Stanislas Gruau (Explora Project ) : "Le business du voyage est un secteur très difficile à pénétrer"
Entrepreneur, sportif de haut niveau, papa de deux petites filles... à 36 ans, Stanislas Gruau intervenait samedi 28 en tant que speaker aux côtés d'Anthony Bourdbon et d'Idriss Aberkane au Game Changer organisé par Phoenix Conseil & Formation. Portrait d'un homme aligné entre ses idées et ses valeurs.
Je m'abonneVous êtes à la tête d'Explora Project, pouvez-vous nous en dire davantage ?
Explora Project est une agence de voyages responsable avec la promesse d'un impact carbone limité en supprimant radicalement les longs courriers de nos offres. Nous sommes devenus la première agence française à mission, alignée à la loi Pacte. Nous l'avons même ajouté à nos statuts et l'avons fait voter par nos actionnaires.
Explora Project ce sont avant tout des valeurs fortes que l'on incarne d'abord en soi avec le souhait de les faire rayonner auprès d'une communauté demandeuse et de plus en plus grandissante.
Comment votre passé de sportif d'athlète a-t-il inspiré votre projet ?
Durant des années, j'ai eu la chance de parcourir des territoires magnifiques et de vivre des expériences exceptionnelles. Je suis surtout passionné d'ultra endurance. Ma plus belle fierté est d'avoir récupéré le record Lille-Nice qui était détenu par un britannique. Aux termes de mes compétitions diverses, j'ai voulu permettre aux femmes et aux hommes ordinaires de vivre également des expériences extraordinaires.
Vous avez imaginé et lancé cette activité en pleine crise sanitaire et paralysie planétaire, comment ont réagi les investisseurs ?
Beaucoup n'ont pas compris la démarche. Le secteur était effectivement au plus mal. D'autres, au contraire, ont pleinement compris la carence à laquelle nous nous attaquions. Avec mon associée Alix Gauthier, nous avons très vite compris que nous ne voyagerons plus comme avant. Nous avions intérêt à développer des voyages qui répondent aux nouveaux enjeux écologiques qui nous attendent. Le consommateur est demandeur d'authenticité et de cohérence. Xavier Niel a été de ceux qui nous ont fait confiance en regardant au-delà de la situation que nous vivions.
Vous avez levé 6 millions d'euros, pourquoi autant et à quoi ont servi les fonds ?
Le business du voyage est un secteur très difficile à pénétrer. Les acteurs du marché sont des mastodontes qu'il est objectivement très difficile de concurrencer avec de petits moyens. Pour espérer avoir une chance, il fallait frapper fort et vite. Nous avons opté pour une démarche offensive et cela nous a pas mal réussis. Nous avons aujourd'hui des centaines de guides et un quart de nos clients sont revenus consommer de l'expérience chez Explora Porject. C'est un indicateur très éloquent.
Rien ne vous prédestinait à devenir entrepreneur, et pourtant...
Effectivement dès la vingtaine ma carrière semblait déjà dessinée et bien engagée. J'oeuvrais en tant que trader dans les salles de marchés de Genève. À 26 ans j'avais déjà une grande responsabilité comme les produits agricoles de la planète. J'ai gagné beaucoup d'argent mais aussi devenu très radical dans mes opinions. Mes proches ne me reconnaissaient plus. J'étais de plus en plus loin de mes émotions. A la naissance de première fille j'ai eu envie de changer de vie et de lui transmettre des valeurs plus saines. Cela a eu pour mérite de me rapprocher de moi-même, de m'aligner à qui j'étais vraiment.
Comment voyez-vous la mutation du métier de trader dans le monde de demain ?
Il y a deux classes de traders. Le trading classique est de plus en plus remplacé par les machines. L'intelligence de marché sera dirigée par une poignée d'analystes. C'est une bonne chose car c'était selon moi la partie la plus excessive du métier. Pour la deuxième branche du trading, le métier a vocation à perdurer car le secteur aura toujours besoin d'humains pour gérer la stratégie, la négociation et dénouer les aléas types douanes, transports, etc.
Que vous inspirent les rendez-vous tels que le GAME CHANGER dans lequel vous êtes intervenu en tant que speaker aujourd'hui ?
C'est le genre d'événement où j'essaie de transmettre de l'énergie. C'est très important pour avancer. Les premières barrières que l'on se fixe sont souvent mentales. Il est important de les dépasser et de garder la foi.