DossierGestion et développement d'une entreprise
6 - Gestion de crise
Que faire quand tous les indicateurs financiers sont au rouge ? Emprunter, investir, se réorganiser, se repositionner, se regrouper, etc. Selon l’urgence et la gravité de la situation, il faut avoir le bon réflexe pour éviter le pire.
De l'argent frais pour les PME
Outre la qualité de vos relations avec les banquiers, vous pouvez compter sur un gros coup de pouce de la Banque européenne d'investissement (BEI). Celle-ci va débloquer 30 milliards d'euros de prêts pour le financement des PME sur quatre ans, dont la moitié pour 2008 et 2009. Cette somme représente, en moyenne, une hausse de 50% du montant des prêts accordés en 2007. De quoi soulager quelque peu les dirigeants inquiets. Les entreprises innovantes peuvent aussi frapper à la porte du «pompier» Oséo. Cet établissement public a pour mission de les financer et les accompagner, en partenariat avec les banques et organismes de capital-Investissement. «Oséo complète les défaillances du marché, estime son pdg, François Drouin. Nous pouvons aider les PME car nous garantissons les financements bancaires»...
Prendre un risque
En période difficile, certaines entreprises n'hésitent pas à investir pour contrer la crise. C'est le pari de SkyRecon, un éditeur de solutions de sécurité intelligente du poste de travail. Concurrente de multinationales sur le marché des logiciels, la PME innovante de 40 salariés a levé 5 millions d'euros en 2007 pour chercher la croissance sur les marchés anglais et américain. Habituellement, une entreprise attend d'avoir une forte position sur son marché domestique avant d'aller à l'export, le ticket d'entrée étant élevé. «Contrairement aux entreprises françaises réticentes devant l'innovation, les sociétés anglo-saxonnes sont adeptes de nouveautés et le cycle de vente est beaucoup plus court, explique Ravy Truchot, président du directoire. Cette prise de risque s'avère gagnante aujourd'hui.» Face à la crise des «subprimes» et à la coupe des budgets informatiques des banques, leurs principales cibles au départ, SkyRecon s'est rapidement réorientée vers des produits dédiés à d'autres secteurs. «Même si les entreprises font face à des difficultés, la sécurité des systèmes d'information reste prioritaire pour elles», assure le dirigeant. En avance d'un an par rapport à ses grands concurrents, SkyRecon est récompensée de ses efforts en recherche et développement...
Gérer sa trésorerie avec rigueur
S'autofinancer, avec une bonne gestion de son besoin en fonds de roulement, c'est le credo de Sandra Le Grand, p-dg de CanalCE, prestataire de services auprès des comités d'entreprise sur Internet. «Depuis que la banque a réduit de moitié notre autorisation de découvert, j'essaie de faire payer les clients plus rapidement et de régler plus tard les fournisseurs», explique-t-elle. Sa société ne connaît pas la crise, avec 40% d'abonnements supplémentaires en 2007. Il est donc possible de s'adresser aux entreprises, aux consommateurs nationaux et de réussir... CanalCE repère les tendances de société et propose des produits adéquats...
Surfer sur les tendances
Autre thème au goût du jour: l'écologie. Une PME de transport s'en est emparée pour se diversifier dans le recyclage du polystyrène. Face à la hausse des cours du pétrole, Transmat-Berg avait d'abord fait la chasse aux gaspillages pour survivre: obligation pour les chauffeurs de respecter strictement les limitations de vitesse, utilisation d'additifs dans le carburant, suppression des retours à vide et de certains trafics locaux moins rentables, diminution du parc de camions, remplacement des plus anciens par de nouveaux modèles moins gourmands... Ces solutions se révélant insuffisantes sur le long terme, son gérant, Michel Berg, a monté Lorraine Polystyrène avec une société de traitement de déchets, Barisien...
Réorganiser son entreprise
Parfois, un remaniement des méthodes de travail de ses équipes suffit. Fabricante d'espadrilles, la société Tauzin Père et Fils illustre cette capacité d'adaptation des PME dans un contexte de crise. Pour survivre à la concurrence asiatique, elle a mis en place un système d'échange de données informatisées avec ses clients. «Ainsi, nous pouvons travailler en flux tendus, indique son gérant, Francis Tauzin. Lorsqu'il leur manque quelques paires, un message codé nous est envoyé et nous assurons le réassort sous huit jours. Les produits fabriqués au Bangladesh ou en Chine ne peuvent pas être livrés dans un délai aussi court.» Cette réactivité lui permet de continuer à fournir des grandes surfaces, alors que ses espadrilles françaises, de qualité supérieure, sont vendues au double du prix des fabricants asiatiques. «Je n'ai jamais délocalisé, mais j'y ai songé», avoue le dirigeant, attaché à son Pays basque et surtout à Mauléon, la capitale de l'espadrille. Il reste seulement quatre manufacturiers en France. Afin de ne pas perdre de chiffre d'affaires, Francis Tauzin s'est également recentré sur un produit basique, sans fantaisie...
Monter en gamme
Pour survivre à la concurrence asiatique dans le secteur du textile, Les Ateliers Gauthier, fabricant de chemises et façonnier, ont opté pour une solution différente. La société s'est positionnée sur le haut de gamme puis, il y a cinq ans, sur le luxe. Son dirigeant, Michel de Saint-Jean, a vu les entreprises de textile disparaître les unes après les autres. Grâce à sa montée en gamme, il a résisté, en diminuant tout de même de moitié ses effectifs depuis dix ans...
Se regrouper
Les PME de services qui dépendent uniquement du marché local peuvent, quant à elles, grossir pour avoir les reins plus solides. Les crises sont souvent l'occasion de restructurations. Services Network Gestion (SNG), revendeur de logiciels de gestion Sage, a décidé d'innover en gardant les avantages d'une structure plus grande sans son inconvénient, la perte de contrôle. La société a rejoint, début 2007, deux entreprises aux métiers complémentaires pour former un groupe virtuel de 21 personnes, sans lien juridique. «Nous communiquons auprès des clients avec un nom et un logo similaires; seule la couleur change, détaille le gérant de SNG, Paul Mekhelian. En échangeant nos contacts avec Services Network Administration (SNA) et Services Network Security (SNS), nous accélérons notre croissance. Un prospect l'est pour les trois sociétés.» Identité marketing unique, travail en synergie, mais aussi mutualisation des coûts...
Souvent méconnu des petites entreprises, le recours au mandat ad hoc offre pourtant de multiples avantages aux sociétés en difficulté bénéficiant d'une souplesse de fonctionnement et de confidentialité, il affiche un taux de réussite entre 60 et 70% :
- Quand recourir au mandat ad hoc ?
- Comment enclencher la procédure ?
- Quel est son fonctionnement ?
- Quel est son déroulement ?
- Combien ça coûte ?
Alors que la culture anglo-saxonne considère l'échec comme une opportunité de réussite future, en France, il est difficile de se relever après un dépôt de bilan. Témoignages de patrons qui ont connu la pire des tourmentes.
Le mandat ad hoc, à enclencher dès les premiers signes d'alerte
Le mandat ad hoc est la toute première procédure préventive des défaillances d'entreprise. Il faut donc y recourir dès l'apparition des difficultés, avant qu'il ne soit trop tard. Vous recevez des appels de plus en plus pressants de votre banquier et de vos fournisseurs et n'avez plus de nouvelles de votre plus gros client, qui tarde à régler sa créance? C'est peut-être le moment de vous poser cette question: est-ce une crise passagère ou les signes avant-coureurs d'une dégradation durable de votre activité?
La sauvegarde, quand le passif devient trop lourd
Nouvelle procédure judiciaire, la sauvegarde est ouverte aux entreprises au bord de la cessation de paiement. Vos difficultés sont telles qu'elles nécessitent une restructuration de fond en comble de votre société, voire l'arrêt d'une ou de plusieurs activités? La procédure de sauvegarde est faite pour vous, à condition que vous agissiez avant la cessation de paiement...
La conciliation, pour endiguer la crise
La conciliation est une procédure entrée en vigueur il y a trois ans pour remplacer le système de règlement à l'amiable. Vous pouvez y recourir pour sortir d'une cessation de paiement... A condition que celle-ci n'ait pas dépassé 45 jours. Votre trésorerie est à la dérive, vous venez d'entrer en cessation de paiement, mais avez encore assez de ressources pour vous en sortir... Pour peu qu'on vous y aide un peu. La conciliation est une solution qui vous permet d'éviter le pire: le dépôt de bilan. Cette procédure, instituée par la loi de sauvegarde des entreprises du 26 juillet 2005, remplace l'ancien système de règlement amiable avec les créanciers. Elle peut être mise en place dès les premières difficultés et ce, même si l'entreprise est en état de cessation de paiement (en tout cas depuis moins de 45 jours)...
Le redressement judiciaire, la procédure de la dernière chance
Après le dépôt de bilan, il vous reste encore un petit espoir de sauver votre entreprise: le redressement judiciaire. Le taux de réussite est faible, mais pas nul. Si vous n'avez pas pris les dispositions suffisantes pour remédier à vos difficultés ou si les mesures de prévention ou de règlement amiable se sont révélées inopérantes, vous avez l'obligation de demander au tribunal de commerce, dans les 45 jours suivant la cessation de paiement, le redressement judiciaire. A défaut, vous risquez d'être condamné à combler le passif social sur votre patrimoine privé. Légalement, l'ouverture de la procédure de redressement peut aussi être réclamée par un créancier impayé. Lorsque le tribunal constate l'état de cessation de paiement, il doit prononcer l'ouverture de la procédure de redressement ou de liquidation...
->Autre référence :