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DossierGestion et développement d'une entreprise

Publié par Christophe Moëc le

2 - Déchiffrez vos comptes

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Votre entreprise est-elle saine ? Pour vous en assurer et prendre les bonnes décisions stratégiques, il est indispensable de savoir interpréter le bilan et le compte de résultat, et de connaître le capital immatériel de votre entreprise.


Nul besoin de comprendre les mécanismes de la comptabilité pour appréhender la santé financière de l'entreprise. Il suffit de savoir lire les rapports qui reprennent de manière agrégée les montants des comptes comptables à une date précise pour une période déterminée. […]

Les états financiers les plus courants sont le bilan et le compte de résultat. Il existe également trois autres documents, qui ne sont pas systématiquement fournis, mais qui s'avèrent utiles: le tableau de financement, l'annexe comptable et les soldes intermédiaires de gestion. Le premier fournit notamment la réponse à la question «comment et pourquoi la trésorerie a-t-elle évolué?» L'annexe comptable fait partie intégrante des comptes et donne de nombreux détails. Mais ceux-ci sont masqués par l'usage d'un jargon réservé aux seuls spécialistes. Enfin, les soldes intermédiaires de gestion permettent de bien comprendre ou d'interpréter un certain nombre de caractéristiques du fonctionnement de l'entreprise. A noter: les comptes sont systématiquement présentés sur une période de deux années d'activité, ce qui se révèle très utile pour comprendre l'évolution de la société.

Tableaux de bord : choisissez des indicateurs pertinents

Pas besoin d'un tableau de bord d'Airbus A380 pour piloter votre entreprise. Il suffit d'un tableur Excel et de quelques indicateurs triés sur le volet.

Les indicateurs commerciaux, pour évaluer votre activité

Premier indicateur incontournable: le chiffre d'affaires bien sûr! Vous pouvez le triturer dans tous les sens, le décortiquer en mille et un ratios, en faire la base d'une multitude d'autres indicateurs. Le CA vous en dit long sur votre activité, vous permet de vous comparer à vos concurrents et de vous situer par rapport aux normes de votre secteur. Afin d'affiner votre politique commerciale et marketing, vous pouvez avoir intérêt à analyser vos facturations par segment de clientèle, par ligne de produits ou par zone géographique. Tout dépend de vos priorités...

Les indicateurs financiers, à surveiller de près

Vous venez de décrocher de gros contrats et votre activité se développe à vitesse grand V? Cela peut vous mener droit à la cessation de paiements, si les liquidités ne suivent pas pour alimenter la période d'inertie avant l'encaissement. Gardez donc les yeux rivés sur votre niveau de trésorerie et recoupez-le régulièrement avec votre besoin en fonds de roulement. «Il est intéressant de compléter le suivi de la trésorerie par V analyse des conditions de paiement et le suivi des créances», estime Bernard Lebelle (Infineo). Votre système comptable est une source inépuisable d'indicateurs pertinents. Vous avez donc intérêt à adopter une cadence trimestrielle pour l'analyse fine de la rentabilité de votre entreprise. C'est un bon rythme pour surveiller votre marge brute, votre valeur ajoutée, votre résultat d'exploitation, votre résultat net et votre capacité d'autofinancement. Enfin, si vous avez contracté des emprunts, vous avez intérêt à contrôler régulièrement votre niveau d'endettement et à le comparer à vos fonds propres…

Les indicateurs de productivité, mesure de votre performance

Tous vos «clignotants» sont au vert, mais vous voulez faire mieux? Les critères de productivité vous permettent de mesurer l'efficacité de votre organisation et de comparer vos performances à celles de vos concurrents, en recoupant les données de leur compte d'exploitation et celles fournies par la presse, les organismes professionnels, les clients communs... Quels indicateurs suivre? Tout dépend des caractéristiques de votre entreprise. Vous pouvez, par exemple, choisir de mesurer la production horaire moyenne, pour vous assurer qu'elle s'accroît avec le temps, ou vous intéresser au prix de revient d'une heure de production, qui fournit une indication claire de sous-activité ou de suractivité…

Les indicateurs « humains », pour ajuster votre politique RH

Fait-il bon travailler dans votre entreprise? Certains indicateurs peuvent vous renseigner. Au-delà du simple aspect quantitatif (le turnover indique le pourcentage de salariés qui quittent l'entreprise chaque année), que vous avez certainement en tête quand vous dirigez une société à taille humaine, le tableau de bord peut vous permettre d'ajuster votre politique de gestion des ressources humaines. «Tous les départs ne se valent pas, relève Bernard Lebelle (Infineo). Si vous associez la notion d'expertise à chaque profil, vous pourrez évaluer la perte réelle provoquée par une démission ou un licenciement et les actions déformation que vous devrez enclencher pour y remédier.» En ce qui concerne la formation, vous pouvez suivre le cumul des heures de Dif (Droit individuel à la formation) par salarié et planifier à l'avance les stages selon les desiderata de vos collaborateurs et les besoins de votre entreprise. Sinon, vous risqueriez de vous retrouver avec le quart de vos effectifs en formation en même temps…


La comptabilité analytique vous permet d'analyser, activité par activité, la rentabilité de votre entreprise, et de prendre les décisions appropriées. Pourtant, peu de PME l'ont mise en place, faute de bien la maîtriser.

Sans comptabilité analytique, l'entreprise se prive d'un outil de gestion redoutablement efficace», considère Didier Leclère, professeur en comptabilité et contrôle de gestion à l'Institut des techniques économiques et comptables? (Intec). La comptabilité analytique présente, en effet, de nombreux atouts pour un patron. «Elle permet de détecter les zones de performance, par activité ou par produit», illustre Didier Leclère. Par exemple, d ans le cas d'une société spécialisée dans le textile, la comptabilité générale renseigne sur le chiffre d'affaires et la marge? globale, alors que la comptabilité analytique fournit des informations sur la marge réalisée par modèle. Grâce à ces données, la direction pourra décider, ou non, de stopper les produits non rentables ou de revoir les processus de production de ceux dont la marge s'érode...



  • Les limites des règles comptables
  • La majorité des tableaux de bord «financiers» s'articule autour du compte de résultat de l'entreprise. On y retrouve de nombreux ratios basés sur la rentabilité ou l'accroissement des ventes. C'est parfaitement logique puisqu'une entreprise est généralement jugée sur ses résultats. Mais est-ce suffisant? Les règles comptables ont, en effet, leurs limites. Elles interdisent, par exemple, de constater à l'actif du bilan certaines dépenses. Ainsi, de nombreux investissements dégradent le compte de résultat, alors qu'ils sont potentiellement annonciateurs d'une meilleure performance. Or, le seul prisme comptable ne permet pas de distinguer une entreprise dont la rentabilité est en baisse parce qu'elle investit en R&D, d'une autre qui voit sa rentabilité diminuer à cause d'une mauvaise gestion. De même, deux sociétés affichant des résultats comptables comparables ne seront pas valorisées de la même manière, en raison de taux de fidélité clients et d'une proportion de revenus récurrents différents.

  • Le capital humain
  • Un personnel compétent, motivé, fidèle est un facteur majeur du développement de l'entreprise. Cela peut paraître évident mais difficilement mesurable. Sans tomber dans la quantification à outrance, vous pouvez mettre en place des indicateurs pour apprécier la compétence de vos salariés. Il est notamment important d'être en mesure d'évaluer la place du dirigeant dans son entreprise, les compétences individuelles, le savoir-faire collectif... Vous pouvez adapter des indicateurs RH classiques en associant la notion d'expertise à chaque profil et en pondérant le turnover avec cet indice...

  • Le capital clients
  • Cette composante est le pendant qualitatif de l'activité. Elle permet de distinguer, entre deux sociétés réalisant le même chiffre d'affaires, celle qui créera le plus de valeur. La capacité à fidéliser ses clients, la récurrence du chiffre d'affaires ou la force d'un business model sont autant de grands facteurs d'amélioration de la valorisation...

  • Le capital produits
  • Si vous exercez une activité industrielle, vos produits peuvent constituer l'élément principal de la valeur de votre entreprise. Le capital produits peut être mesuré par le nombre de brevets déposés, les enquêtes de notoriété et d'image de la marque, mais aussi par le potentiel de cross-selling (ventes croisées) avec des produits complémentaires. Lors d'une transaction, la capacité des produits à générer des ventes croisées avec ceux de l'acquéreur sera un critère- clé de valorisation...

  • Le capital organisation
  • Une entreprise ne peut être réduite à une addition d'actifs. La richesse de votre société tient également à sa capacité à les améliorer, à les faire interagir pour qu'ils se nourrissent les uns les autres. Assurer une bonne dynamique entre les composantes du capital immatériel relève de l'organisation...

  • L'évaluation qualitative
  • Concept économique et non comptable, le capital immatériel n'a pas vocation à être valorisé quantitativement mais évalué qualitativement. Son suivi dans le temps et son amélioration seront sources de valeur durable. Dans cette optique, la mesure de la qualité passe par celle de chaque indicateur. Une méthode de rating (notation) sur une échelle à six niveaux permet d'obtenir une appréciation assez fine. Le capital immatériel ainsi qualifié peut ensuite faire l'objet d'un suivi en vue de son amélioration...

Comptes consolidés, la photographie finançière de vos filiales

Parfois obligatoire, le dépôt de comptes consolidés vous fournit une vue globale du bilan et du compte de résultats de vos établissements.

Depuis qu'il consolide, chaque année, les comptes de ses différentes filiales, Daniel Bellanger a une meilleure vision de l'ensemble de ses activités. «Je réalise que deux ou trois sociétés à l'activité identique pourraient fusionner, explique le président d'OMC, une entreprise de négoce en sanitaire-chauffage de 150 salariés, et patron d'une holding de onze filiales. Bref j'ai les informations synthétiques qui m'aident à prendre des décisions stratégiques.» A la lecture de ses comptes consolidés, Daniel Bellanger a, par exemple, décidé d'externaliser l'ensemble de son parc informatique, la holding étant seule locataire du matériel pour toutes les filiales. Aider les chefs d'entreprise à harmoniser les frais, leur donner un aperçu plus juste des résultats de chaque société: telle est précisément la volonté du législateur (Code de commerce, art L233-16)...

->Autres références :



Coordonné par Christophe Moëc

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