TVA intracommunautaire, montant et détenteurs du capital social...). Une fois la structure agréée et le candidat clairement identifié, la société doit par la suite procéder à une demande d'affectation du volontaire, via le portail E-VIE. À cette étape du processus, il lui faudra fournir, en dernier lieu, un contrat d'hébergement. Obligation pour instruire un dossier, en bonne et due forme.
La demande d'affectation s'instruit en fonction de deux éléments: le pays concerné et le caractère de la mission. S'ensuivent la signature et un contrat de mise à disposition, entre Business France et l'entreprise, précisant le cadre et la durée du V.I.E. Le volontaire devra, en dernier lieu, participer à la journée d'intégration obligatoire organisée par l'agence gouvernementale. Avant de s'envoler vers une aventure enrichissante, tant d'un point de vue professionnel que personnel.
"La garantie d'avoir accès à un pool de talents"
Lionel Baraban, CEO de Famoco
La société Famoco emploie actuellement cinq V.I.E en Belgique, Inde, Singapour et Chine. Cette PME qui conçoit des terminaux transactionnels sous Android utilise ce dispositif de façon permanente depuis 2010. Lionel Baraban, son CEO, y voit plusieurs raisons : "C'est d'abord la garantie d'avoir accès à un pool de talents qui ont la motivation de partir à l'étranger, avec un état d'esprit qui nous plaît."
Selon le dirigeant de cette société de 85 salariés, le programme permet une procédure très allégée et simple. "On peut même envoyer un V.I.E dans un endroit où nous n'avons pas encore de locaux en recourant à une structure locale de portage salarial?", abonde le chef d'entreprise. Dernier argument avancé ? Le coût. "Cela revient globalement à 30 000 euros par an, ce n'est pas cher ! Même si ce n'est pas le critère numéro un, il est important. Il peut faire basculer la décision en cas d'hésitation", conclut-il.
FAMOCO
Activité: Terminaux transactionnels sous Android
Statut juridique : SAS
Siège social : Paris (XVIe)
Année de création : 2010
Dirigeants : Lionel Baraban, CEO, 50 an s et Nicolas Berbigier, 45 ans, président
Effectif : 85 personnes
CA 2017 NC