Frédéric Mazzella (France Digitale) : " Il faut un made in France du numérique "
Le gouvernement a présenté ce jeudi 3 septembre 2020 son plan de relance de l'économie. Sur les 100 milliards d'euros prévus, 7% seront réservés au secteur du numérique. Une somme qui doit contribuer à la souveraineté tricolore. Explications avec Frédéric Mazzella, co-président de France Digitale.
Je m'abonneQuel est l'importance accordée au numérique dans le plan de relance présenté ce jeudi 3 septembre 2020 ?
Le numérique a été le premier créateur net d'emplois en 2019. De même, 94 % des emplois créés par le secteur sont des CDI. Et durant le confinement, plus de 300 start-up ont publié plus de 3 000 offres d'emplois. Donc si la priorité du plan de relance est donnée à l'emploi, il nous parait logique, chez France Digitale, qu'il y ait aussi une priorité sur le numérique. Sur les 100 milliards d'euros annoncés dans ce plan de relance, 7 milliards sont consacrés au numérique : c'est déjà bien même si on peut toujours espérer plus !
Il y a donc une certaine déception ?
On veut surtout faire passer le message, auprès du grand public en particulier, que le numérique est un véritable réservoir d'emplois. Au regard de cette crise que nous avons tous vécue, le plan de relance a voulu reconnaitre l'efficacité et l'utilité du numérique, qui a connu un essor formidable ces derniers mois à travers notamment l'explosion du e-commerce et des outils connectés.
En parallèle, tout le monde parle de souveraineté de la France, à laquelle la technologie peut conduire. Or, dans le détail des 7 milliards dédiés au numérique, 2,6 sont annoncés comme réservés à des secteurs dits stratégiques : l'intelligence artificielle, le quantique, la cybersécurité, le cloud, la santé, l'éducation. L'Allemagne va elle investir 5 milliards d'euros dans le seul secteur de l'intelligence artificielle... J'ai donc la conviction que, pour nous permettre d'atteindre une certaine souveraineté numérique, on pourrait continuer sur cette lancée pour faire encore plus.
Aujourd'hui, quelles sont les attentes des entreprises numériques françaises ?
Il y a un effort qui serait légitime en termes d'emploi et de souveraineté : faire en sorte que la commande publique se dirige vers des solutions françaises ou européennes. On parle beaucoup de made in France dans la production industrielle, mais il faudrait aussi parler de made in France sur le numérique !
Aux Etats-Unis, sur les 200 plus grands bénéficiaires de la commande publique, près de 90 % sont des entreprises américaines. Il faut s'arranger pour qu'en Europe, on ne soit pas les plus innocents du jeu planétaire. En plus du patriotisme économique, il faudrait qu'il y ait aussi un patriotisme numérique européen.
Si on veut voir émerger des géants du numérique made in Europe, il faut les aider. Il ne suffit pas d'accorder des subventions. Ce qui est le plus utile à une entreprise, ce sont les contrats de clients, qui l'aident à grandir et à affiner son produit. C'est pourquoi, il faut s'arranger pour distribuer ceux des collectivités aux sociétés européennes.
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