DossierTransmission: passez le relais en toute sérénité
5 - Préparez l'après
La finalisation de la cession ne vous libère pas toujours de vos obligations envers le repreneur. Une période de suivi est souvent prévue durant laquelle vous devez communiquer autour de votre cession. Une mission délicate qui ne s'improvise pas.
"Après la cession de mon entreprise, en 2013, j'ai été salarié de la société pendant dix mois, le temps que mon repreneur trouve un directeur général pour l'épauler ", raconte Michel Morichon, ancien dirigeant de Must Informatique, éditeur de progiciels à Limoges.
Gracieux ou rémunéré, prestation de service ou salariat, sur quelques semaines ou plusieurs mois... Quelle que soit sa forme, l'accompagnement du repreneur est une étape presque indispensable de la transmission d'entreprise.
Selon Laurent Bénoudiz, expert-comptable cofondateur des Journées de la transmission d'entreprises, " il n'existe pas de durée idéale. Attention, le repreneur doit pouvoir rapidement prendre ses marques en tant que nouveau patron ".
Vis-à-vis de vos salariés, et au-delà des obligations légales (information préalable des salariés, consultation du comité d'entreprise, interdiction de licencier avant la cession...), " il est essentiel de bien préparer votre communication écrite et orale ", recommande Maître Stéphane Volfinger, avocat et consultant-formateur en droit du travail auprès de l'organisme de formation Demos.
Documents et chiffres à l'appui, exposez à vos collaborateurs le projet de cession et vos motivations. Présentez-leur le repreneur et ses ambitions pour la suite. Et surtout, veillez à diffuser exactement les mêmes éléments aux représentants du personnel et aux autres salariés, sous peine d'être poursuivi pour délit d'entrave, avec des sanctions pénales à la clé.
Associer vos managers pour qu'ils participent dès le début au processus de transition et qu'ils adhèrent à la nouvelle stratégie est également indispensable.
Passez vos contrats au crible
Pensez par ailleurs à introduire votre repreneur auprès de vos clients et de vos partenaires stratégiques.
" Si, la plupart du temps, vous n'avez pas d'obligations légales vis-à-vis d'eux, vous êtes généralement soumis à des engagements contractuels liés à la modification de l'actionnariat (clauses de changement de contrôle) ", souligne Jérôme Patenotte, associé du cabinet d'avocat Wragge Lawrence Graham & Co.
Certaines clauses peuvent prévoir la possibilité pour un client de rompre le contrat, voire d'obtenir des indemnités. " Souvent, cela ne va pas jusque-là, mais débouche sur une renégociation des termes économiques du contrat ", nuance l'avocat.
Votre banque est aussi susceptible de vous réclamer le remboursement immédiat des sommes dues en cas d'emprunt bancaire. Passez en revue vos contrats et rencontrez un à un vos partenaires pour qu'ils suivent votre repreneur.
Faites le point sur votre situation personnelle. " En ce qui concerne votre organisation patrimoniale postcession, il est possible que ce que vous aviez envisagé au début soit finalement différent. Étant donné l'instabilité fiscale de notre pays, vous n'êtes pas à l'abri de surprises ", avertit Dominique Jacquet, expert-comptable membre du réseau Fiducial.
Synonyme de nouveau train de vie, votre départ peut s'avérer douloureux et brutal. N'hésitez pas à vous entourer. Beaucoup d'anciens dirigeants s'investissent notamment dans des réseaux et associations d'entrepreneurs. Une manière de tourner la page sans fermer complètement le livre de l'entreprenariat.
Ce qu'il faut retenir:
- Préparez bien votre communication auprès de vos salariés, clients et partenaires afin qu'ils adhèrent au projet de votre repreneur.
- Faites le point sur votre situation patrimoniale au moment de la cession.