Pourquoi les inégalités salariales entre hommes et femmes persistent en entreprise ?
La journée internationale de l'égalité de rémunération est l'occasion de s'interroger sur les écarts de salaires entre hommes et femmes dans les entreprises françaises. À poste égal, les biais inconscients jouent en défaveur des femmes.
Je m'abonneEn 2024, les inégalités salariales entre hommes et femmes persistent. À l'occasion de la journée internationale de l'égalité de rémunération (18 septembre), les derniers chiffres de l'Insee (2022) sur le sujet refont surface. Les données publiées par l'institut statistique affirment que le revenu salarial moyen des femmes est inférieur de 23,5 % à celui des hommes dans le secteur privé. Plusieurs facteurs expliquent cet écart.
Premièrement, le temps de travail des femmes est plus faible que celui des hommes : « les femmes sont davantage contraintes de travailler à temps partiel », explique Alice Marchionno, manager chez Équilibres, cabinet de conseil spécialisé dans les enjeux de la diversité et de l'inclusion en entreprise. En effet, les tâches domestiques, l'éducation des enfants ou la prise en charge des personnes âgées ou vulnérables, continue de peser sur les femmes.
Deuxièmement, les femmes n'occupent pas les mêmes postes et les mêmes secteurs que les hommes : « la plupart des métiers ne sont pas mixtes », précise la spécialiste. Surtout, les secteurs les plus féminins sont moins rémunérateurs que les secteurs masculins. En outre, les environnements de travail non mixtes sont plus susceptibles d'être sexiste : « les nouvelles générations n'acceptent plus ce type d'environnement », témoigne la manager. Au sein des entreprises, les métiers liés à la production, mieux payés comportent une majorité d'hommes, tandis que les fonctions support (Rh, communication) moins payés, comportent plus de femmes.
Les biais cognitifs
Plus alarmant, pour le même poste avec le même temps de travail, les femmes gagnent en moyenne 4 % de moins que les hommes, toujours d'après les chiffres de l'Insee. Cet écart s'explique aussi par les stéréotypes de genre. À titre d'exemple, les femmes en âge d'avoir des enfants peuvent se voir refuser des responsabilités, par crainte d'absence en raison d'un congé maternité : « à l'inverse, dans l'inconscient collectif, un père de famille est valorisé », constate l'experte. Ces biais rentrent davantage en jeu lors des prises de décisions rapides, comme un recrutement ou une promotion dans l'urgence.
Pour éviter d'être influencée par ses propres biais lors d'un recrutement, Alice Marchionno recommande de définir le cahier des charges du profil idéal, en se concentrant sur les compétences. La spécialiste conseille aux dirigeants de se pencher sur ces écarts pour mieux les comprendre au sein de leur entreprise. Pour changer les mentalités, elle recommande de former les managers et les ressources humaines à cette problématique.
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