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Et si vous deveniez une entreprise à impact ?

Publié par Olga Stancevic le - mis à jour à
Et si vous deveniez une entreprise à impact ?

Respectueuse des salariés comme des fournisseurs, impliquée dans son écosystème local, soucieuse de protéger l'environnement, rentable et en avance sur son temps, l'entreprise à impact multiplie les vertus. Aperçu.

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"Nous enregistrons une croissance de notre marge brute de 11 % par an, sur un marché plutôt à +1 %, et notre turn-over ne dépasse pas 13 %, contre 20 à 21 % dans notre secteur." Dans un sourire, Marion Darrieutort, présidente de l'agence de communication Elan Edelman, narre les bénéfices de la démarche responsable engagée par son entreprise. Son cas n'est pas isolé et les dirigeants dressent généralement le même bilan : notoriété renforcée , engagement et fidélité des collaborateurs, crédibilité lors d'appels d'offres, etc.

Selon un sondage Harris Interactive daté de décembre 2018, 88 % des dirigeants se disent prêts à changer certaines pratiques dans leur entreprise afin d'avoir une meilleure prise en compte des enjeux sociaux et environnementaux. Les entrepreneurs peuvent donc donner le la. Mais en commençant par quoi ? L'entreprise "à impact", se caractérise par un engagement en profondeur afin d'influencer de manière positive son environnement et la société. "Il ne s'agit pas juste de corriger les conséquences négatives de ses actes, insiste Marion Darrieutort, également co-présidente de l'association Entreprise et Progrès. Mais d'aller plus loin en adoptant des pratiques bonnes pour la société, et de les inscrire au coeur de son modèle économique."

Autrement dit, le "greenwashing", discours superficiel sur une éco-attitude de surface, est à bannir, au profit d'une approche d'intérêt général, gravée dans l'ADN de l'entreprise.

Amélioration continue

Pour passer d'une entreprise traditionnelle à une entreprise à impact, il est possible de démarrer par une démarche RSE, formalisée dans la norme ISO 26 000. Cette norme n'est pas certifiante, c'est pourquoi des labels sont nés, s'appuyant sur ses directives. Le label Lucie 26 000 s'adresse ainsi à toutes les entreprises, quelle que soit leur taille. "Les entreprises peuvent soit accéder à la communauté Lucie et donc bénéficier d'outils de bonnes pratiques et échanger entre membres et se former, soit aller plus loin et s'engager dans une labellisation Lucie 26 000 dont le référentiel est aligné sur l'ISO 26 000 ", explique Saliha Mariet, directrice des opérations du label Lucie.

L'action repose sur sept piliers : une gouvernance responsable, le respect des individus, la qualité de vie au travail, une éthique des pratiques, des produits et services responsables et un engagement pour l'intérêt général.

Pour l'entreprise candidate, tout va commencer par une auto-évaluation sur les pratiques déjà en cours puis, après un certain accompagnement, des formations et des échanges, l'entreprise peut se faire évaluer sur l'ISO 26 000 par des auditeurs indépendants : bureau Veritas et RSE Val. Enfin, un comité de labellisation indépendant de l'agence Lucie peut délivrer le label Lucie 26 000 pour trois ans, impliquant un audit intermédiaire après 18 mois. Mais surtout, une pratique d'amélioration continue... Hors de question de se reposer sur son label pour ne pas se remettre en cause : on peut toujours faire mieux!

La ressource associative

BCorp, le label américain, se distingue par son caractère international (2 800 entreprises certifiées dans le monde) et fonctionne par points. Les entreprises candidates doivent répondre à 200 critères concernant cinq domaines : la gouvernance, les collaborateurs, les clients, les communautés et l'environnement. Elles décrochent le label si elles dépassent 80 points. "B Corp va au-delà des pratiques "less bad", indique Elisabeth Laville, la fondatrice du cabinet de conseil Utopies, devenu promoteur de BCorp et première labellisée française en 2014. Il s'agit de capitaliser sur le positif pour faire mieux dans un esprit "fun" propre à embarquer les salariés."

Plusieurs associations rassemblent les dirigeants désireux de responsabiliser leur entreprise. "Chez Entreprise et Progrès, nous donnons à nos membres de l'inspiration et des modes d'emploi grâce aux retours d'expérience, au partage d'idées et aux publications pratiques", explique Marion Darrieutort. Autre exemple : l'association Dirigeants responsables de l'Ouest, qui rayonne en Bretagne-Pays de Loire, anime régulièrement des ateliers, par exemple sur l'économie circulaire, et organise des conférences. "Cette année, nous impliquons davantage nos membres, indique Lionel Fournier, président des DRO. Nous lançons 11 chantiers sur des thèmes qui vont de la mobilité à la promotion d'énergies propres en passant par le reverdissement, dans lesquels nos membres sont invités à s'engager, avec des échéances à un an, cinq ans et dix ans." L'idée étant de mettre à profit le savoir théorique acquis, pour s'unir dans des projets concrets.

Lire la suite en page 2 : Dirigeant moteur

Dirigeant moteur

Les entreprises engagées ont pour point de départ la volonté forte de leurs dirigeants de travailler autrement. La direction emmène ensuite les parties prenantes dans le cercle vertueux.

Dans son livre L'entreprise responsable et vivante, Louise Browaeys, membre de l'association Terre Vivante, préconise de dresser une cartographie et une hiérarchie des parties prenantes pour définir "la sphère d'influence" de l'entreprise. Il s'agit de collaborateurs, clients, syndicats, ONG, pouvoirs publics, fournisseurs, riverains, actionnaires et générations futures (les écoles). Mathieu Descout, directeur général de Novaxia Développement, investisseur et développeur dans l'immobilier, relate : "Nos projets immobiliers visent à transformer le bâti existant. Nous avons établi 12 critères qui définissent pour chaque chantier ce qu'il crée de vertueux pour le territoire, l'humain et l'environnement."

Réemploi, recyclage des matériaux utilisés, dépollution accélérée du site et réinsertion du personnel des chantiers font partie des pratiques en cours, comme la mise à disposition temporaire des locaux du chantier dans l'attente des autorisations. "Rue Lacépède à Paris, nous avons ainsi pu abriter 50 associations et créer 12 places d'hébergement avec l'association Aurore pour les personnes en situation précaire, et accueillir un projet de théâtre immersif pendant plus de deux ans." Le site était ainsi utilisé à bon escient, au lieu d'être laissé aux mains d'une société de gardiennage. Cela illustre bien l'économie circulaire, où tout se recycle et se met au profit de l'écosystème.

Vers l'entreprise à mission

Pour une entreprise novice, entamer une démarche vertueuse consiste avant tout à faire des choix et à se focaliser sur les paramètres où agir en priorité et rapidement : production et fournisseurs par exemple.

Goubault Imprimeur, membre nantais des DRO (Dirigeants Responsables de l'Ouest), s'est engagé dans une politique RSE en impliquant ses salariés par le biais de groupes de travail qui ont co-construit le plan d'actions en dégageant des axes stratégiques : les clients, produits et process, les collaborateurs et enfin le territoire. Parmi les bonnes pratiques, il y a notamment la production responsable (à base d'encres végétales, de papiers éco-sourcés, de machines moins énergivores). Dans un autre registre, l'entreprise à impact peut être une entreprise libérée.

Coachée par Isaac Getz, l'agence Elan Edelman a adopté ce modèle il y a cinq ans : il permet de rendre les collaborateurs autonomes, en lissant les couches hiérarchiques notamment. Pas de Comex pour cette PME de 140 salariés, mais un groupe de travail, un accord de flexibilité (télétravail) et une prise de décision qui inclut les salariés, dans certaines limites cependant. Entre labels, groupes de réflexion, associations et coachings, les PME ont des ressources pour amorcer leur changement. Par ailleurs, la loi Pacte a instauré les entreprises "à mission". Dans ce cadre, un objectif d'intérêt social ou environnemental est gravé directement dans les statuts de l'entreprise, et il faut se doter de mécanismes de suivi et évaluer les actions. Une façon d'aller encore au-delà de l'entreprise à impact, et qui fait déjà des émules en France.

Témoignage

"Nos pratiques fidélisent les salariés"
Chrystèle Gimaret, fondatrice d'Artupox

Faire travailler les hommes et femmes de ménage de jour dans les bureaux, pour incarner leur contribution aux yeux des clients, améliorer la sécurité et respecter l'équilibre vie privée et vie professionnelle des équipes. C'est par cette idée révolutionnaire il y a 14 ans qu'Artupox, société de nettoyage, a démarré son activité. "Nous sommes allés plus loin dans la logique de respect des salariés, des clients et de l'environnement, en ayant recours à des produits de nettoyage écologiques, puis bio-sourcés. Et cela, sans sacrifier la qualité des prestations", explique Chrystèle Gimaret, fondatrice d'Artupox.

Implantée à Paris, la PME fonctionne en local : ses salariés ont des temps de trajet en transport limités, pour rejoindre leurs sites d'intervention. "Ainsi, ils arrivent en forme sur les lieux." Autres initiatives : les collaborateurs bénéficient de chariots et de matériel ergonomique pour prévenir les troubles musculo-squelettiques et Artupox s'est équipée d'auto-laveuses intelligentes et d'un robot assainisseur à fonctionnement autonome. "Nous luttons ainsi contre la pénibilité au travail et nous faisons monter les salariés en compétence, car ils sont alors formés pour devenir techniciens de maintenance sur les appareils", ajoute la dirigeante. Ces bonnes pratiques rejaillissent directement sur l'activité d'Artupox : des collaborateurs fidèles, avec un turn-over inférieur à 1 % (contre 50 à 60 % sur le marché) et un EBE qui atteint 19 %, là où les entreprises réalisent entre 5 et 7 %. Tout cela sans publicité et grâce au bouche-à-oreille favorable des clients.

Artupox a décroché la certification écologique scandinave SwanLabel et envisage d'entamer une démarche d'entreprise à mission.

Artupox

Nettoyage écologique
Paris (11e)
Chrystèle Gimaret, fondatrice et gérante, 47 ans
SARL > Création en 2005
> 140 salariés
CA 2018 NC

 
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