[Reportage] Visite de l'usine troyenne de chaussettes made in France, Tismail
Benoît Seguin nous ouvre les portes de Tismail, une société de production de chaussettes dont il est le p-dg. 80% des articles sont fabriqués en France dans l'usine troyenne du groupe. Découverte en images.
Je m'abonneY'a du pied dans la chaussette
En lisant ses mails dans un bureau aux murs bleus profonds et aux décorations osées, l'entrepreneur dépeint un parcours original : "Après mon école de commerce, j'ai fondé Facil'en Fil, une marque de vêtements pour les personnes âgées, en 2005 avec deux amis. En 2010, nous avons été rachetés. À ce moment-là, j'ai rencontré Alain Laumone dans un PMU. Son père (Jean-Marie Laumone), le fondateur, lui avait transmis Tismail. Il souhaitait rajeunir l'entreprise et le projet m'a plu !" Pour quelques centaines de milliers d'euros, l'entrepreneur rachète 40 % de l'entreprise en 2010.
Cinq ans plus tard, il prend la dirigeance de la société et fonde La Chaussette de France. Le but ? Faire rayonner le savoir-faire français avec des produits techniques et spécialisés. Pour le lancement, la marque réalise un partenariat avec le club des sports de Courchevel afin de distribuer ses chaussettes de ski dans des boutiques de la station et équiper le club. Depuis, elle s'est diversifiée et propose des chaussettes pour le running, la randonnée, le skateboard...
Pour faire connaître sa marque, la société multiplie ses interventions sur des évènements spécialisés. "Nous allons surtout sur des rassemblements sportifs qui sont souvent en lien avec nos clients finaux. Nous en faisons une trentaine par an", explique l'entrepreneur.
Ouvrir une boutique sur un coup de tête
La Chaussette de France, c'est aussi de drôles d'anecdotes. "J'ai ouvert la boutique de La Rochelle après avoir perdu un pari avec mon frère le soir de Noël, fin 2020", se souvient le fondateur lorsqu'on le questionne sur le lancement de la marque dans des boutiques en propre. Trois sont à présent ouvertes, à Lyon, Lille et La Rochelle bien sûr. Le modèle réside d'ailleurs dans ce système pluriel. En effet, la marque dessine, fabrique et distribue ses chaussettes. Ce qui lui permet de gérer tous les maillons de la chaîne.
Alors qu'il s'élance dans le long couloir qui mène à "la salle des machines", Benoît Seguin continue de nous conter l'histoire de son entreprise. "Beaucoup de gens sont partis à la retraite ces dernières années. Alors pour faire perdurer ce savoir-faire, nous essayons de former des jeunes à des métiers comme celui de la bonneterie", confie-t-il devant une machine dédiée au repassage des chaussettes avant l'emballage final.
À 80% made in France
Aujourd'hui la marque dédie 20 % de ses revenus à sa stratégie marketing. Et même si La Chaussette de France ne représente que 25 % de l'activité de Tismail, elle envisage rapidement d'atteindre les 40 %. Car Tismail s'axe depuis de nombreuses années sur la production de chaussettes à destination de l'armée, la gendarmerie, la santé, le groupe La Poste et bien d'autres. C'est le socle de l'activité de la PME troyenne.
Pour le dirigeant qui vante le made in France, son prix fait parfois des clients frileux. "Une paire de chaussettes 100 % française coûte trois ou quatre fois plus chère qu'une chaussette fabriquée en Turquie. C'est pour cela que 20 % de notre production y est délocalisée", souligne-t-il. Concernant cette production hors de France, elle concerne en majorité des produits à destination de la grande distribution (Intermarché, Auchan, Système U...).
Des machines techniques
Avec 12 ans d'entreprise au compteur, le p-dg se réjouit du développement de Tismail : "Nous n'avions que 10 modèles il y a 10 ans. Aujourd'hui, nous avons 2 catalogues avec une centaine de pages".
Et pour ce faire, la PME a investi dans des machines italiennes à tricoter des chaussettes, de la marque Lonati. Ces technologies à près de 3 000 euros l'unité permettent à la société de gagner en productivité, même si le bruit du fonctionnement et la chaleur qu'elles dégagent s'invite au rendez-vous. "En 2 ans, nous avons investi 600 000 euros, entre l'humain et le matériel", annonce Benoît Seguin. Se détache alors sur le côté gauche, une rangée de machines bleues flambant neuves, qui détonnent avec les autres... plus rustiques.
500 revendeurs
Tismail est distribué chez 500 revendeurs dans des magasins spécialisés comme Le Vieux Campeur. Mais aussi des enseignes plus grand public comme Décathlon avec qui un partenariat est en discussion en vue des Jeux olympiques à Paris en 2024.
Ayant vendu 2,6 millions de paires de chaussettes en 2021, la société signe cette même année un chiffre d'affaires de 5,3 millions d'euros. "Nous visons d'atteindre entre 6 et 7 millions d'euros d'ici 3 à 5 ans", projette le dirigeant. Quand des usines de chaussettes françaises se retrouvent à l'abandon, comme les Usines Guillet à Auxerre, Tismail semble pour le moment gagner le pari d'une production à majorité tricolore.
Photos et repères
Tismail à l'époque...
Repères
Tismail
Troyes (Aube)
Fondateur : Jean-Marie Laumone (86 ans)
Repreneurs : Alain Laumone (59 ans) et Benoit Seguin (42 ans)
SAS > Création en 1961 > 48 salariés
CA 2021 : 5,3 M€
2,6 millions de paires de chaussettes vendues en 2021
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