[Tribune] "Le CES 2017 est l'expérience la plus éprouvante de mon aventure entrepreneuriale"
Le CES, salon mondial de l'électronique, s'est tenu du 5 au 8 janvier 2017 à Las Vegas. Timothée Le Quesne, président d'Energysquare, start-up spécialisée dans les chargeurs sans fil, y était. Rencontres, opportunités, points d'étonnement... Il raconte tout de cette folle expérience.
Je m'abonneAvant le salon : une préparation minutieuse
Le CES commence en réalité bien avant le 5 janvier. La phase de préparation est cruciale, pour rentabiliser au mieux son déplacement (le budget complet pour trois personnes est d'environ 8000 euros, somme non négligeable à notre niveau de développement).
Certaines startups fixent des dizaines de rendez-vous en avance, profitant du fait que tout le petit monde de l'électronique se réunisse quelques jours au même endroit. Nous en avions prévu quelques-uns, mais notre préparation a surtout été logistique : créer et imprimer des goodies et visuels en tous genres, finir à la hâte les prototypes qui devaient fonctionner avec fiabilité lors du salon (nous avons tout de même pris un fer à souder et du matériel de secours dans nos valises, au cas où), réserver les vols et hôtels, recenser son produit pour le passage des douanes, etc...
Nous avons eu la chance de partir avec la délégation Business France, qui nous a aidé dans cette préparation et évité des mésaventures.
Nous avions quatre priorités : prendre des contacts de distributeurs, rencontrer des investisseurs, trouver des opportunités business et avoir une bonne couverture médiatique lors de l'événement.
Jour 1 : rencontre avec Axelle Lemaire et Michel Sapin
Nous avions beaucoup entendu parler du CES, qui est mythifié depuis quelques années par les médias et entrepreneurs français, et est devenu l'événement "hype", quasi immanquable pour les start-up hardware grand public. Nous avions donc hâte de voir de nos propres yeux si cette aura était l'effet d'une très bonne campagne marketing de longue haleine de la Consumer Technology Association ou si le salon valait vraiment le détour.
Le premier jour nous a très vite plongés dans le grand bain. La première matinée du CES est la demi-journée politique, durant laquelle défilent les membres du gouvernement ou candidats souhaitant redorer leur image de technophile, une cohue médiatique les accompagnant. Nous avons pu présenter notre innovation à Michel Sapin et Axelle Lemaire, et avons vu notre stand transformé en parc à caméras lors du passage de François Fillon. C'est sympa, ça fait plaisir à la famille, mais ça ne fait pas avancer le business ! Les rencontres avec les acteurs directs de l'écosystème hardware sont au final bien plus intéressantes et porteuses d'opportunités.
La nouvelle génération de chargeurs sans fil avec @energysquare_co pic.twitter.com/HdMXD6nxpN
- Axelle Lemaire (@axellelemaire) 5 janvier 2017
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Jours 1 à 3 : "certainement l'expérience la plus éprouvante de mon aventure entrepreneuriale"
Concrètement, les trois premiers jours du CES sont très denses. C'est certainement l'expérience la plus éprouvante que j'aie vécue depuis mon début d'aventure entrepreneuriale, tant sur le plan mental que sur le plan physique. Nous n'étions pas trop de trois pour tenir notre stand, tant la fréquentation et la densité sont importantes (plus de 150 000 participants !).
Le plus difficile, outre rester debout de 9h à 18h sans discontinuer, est de répéter le même discours presque mot pour mot toutes les deux minutes, et de répondre aux mêmes questions. Deux points aident à mieux vivre ces journées : d'une part, les rencontres sont souvent extrêmement qualifiées, les personnes présentes étant directement impliquées dans le monde du hardware grand public, et donc sachant analyser notre produit avec un certain recul.
D'autre part, l'ambiance est stimulante : tout le monde est heureux de participer à ce salon, les exposants s'encouragent entre eux et se donnent des bons conseils, les visiteurs sont ravis de donner un avis constructif sur les produits, les revendeurs de faire leur marché et les médias de repérer les nouveautés. C'est au final un bon bol d'air technologique, et l'on y ressort avec beaucoup de confiance, d'idées sur le produit, et un bon aperçu des tendances de l'année.
Un bilan positif : une centaine d'opportunités business créée
Au final, le salon a été une vraie réussite pour nous : plus de 50 revendeurs étaient intéressés pour redistribuer nos produits, nous avons créé une centaine d'opportunités business et avons récupéré une sacrée pile de cartes de visite. Le plus dur sera maintenant de faire le tri, consacrer son temps aux meilleures opportunités et entretenir la flamme allumée lors de nos rencontres sur le salon.
Au niveau de la couverture médiatique, l'événement CES Unveiled du 3 janvier nous a permis d'amorcer une forte fréquentation, qui n'a pas discontinué lors du salon. Nous avons enregistré 80 précommandes par jour au lieu de 3 en temps normal.
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Ce qui m'a surpris
Nous ne regrettons donc pas du tout notre venue au CES. Lorsqu'on y pense, il suffit qu'une opportunité amorcée là-bas se concrétise pour rentabiliser le salon!
Deux choses m'ont finalement étonné : la faible présence d'investisseurs seed américains, qui ne semblent pas mettre de petits tickets dans des sociétés françaises, et l'importance du contingent hexagonal : nous avons finalement rencontré plus de français en 4 jours a Vegas qu'en un an en France !
L'auteur / L'entreprise
Timothée Le Quesne est président d'Energysquare, start-up spécialisée dans les chargeurs sans fil pour smartphones et tablettes. Son produit se présente sous la forme d'une plaque. Il suffit, pour l'utiliser, de coller une languette adhésive sur son smartphone ou sa tablette, avant de poser le terminal sur la surface. Avantages revendiqués : l'utilisateur peut charger plusieurs terminaux en même temps, sans perte de vitesse de chargement ni perte énergétique.
Incubée à ParisTech Entrepreneurs, l'incubateur de l'école d'ingénieurs parisienne, la start-up, qui compte trois personnes (Daniel Lollo, CTO et Matthieu Poidatz, designer en plus de Timothée Le Quesne) a en juin 2016 bouclé une campagne de crowdfunding sur Kickstarter. Elle a ainsi levé 100 000 dollars (environ 95 600 euros), correspondant à 1100 précommandes (France et monde), dont les premières devaient être livrées en janvier. Elle a également entamé une levée de fonds en novembre. Objectif visé : 1 million d'euros.
Alors que le produit est en phase d'optimisation, la start-up fourmille de projets pour 2017. Elle est en discussion avec des hôtels pour proposer son chargeur dans les chambres. Elle pense aussi se tourner vers la grande distribution. Elle travaille enfin avec des fournisseurs de meubles qui souhaiteraient intégrer le chargeur dans leurs produits. Par ailleurs, elle compte recruter huit personnes en 2017.