IA dans les PME : 4 dirigeants témoignent
Les entreprises doivent se transformer à la faveur des intégrations d'outils. L'humain ne devrait pas être remplacé par la machine, il doit apprendre à travailler avec et différemment. Qu'en pensent les entrepreneurs ?
Je m'abonnePhilippe Bloquet, CEO de PeopleSpheres : « L'IA donne corps à notre concept de plateforme de connectivité »
PeopleSpheres propose une plateforme globale qui relie l'ensemble des logiciels RH au sein d'un seul et même écosystème, les utilisateurs ajoutent ou retirent des outils selon leurs besoins. Cette entreprise de la Tech qui cible les fonctions RH a recours à l'IA sous plusieurs dimensions. « Nous orchestrons les différents outils et notre ambition est de devenir l'Amazon des RH, nous faisons donc appel à l'IA pour intervenir dans la connectivité des outils », explique Philippe Bloquet, le CEO. Actuellement en phase machine learning, PeopleSpheres éduque l'IA pour qu'elle reconnaisse automatiquement les outils et que les connexions s'opèrent plus rapidement. La mise en production devrait intervenir d'ici 2024 ou 2025. PeopleSpheres s'intéresse aussi à la collecte de datas et à l'anonymisation des données, avec deux gros sujets sur la table pour 2024 : le benchmark comparatif et l'analyse croisée des tendances. « Grâce à notre centaine de partenaires, nous acquérons des données sur les usages que nous projetons de restituer à nos clients sous forme de recommandations, pour les aider à choisir tel ou tel outil », poursuit Philippe Bloquet. Enfin, un bot to bot est en projet. « Aujourd'hui, les bots travaillent sur des référentiels intrinsèques, demain nous souhaitons les connecter à d'autres bots de partenaires afin de prolonger l'expérience », indique le dirigeant. Le secteur des RH est particulièrement traversé par l'IA tout au long du cycle de vie du salarié, de son recrutement (sourcing de candidatures) à l'analyse des comportements et la gestion des compétences et des carrières. « Il ne peut pas y avoir une seule réponse logicielle face à la multiplicité des besoins, l'IA nous offre une formidable opportunité de donner corps à notre concept de plateforme de connectivité », conclut Philippe Bloquet.
PeopleSpheres
Plateforme SIRH
Montpellier (Hérault)
Philippe Bloquet, CEO, 60 ans
SAS > Création en 2015 > 100 salariés
CA 2022 NC
Nathan Bonnet, gérant de Polymnia : « L'IA permet de compléter et de digitaliser totalement la formation »
Champion de France de débat et d'éloquence 2018, Nathan Bonnet décide d'instiller de l'IA dans la formation à l'éloquence pendant la crise sanitaire. « Face à la situation complexe liée aux confinements, j'ai pensé qu'il était possible de former aux soft skills de prise de parole en public, sans recourir aux services très onéreux d'un coach », se souvient-il. Le jeune entrepreneur se focalise sur le grand oral du baccalauréat, nouvelle épreuve, et développe l'application Polymnia. « Aujourd'hui, je la vends aux écoles, à des sociétés de conseil et de formations », poursuit-il. L'IA explicative de renforcement mise en oeuvre permet de pointer les biais cognitifs de l'apprenant et de lui faire des recommandations pour s'améliorer. « L'entraînement se déroule en visio live, nous travaillons trois canaux d'analyse : l'intonation de la voix, la gestuelle, et le fonds du discours », détaille Nathan Bonnet. Pour ce dirigeant, l'IA reste « un outil d'aide à la décision, qui permet de compléter la formation et surtout de la digitaliser totalement ». Il y voit plusieurs bénéfices : l'apprenant peut renforcer ses compétences sans crainte d'être jugé par un formateur, la productivité de la session est garantie puisque l'outil est plus rapide que l'homme, etc.
Polymnia
Start-up d'éloquence
Paris IXe
Nathan Bonnet, gérant, 26 ans
SARL › Création en 2018 › 5 collaborateurs
CA 2022 135 000 €
Ralph Ruimy, CEO d'Acheel : « Nous utilisons l'IA pour la détection des fraudes, la déclaration des sinistres »
Dans le secteur de l'assurance, de nombreuses tâches peuvent être automatisées. « Nous avons initialement utilisé l'IA pour la détection des fraudes, puis pour la déclaration des sinistres et pour les souscriptions. Aujourd'hui, l'équipe chargée de la gestion des sinistres est composée de 6 collaborateurs pour environ 400 000 clients, sans l'IA ils seraient plus nombreux », déclare Ralph Ruimy. Acheel fait appel à l'IA pour les garanties habitation et pour l'assurance des animaux. « Nous ne gérons pas la santé en interne », précise le dirigeant. Les outils d'océrisation et le machine learning permettent aux équipes de gagner du temps. « Nous sélectionnons nos clients grâce à l'IA », glisse Ralph Ruimy. Demain, il souhaite en faire un outil de gestion de la relation client : « Les consommateurs ne sont pas tout à fait prêts, ils pensent qu'en mettant en place un bot, nous nous occupons moins d'eux, or c'est faux, grâce à ChatGPT nos réponses gagneront en précision ». Avec l'IA, « les conseillers auront davantage de temps pour répondre aux demandes liées à des sinistres délicats, ils pourront à la fois mieux gérer les dossiers et livrer les réponses plus rapidement », argumente Ralph Ruimy. Pour lui, l'arrivée des IA répond à l'air du temps. « Les consommateurs attendent des réponses immédiates et peu onéreuses, ce qui n'est pas compatible avec d'autres formes organisationnelles, alors que l'IA permet d'automatiser les réponses et de les envoyer en temps réel ».
Acheel
Assurtech
Paris VIIIe
Ralph Ruimy, CEO, 51 ans
SA › Création en 2020 › 75 salariés
CA 2022 NC