« Les femmes doivent voir les choses en grand »
Créer de nouveaux « roles models », c'est notamment ce que propose le French Women Entrepreneurs 40 (FWE40), un nouveau palmarès qui promeut l'entrepreneuriat féminin. En plus de fournir formations et réseau, il veille à défendre l'essentiel : mettre ces entrepreneures en lumière. Explications avec Laure-Emmanuelle Filly, Responsable Entrepreneuriat féminin de BNP Paribas et Audrey Tcherkoff, directrice générale du Women's Forum.
Je m'abonnePourquoi ce palmarès ?
Laure-Emmanuelle Filly
Qu'est-ce qui en a donné l'impulsion ?
LEF : Nous avons imaginé le FWE40 chez BNP Paribas dès 2019. Forcément, avec la Covid, les choses ont pris du temps. Nous nous sommes rapprochés du Women's Forum qui a une dimension internationale, l'idée étant de donner le plus d'impact possible à cette initiative. Le Women's forum accueillera d'ailleurs ces femmes sur la scène du Global Meeting fin novembre 2022, dans le but de leur faire bénéficier de toute sa communauté internationale.
Le fait qu'il y ait plusieurs acteurs, cela aide-t-il à accorder plus d'importance au FWE40 ?
LEF : L'idée est en effet d'avoir une coalition. On dit souvent que ce qu'il manque aujourd'hui pour avoir un impact sur le sujet de l'entrepreneuriat féminin, c'est l'association d'acteurs privés et publics. C'est pourquoi s'associent également au FWE40, Bpifrance et différents partenaires comme Be a Boss, EcoVadis et HEC, le palmarès étant placé sous le haut patronage du ministère de l'Economie.
Audrey Tcherkoff
Ce palmarès regroupe aussi bien des start-up, que des PME et des ETI : l'objectif est-il de toucher tout type d'entreprise ?
LEF : Il y a toujours une sous-représentation des femmes au sein du Cac 40. C'est pourquoi il faut mettre en lumière des femmes qui sont entrepreneures de toute taille de société. Elles ne doivent pas rester cantonnées aux petites sociétés. Elles peuvent aussi devenir dirigeantes de belles PME, par exemple, voire d'ETI. Il faut qu'elles voient grand, tout en inspirant d'autres qui pourront elles aussi se lancer et y croire. Il y a un déficit de culture du faire savoir chez les femmes, plus que chez les hommes.
Cependant, l'entrepreneuriat féminin progresse...
LEF : On observe bien une dynamique de la création d'entreprises ces dernières années. Selon les statistiques de l'Insee, l'entrepreneuriat féminin progresse, en effet, mais lentement. On est passé de 30 à 40 % de femmes entrepreneures ces dernières années. Or, elles sont le plus souvent à la tête de petites entreprises. Il faut donc les aider à faire grandir leur entreprise, notamment par le biais du réseau ou des formations. Par exemple, des VC peuvent intervenir pour démystifier les termes d'une levée de fonds. Parfois, il s'agit tout simplement de repartir sur les bases : qu'est-ce qu'une levée de fonds ? Comment la mener ? Comment choisir l'acteur le mieux adapté à son projet ?
De quoi les femmes entrepreneures ont-elles besoin aujourd'hui?
AT : Le plus important encore aujourd'hui, cela reste l'argent. Et pour avoir accès aux financements, il faut avoir accès aux réseaux qui comptent. Dans le monde, il y a 224 millions de femmes entrepreneures. Cela représente 35 % des entreprises de l'économie mondiale. Et pourtant, elles n'ont accès qu'à 1% des financements publics ou privés.
Un écueil qui s'observe encore et toujours en France, aussi...
AT : En France, en 2021, 88 % des montants levées (tous secteurs d'activité confondus) étaient captés par des équipes 100 % masculines. La parité dans les équipes fondatrices ne sera atteinte qu'en 2055. Malgré des avancées significatives, en 2022, aucune des levées de fonds supérieures à 50 millions d'euros ne sont effectuées par des équipes 100 % féminines. Donc, soutenir des Françaises qui ont choisi de se lancer dans l'entrepreneuriat doit devenir une priorité. Les freins endogènes et exogènes persistent : ce plafond de verre reste à briser. Il faut s'assurer que les entrepreneures aient les mêmes accès en termes d'opportunités que les hommes pour développer leur projet. Pas plus : juste la même chose.
Les femmes se lancent-elles dans tous les secteurs ?
LEF : Historiquement, si l'on regarde les études qui ont été faites, par le BCG ou Bpi, il y a des secteurs d'activité qui sont privilégiés, comme le « care ». Souvent, l'ambition des entrepreneures est d'avoir un impact positif sur la société. Il y a une notion d'engagement plus présente chez les femmes que chez les hommes. Toutefois, le dernier baromètre Sista fait état aussi d'une progression dans la tech, avec 24 % des cofondateurs qui présentent soit une équipe mixte, soit une équipe exclusivement féminine. Un taux qui ne s'élevait qu'à 15 % dans les éditions précédentes de ce baromètre.
Le FWE40 aborde-t-il aussi la question des roles models ?
LEF : Une fois que le projecteur est placé sur ces 40 dirigeantes, il faut en effet les faire rayonner encore davantage, en tant que roles models. C'est pour cela que nous allons les accompagner en termes de visibilité. Notre ambition c'est justement de les rendre visibles durant toute cette année. Ces femmes ont envie de partager, il faut leur donner l'opportunité de le faire.
AT : Il faut héroïser ces femmes-là !
Fin des inscriptions le lundi 12 septembre 2022