Avec chatGPT, le marché de l'emploi doit-il se préparer à une nouvelle révolution ?
Les luddistes (c'était leur nom) sont devenus un problème qui est aujourd'hui étudié dans les livres d'histoires. Dans notre ère de transition où les révolutions technologiques se succèdent aux révolutions technologiques, faut-il craindre un mouvement néo-luddiste ?
Je m'abonnePendant la première révolution industrielle, l'Angleterre a connu un mouvement ouvrier contestataire qui sabotait les dernières machines qui effectuaient le travail de plusieurs employés et de facto supprimaient leur travail. La dernière révolution numérique est récente et continue d'avancer à mesure que l'IA se perfectionne. Si les premiers emplois menacés concernaient les métiers pénibles et répétitifs en usine, l'arrivée en novembre dernier de Chat GPT a rebattu les cartes.
Un marché de l'emploi en adaptation
Une récente étude a fait l'inventaire de ces changements. Parmi les résultats des experts, outre un espoir très marqué de gain de productivité, une tendance très nette dans les prévisions implique des suppressions d'emplois avec un pic dans la tech à 26,15 % attendu par les employeurs.
Les salariés sont eux pessimistes, comme souvent dans les temps de changements. Un quart s'attend à voir son emploi supprimé. Cette inquiétude touche en particulier les milléniaux qui sont 2,4 fois plus inquiets que le reste de la population. Pourtant cette crainte de voir son savoir-faire devenir obsolète n'est pas nouvelle. Et comme toutes les révolutions technologiques, le marché de l'emploi va devoir s'ajuster.
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Les robots, une peur ancienne toujours plus actuelle
Et depuis des années, cette inquiétude est grande dans l'industrie sur la place des robots. Après tout, le développement de l'IA modifie l'usage des robots. Jusque-là condamné à une tâche répétitive, algorithmique, fixe, leur usage dans l'industrie se voulait comme une nécessité compétitive.
Toutefois, la logique dans cet usage est celle d'une collaboration, les robots n'ont pas pour but de remplacer les humains, mais de les assister dans le travail. La perspective de robots assistant les personnes dans les hôpitaux et les établissements de soins, mais également à leur domicile ou dans leurs déplacements quotidiens, pourrait être poussée encore plus loin. C'est les cobots ou robots collaboratifs qui constituent un premier pas pour cette osmose homme-machine. C'est cependant une technologie qui est beaucoup plus exigeante dans ses prérequis avec une multitude de capteurs. Cette exigence et l'imprévisibilité des actions humaines ont jusque-là brimé la démocratisation des robots en dehors d'un environnement industriel.
L'ambition de l'industrie robotique est là, répondre par l'IA à cet appel d'air, et les technologies pour augmenter l'indépendance des robots et de facto leur champ des possibles ne manque pas. Le deep learning est l'une des pistes les plus connues, auquel s'ajoute le machine learning. Ces possibilités exemptent la programmation d'une liste exhaustive de scénario mais permettent une adaptabilité et une flexibilité de plus en plus demandée.
Les robots les plus intelligents, dotés de l'IA, peuvent ainsi élargir le spectre de leurs compétences. Ils font preuve d'une plus grande autonomie, et offrent une meilleure qualité, ainsi qu'une fiabilité et une rapidité supérieure, et sont mieux adaptés à la collaboration avec les humains. Cela les rend économiquement viables, même dans des applications plus petites. Même si leur adoption et leur utilisation sont encore relativement récentes, ces robots ont tendance à se multiplier au sein des secteurs et il semble impossible de les éviter
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Oui, le monde du travail va changer.
Mais, ne nous leurrons pas, les études récentes annoncent qu'un seul nouveau robot introduit sur le marché du travail pour 1 000 travailleurs réduit l'emploi de l'ordre de 0,18 à 0,34 %. Les premières victimes sont avant tout les travailleurs peu ou moyennement qualifiés.
Pour autant, cette transformation du paysage du travail qui, de Chat GPT aux robots, change les méthodes de production et modifie durablement la place des employeurs dans l'entreprise, il est peut-être temps d'y voir une opportunité. Le rapport du MIT rappelle que des plans par les employeurs pour inviter leurs employés non qualifiés à se former permettraient au final à chacun de gagner au change.