ManoMano, la marketplace qui digitalise le secteur du bricolage
Créée en juillet 2012 par Christian Raisson et Philippe de Chanville, la société ManoMano a réussi le pari de digitaliser le secteur du bricolage et du jardinage. Retour sur la création de la start-up et sur sa réussite entrepreneuriale.
Je m'abonneAnciennement appelé MonÉchelle.fr, le site e-commerce de ManoMano a été lancé en juin 2013. Celui-ci enregistrait déjà 1 million d'euros de chiffre d'affaires à son lancement, mais sa progression ne s'est pas arrêtée là. De petit site e-commerce à marketplace incontournable, découvrons l'histoire de ManoMano qui a totalement digitalisé le secteur du bricolage et du jardinage aussi bien pour les particuliers que pour les professionnels.
La digitalisation d'un secteur
Christian Raisson et Philippe de Chanville, à l'origine salariés dans le secteur de la finance, sont deux passionnés de bricolage et de jardinage. Constatant le manque de digitalisation du secteur, ils décident de se lancer ensemble dans la création d'un site e-commerce, au départ avec un marchand unique et généraliste. Ils investissent chacun 20 000 euros dans l'entreprise afin de la développer. Le modèle de vendeur unique ne fonctionnant pas, les deux collaborateurs décident d'élaborer une place de marché où plusieurs revendeurs pourraient proposer leurs produits. L'objectif est de « ringardiser les magasins de bricolage » en imposant le modèle de marketplace. C'est également une aubaine pour les petits revendeurs : proposant à la base leurs produits dans de petits magasins locaux, ils peuvent désormais les proposer sur la place de marché et les expédier dans la France entière.
À l'époque, aucun site e-commerce ne se démarque dans le secteur du bricolage et le modèle de marketplace est peu répandu, peu d'entreprises se sont lancées dans la digitalisation spécialisée de ce secteur. En 2015, MonÉchelle devient ManoMano, pour avoir un nom plus parlant aux yeux des consommateurs qu'ils soient français ou étrangers. Cette année-là, la start-up enregistre un chiffre d'affaires de 32 millions d'euros. Grâce à de nombreuses levées de fonds soutenues par Bpifrance ou encore General Atlantic, la jeune entreprise a pour ambition de se lancer en Europe.
Grâce aux différents tours de table réalisés, ManoMano lance sa marketplace en Belgique en 2014, en Espagne et en Italie en 2015 puis au Royaume-Uni et en Allemagne en 2016. Aujourd'hui, la licorne réalise 40% de son chiffre d'affaires en dehors des frontières françaises.
Un fonctionnement interne unique
ManoMano n'emploie pas uniquement des salariés dans son entreprise : pour leur service client, ils sélectionnent des utilisateurs clients habitués de la plateforme qui s'engagent à répondre par chat textuel aux interrogations des nouveaux visiteurs. Ils sont qualifiés d'experts indépendants, et sont payés un complément de salaire pour ce service. Cela rentre dans la démarche collaborative que la start-up a toujours voulu lancer.
Les nouveaux salariés de ManoMano appelés Manas et Manos, doivent montrer leur passion pour le bricolage : chaque nouvel employé doit monter sa propre chaise de bureau en arrivant dans l'entreprise. Un moment unique qui permet aux nouveaux collaborateurs de montrer leur esprit manuel.
Lire aussi : Philippe de Chanville et Christian Raisson, CEO de ManoMano : "Nous voulons garder l'âme d'une start-up"
ManoMano a instauré une démarche RSE nommée ManoImpact. Pour la planète, l'objectif est d'adopter une démarche plus durable, notamment en diminuant les impacts de livraison en supprimant les suremballages. L'entreprise privilégie également les produits fabriqués en Europe et essaye de réduire son impact carbone pour chaque livraison.
Pour le côté humain, ManoMano a développé Workatom, qui permet aux salariés de faire du télétravail plus facilement. La start-up propose jusqu'à cinq jours de télétravail, et même à certains de ses salariés un télétravail à 100%, pour qu'ils se sentent plus confortables au quotidien. Souhaitant être aux côtés de chaque parent, ManoMano à mis en place des mesures concrètes qui s'appliquent à tous, sans conditions d'ancienneté notamment pour des congés maternité ou des congés payés additionnels dans le cas d'une adoption d'enfant.
La crise de la Covid-19, bénéfique pour la 6ème licorne française
Comme beaucoup de PurePlayers, ManoMano n'a pas eu de difficultés lors de la crise sanitaire, bien au contraire. À la fermeture des magasins physiques, l'entreprise s'est imposée dans le secteur du bricolage et du jardinage grâce à sa digitalisation. Continuant à lever des fonds régulièrement, elle investit dans certaines technologies pour rendre son site web, ses services et son application les plus fonctionnels possibles.
ManoMano a eu une hausse des ventes de 300% par rapport à la période précédant le confinement. Selon une étude de la société menée avec l'institut Harris Interactive, 43% des Français ont déclaré faire plus de jardinage qu'avant. L'entreprise a pu continuer à lever des fonds pendant le confinement, notamment grâce à Eurazeo, General Atlantic, Piton Capital et Bpifrance.
La start-up se lance dans le B2B
ManoMano propose depuis 2019 une plateforme dédiée aux professionnels du bâtiment, ManoManoPro. Elle simplifie les travaux et le quotidien des professionnels en proposant des prix en dessous de la concurrence. Avec un catalogue regroupant les produits pour particuliers et les produits pour professionnels, l'entreprise promet des prix encore plus négociés.
La licorne a mis en place un programme de fidélité pour les professionnels : le Club ManoManoPro. Il présente plusieurs avantages, comme une gestion des factures centralisée ou une application mobile avec des conseillers multi-spécialistes.
ManoMano aujourd'hui
À la suite de cette nette évolution survenue pendant la crise sanitaire, ManoMano est valorisée à 2,6 milliards de dollars. Aujourd'hui, la licorne française enregistre sur sa plateforme pas moins de 4 000 marchands et 16 millions de références. C'est aujourd'hui le 3ème e-commerçant bricolage en France derrière Amazon et Leroy Merlin et fait partie des 6 premières licornes françaises en termes de valorisation, derrière Doctolib, BackMarket, Contentsquare, Qonto et Sorare.
La société compte plus de 1 000 manas et manos et compte doubler ses effectifs d'ici la fin 2022. Avec 35 nationalités différentes au sein de l'entreprise en France et en Espagne, celle-ci compte continuer son développement en Europe.