Comment transformer la crise en opportunité pour une start-up ?
Alors que les crises s'enchaînent sur la scène internationale, l'avenir ne pourrait être plus incertain pour les créateurs d'entreprise. Cela dit, les périodes de grandes crises apportent toujours les ingrédients d'un changement de paradigme permettant l'émergence de nouveaux modèles.
Je m'abonneA la suite de la crise sanitaire, l'instabilité géopolitique est désormais citée comme le principal risque pour la croissance dans la majorité des pays selon la dernière enquête McKinsey sur la situation économique mondiale (1). De grandes figures d'autorité tels que Sequoia Capital et Founder Institute ont annoncé de fortes turbulences dans l'univers des start-up (2). Bien qu'il soit difficile de prédire comment les marchés financiers internationaux réagiront sur le long terme aux impacts du COVID-19, l'anxiété occupe désormais toutes les sphères de l'économie et bien au-delà. Par ailleurs, les récents événements en Europe de l'Est rajoutent à l'incertitude et aux nouvelles prévisions de changement de paradigme.
Dans cette atmosphère d'inquiétude grandissante, pourrait-on encore en toute objectivité envisager des perspectives de création d'entreprise et de développement commercial ? Comment parler d'opportunité de croissance alors qu'un changement de paradigme sans précédent s'opère aussi bien au niveau du marché que des habitudes de consommation ? Ce bouleversement aux allures de crise est-il une opportunité pour une start-up ?
L'histoire se répètera-t-elle une fois de plus ?
D'après les prévisions du cadre de l'ONU pour la réponse socio-économique immédiate à la crise, la pandémie de COVID-19 est bien plus qu'une crise sanitaire. Elle affecte les sociétés et les économies en leur coeur. Bien que son impact varie d'un pays à l'autre, il est fort probable qu'à l'instar de toutes les crises économiques majeures, elle augmente la difficulté pratique de création d'entreprise et de développement commercial à bien des égards.
En effet, sur les différents marchés, le microcosme économique qui se développe depuis de nombreuses décennies voit les start-up (généralement considérées comme investissement à risque) financées par des sociétés de capital-risque et par voie de financement participatif. Par conséquent, dans un contexte de crise, le risque de voir cette source s'assécher est important. Et pour cause, le financement des startups a fortement pâti lors des précédentes crises économiques de 1982, 2000 et 2008.
Des jours difficiles attendent donc les start-ups ?
La crise est bien souvent vecteur de croissance
Il y a cependant de très nombreux avantages à la configuration actuelle des marchés ainsi que les habitudes de consommation des nouveaux clients. Nous évoluons désormais dans une espèce d'incubateur géant dans lequel, chaque jour, l'histoire d'un nouveau succès s'écrit.
C'est ce que Adam L. Penenberg expose dans son livre Viral Loop. L'histoire d' entreprises comme Facebook, Twitter, Uber, AirBnB ou Skype illustre ce potentiel de croissance qui selon lui est difficilement égalable en période de croissance.
C'est une caractéristique commune de nombre d'entreprises parmi les plus prospères de notre histoire.
On peut par exemple remonter jusqu'en 1851, période durant laquelle l'économie américaine a connu des situations économiques maussades environ le tiers du temps. Pourtant, 16 des entreprises qui forment le Dow30 (3) ont été créées lors des crises de cette époque. Par ailleurs, environ 60% des entreprises du Fortune 500 (3) ont été lancées sur la même période.
Comment transformer la crise en opportunité
Microsoft, Home Depot et Apple ont grandi alors que la stagflation étouffait l'économie américaine.
L'explosion de la bulle Internet dans les années 2000-2001 n'a pas empêché Facebook, Twitter et autres médias sociaux de réaliser des performances inimaginables, et ce, en quelques années à peine. Mais comment l'expliquer ? Après tout, les investissements en capital risque ne sont-ils pas censés régresser de façon importante lorsque l'économie sous-performe ?
En fait, il est démontré que la capacité à reconnaître des opportunités et à proposer des solutions innovantes en pleine récession économique sont des facteurs bien plus déterminants pour la réussite d'une start-up que pendant les moments de prospérité économique. Autrement dit, le meilleur moment pour faire preuve de subversivité et lancer votre propre business, c'est quand tout va mal.
À l'opposé des sociétés créées par nécessité, il est également démontré que celles qui sont créées par opportunité sont plus susceptibles d'innover et de prospérer en temps de crise. Peut-être est-ce pour vous l'occasion idéale d'intégrer la RSE, nouveau gage de développement et de performance à vos valeurs fondamentales.
En outre, l'argent est dépensé de façon bien plus intelligente en temps de crise. À l'orée de l'explosion de la bulle internet en 2000, les investisseurs avaient apporté plus de 100 milliards de dollars de capitaux aux start-up. Avec la crise de 2008, ce chiffre a chuté de près de ¾ pour un total de 27 milliards et en 2009(4). Mais cela n'a pas empêché des boîtes comme Instagram d'émerger dans la foulée.
Les avantages et opportunités des périodes de récession
Les périodes de ralentissement économique constituent l'un des moments les plus favorables au lancement de nouvelles idées. Ce sont en effet des moments durant lesquels la majorité des entreprises réoriente leurs actifs vers des paris plus sûrs et stables. Ce qui, d'un côté, ouvre de nouveaux marchés et, d'un autre côté, réduit le nombre d'entrepreneurs offrant des produits innovants.
Par ailleurs, le taux de chômage est plus élevé durant ces périodes. Il devient donc plus facile et moins onéreux de recruter et retenir des talents.
En outre, la crise fait de l'optimisation des ressources un impératif de survie et de croissance pour l'entreprise. La nécessité de faire plus avec moins pour augmenter la productivité intègre rapidement vos valeurs tout en vous préparant à une grande montée en puissance au retour de la croissance.
Certes, des études démontrent que la capacité d'évaluation du risque est affectée par les sentiments et que la prise de décision est guidée par les émotions durant les périodes d'incertitudes(5). Et même si une certaine frilosité peut être observée au niveau des sociétés de capital-risque, le financement participatif, lui, demeure une alternative des plus intéressantes. Dans cette perspective, l'essor des plateformes de crowdfunding permet aux startups innovantes de conserver des probabilités de succès conséquentes.
Pour en savoir plus
David Laroche est un entrepreneur, coach et conférencier international. Il mène des recherches sur les thématiques du bien-être, de la performance et de la réussite.
(1)https://www.mckinsey.com/business-functions/strategy-and-corporate-finance/our-insights/the-coronavirus-effect-on-global-economic-sentiment
(2) https://medium.com/sequoia-capital/coronavirus-the-black-swan-of-2020-7c72bdeb9753
(3) https://www.kauffman.org/entrepreneurship/reports/the-economic-future-just-happened/
(4) https://www.pwc.com/us/en/moneytree-report/moneytree-report-q4-2018.pdf
(5) https://link.springer.com/article/10.1057/s41264-022-00141-4#Sec13