Juin : Les Dupés, des "dirigeants ulcérés" qui font entendre leur voix
Quelques mois après la révolte des Pigeons qui avaient fait reculer le gouvernement, est né le mouvement des "Dirigeants ulcérés par la politique économique et sociale" (Dupés). Avec pour originalité de représenter les PME familiales de la vieille économie industrielle, d'habitude si discrètes.
Je m'abonneIls sont moins branchés que les pigeons, moins attendrissants que les poussins, mais tout aussi en colère...Les Dupés sont même " ulcérés par la politique économique et sociale " (d'où l'acronyme) et veulent crier leur ras-le-bol contre la lourdeur du code du travail et le poids des charges sociales sur les salaires.
Qui sont-ils ?
Ces trublions ne sont ni de jeunes créateurs de start-up rompus à la création des buzz sur les réseaux sociaux, ni des entrepreneurs parisiens accoutumés à courir les plateaux télés ou à mener des actions de lobbying auprès des politiques. Le mouvement a été initié par des dirigeants de PME familiales de l'industrie textile du bassin stéphanois, puis s'est élargi à quelque 2 500 dirigeants d'entreprises de tous bords signataires de leur manifeste.
"Nous ne défendons pas une corporation d'entrepreneurs et ne réagissons pas à une mesure particulière de l'actualité. Notre mouvement est plus large et remet en cause l'ensemble des politiques menées ces trois dernières décennies qui ont conduit au triplement du poids du code du travail et à l'accroissement des charges sociales qui pèsent sur les salaires", témoigne Dominique Jabouley, porte-parole du mouvement et dirigeant de l'entreprise éponyme, leader européen dans les biais et les agrafes de soutien-gorge.
"Putain, faut que j'embauche!"
Mais pourquoi réagir aujourd'hui à une politique menée depuis trente ans ? " Parce qu'on a cru au choc de simplification promis par François Hollande et, qu'à la place, on nous a concocté une usine à gaz encore plus kafkaïenne que d'habitude avec le Cice ", tonne Dominique Jabouley, qui confie, sur le ton de la confidence, que le déclic s'est produit le jour où il a entendu un chef d'entreprise content d'avoir réussi à remplir son carnet de commandes, mais accablé par un dommage collatéral : " Putain, il faut que j'embauche ! "... Le dirigeant stéphanois, élevé dans les valeurs humanistes d'un certain patronat industriel, s'est alors résolu à sortir du silence et à fédérer d'autres " dirigeants du terrain ", comme lui ulcérés, pour titrer la sonnette d'alarme.
Redistribuer les charges en salaire net
Concrètement, les Dupés défendent trois revendications majeures :
- Diviser le Code du Travail par deux et, en attendant, un arrêt de toute négociation, tant que le Code du Travail n'est pas refondu et allégé, avec le souci du respect des droits essentiels des salariés, sans paralyser les entreprises.
- Remplacer le Cice par une réduction des charges Urssaf des salariés et des entreprises au profit d'une hausse de la TVA à 23 %.
- Augmenter de 20 % la part nette des salaires en réduisant les cotisations sociales pour ne mutualiser que les risques les plus lourds : hospitalisation, retraite, chômage sous condition.
Des revendications qui sont déjà portées en substance par le Medef et la CGPME mais qui se retrouvent édulcorées et reportées dans le jeu des rapports de forces et des négociations politiques. Les Dupés voudraient leur donner un nouvel élan et un pouvoir corrosif avec la promesse de se retirer du débat public dès qu'elles seront défendues de manière satisfaisante.