Du Muay-thaï à l'entrepreneuriat, Abdoulaye Fadiga boxe dans plusieurs catégories
Nonuple champion de France et quadruple champion du monde de boxe thaïlandaise, cet ancien sportif de haut niveau s'est reconverti dans l'entrepreneuriat. Un sport pouvant inspirer tout dirigeant.
Je m'abonneAbdoulaye Fadiga est un entrepreneur qui ne manque pas de punch. Son palmarès en atteste : il est neuf fois champion de France et quatre fois champion du monde amateur de Muay-thai, nom donné à la boxe thaïlandaise, de 2001 à 2010.
Ce sportif de haut niveau est ensuite passé des rings à l'arène de l'entrepreneuriat, dès 2009, en ouvrant son premier complexe sportif dans le XVIe arrondissement de Paris. S'en est suivie l'ouverture d'une autre salle en 2012, toujours dans les beaux quartiers parisiens.
Avec son expérience dans les deux domaines, l'ancien champion peut dresser un parallèle entre sa discipline et le monde de l'entreprise. À commencer par la recherche de la performance. Dans la boxe thaïlandaise, elle se construit avant tout par un goût prononcé de l'effort : "La boxe est un sport de management avec la gestion de son poids. Il faut être au pic de sa forme au moment du combat. On nous demande aussi une grosse capacité à encaisser et à souffrir", indique-t-il. Abdoulaye Fadiga gère son corps comme un entrepreneur peut le faire avec son business. Avec minutie. Dans le cas d'une échéance importante, il lui faut être présent le jour J, en condition optimale, afin d'être le plus efficace possible.
Prise de risque constante
Par ailleurs, le chef d'entreprise se sert quotidiennement de son vécu d'athlète, dans le domaine de la veille concurrentielle. Il observe ses rivaux en affaires comme il le faisait jadis dans la préparation d'un match : "La stratégie de développement s'apparente à la stratégie de combat. Quand j'avais un adversaire, j'observais comment il boxait, son meilleur coup, ses points faibles, comment le battre ", explique-t-il. Et ce, au moyen d'innombrables séances vidéos, assimilables à une étude de marché.
Autre attitude transférable et observable dans les deux univers, la prise de risque permanente : "La boxe thaïlandaise est une discipline où on fonce, peu importe le risque. On baisse sa garde pour donner un coup, avec la possibilité d'en prendre un", avance Abdoulaye Fadiga avant d'ajouter : "Dans le haut niveau, on est prêt à mourir sur le ring pour la gagne. C'est notre raison d'être."
Compétiteur dans l'âme
Le natif de Paris a dû aussi appréhender l'échec, malgré une série d'invincibilité durant ses 50 premiers combats et 42 victoires par K.O. : "Il faut apprendre à perdre. Quand vous avez trop gagné, vous ne savez pas perdre. L'échec est profitable. Comme un enfant qui apprend à marcher, il apprend à ne plus tomber", dévoile-t-il. D'où l'importance de prendre un recul nécessaire, autre faculté nécessaire à tout manager.
Le quadruple champion du monde de boxe thaïlandaise abonde : "Le business est une compétition. Il faut battre l'autre et il faut être le meilleur. On essaye de l'être chaque jour. Si on perd, on apprend." Avec son mental de compétiteur, l'ancien sportif de haut niveau s'évertue à être respecté et à offrir une bonne image de soi.
Dernière valeur de l'art pugilistique utile pour tout entrepreneur ? L'humilité. "Un chef d'entreprise trop arrogant, ça ne va pas marcher. Les plus grands sont généralement les plus humbles. On a toujours un adversaire meilleur que soi", explique-t-il.
Avant de dresser un ultime parallèle avec son ancienne vie sportive, où il se présentait à chaque combat, accompagné d'un staff technique et médical. Avec un maître mot, penser collectif : "Un entrepreneur est un champion, il doit alimenter tout le monde, il tire la charrue", conclut-il. Un moyen comme un autre de ne jamais rester dans les cordes.
Repères
50 Foch
Activité : centre d'expertise sportif
Dirigeant : Abdoulaye Fadiga, président, 34 ans
Statut juridique : SA
CA 2017 : 3 M€
Nombre de salariés : 20 collaborateurs