[Edito] L'engouement pour les start-up ne serait-il qu'un effet de mode ?
Comment expliquer l'engouement des politiques et grands groupes pour les start-up ? Et surtout n'est-il pas voué à s'essouffler ?
Je m'abonneLa France serait donc une Silicon Valley qui s'ignore, l'ensoleillement annuel en moins... La formule plaît, elle flatte, elle encourage, mais est-elle pour autant lucide et réaliste ?
Ce qui est sûr, déjà, c'est que si elle s'ignore encore, ce n'est pas faute de lui répéter. Et de chercher à la convaincre. Pas un jour ne passe en effet sans que l'on vante cet écosystème construit, brique après brique, pour favoriser l'éclosion des jeunes pousses. Pas une semaine où l'on ne se flatte des 3 000 start-up incubées dans la capitale et des 9 000 sur tout le territoire.
Et c'est vrai, nous ne pouvons que nous réjouir d'être le premier pays européen en nombre de start-up financées et le second en termes de montant. Que nous féliciter d'accueillir, dès janvier, à Paris, le plus grand incubateur au monde en la Halle Freyssinet. Qu'être fiers de cet accès d'énergie, de ce sursaut d'audace, de cet élan de créativité.
Mais cet engouement exponentiel pour les start-up ne cacherait-il pas autre chose ? En voulant à tout prix s'en rapprocher, les grands groupes, aussi bien que les politiques, ne cherchent-ils pas seulement un gage de modernité dans leur quête de renouvellement ? Quant aux investisseurs, ne trouvent-ils pas là des rendements bien plus attractifs que les obligations, dont les taux d'intérêt sont négatifs, et plus sûrs que les actions dont le marché est particulièrement volatil ? En bref, peut-on résumer cet attrait à un simple intérêt conjoncturel ou assiste-t-on à un véritable changement de paradigme ?
Ce qui est certain, c'est que pour faire de cette mode une fructueuse lame de fond, encore faut-il penser, d'ores et déjà, à la suite. Et construire ce réseau de capital-risqueurs dont la France manque tant pour faire de ses si prometteuses pépites de véritables licornes.