Les chefs d'entreprise moins séduits par l'apprentissage
Un sondage révèle que les dirigeants auront moins recours à l'apprentissage en 2011, et ce dans des proportions extrêmement importantes. Le gouvernement s'apprête pourtant à développer ce dispositif.
Je m'abonneEn 2011, près de sept chefs d'entreprise sur dix ont l'intention de réduire le recours à l'apprentissage. C'est l'un des principaux enseignements de l'étude réalisée par l'institut Ipsos pour l'association Apprentis d'Auteuil et publiée début janvier. Un chiffre qui peut surprendre à l'heure où le gouvernement entend développer les dispositifs en alternance. Interrogée sur France Info début janvier, Nadine Morano, ministre de l'Apprentissage et de la Formation professionnelle, a appelé à une «véritable révolution culturelle» pour valoriser ces formations.
Parmi les dirigeants sondés (TPE et PME confondus), 38% affirment qu’ils signeront “beaucoup” moins de contrats d’apprentissage en 2011. La raison? Les résultats de l'enquête mettent en lumière un problème d'adaptation de l'offre de l'apprentissage aux attentes et aux besoins des chefs d'entreprise. Au premier rang des freins, les patrons citent l’insuffisante adaptation des apprentis au monde de l’entreprise (19%), devant la méconnaissance qu’ils ont de ce dispositif et la complexité administrative des formalités (27%). Plus surprenant encore: 4 dirigeants sur 10 déclarent qu'il est encore “difficile de trouver le profil dont ils ont besoin”. Une très grande majorité d'entre eux affirme pourtant que l’apprentissage est un outil efficace pour favoriser l’insertion sociale des jeunes et qu'il constitue un outil pour lutter contre le chômage.
Simplifier le dispositif pour se rapprocher du modèle allemand
Des résultats qui ne surprennent guère Nadine Morano. «Dans notre pays, on a trop dévalorisé les formations par alternance et l'apprentissage. C'est une grave erreur», a indiqué la ministre, dénonçant ainsi la complexité du modèle français. «60% des entreprises en Allemagne ont recours à l'apprentissage, contre 33% en France», a-t-elle souligné mi-décembre lors d'un déplacement outre-Rhin dans une usine et une école de formation. Soucieuse de mettre en place un dispositif plus juste, Nadine Morano propose notamment d'abaisser la durée d'expérience requise pour devenir maître d'apprentissage de cinq ans à trois ans.
Elle entend également améliorer le système d'orientation et moduler la surtaxe d'apprentissage. «Aujourd'hui, les entreprises paient la même surtaxe selon qu'elles comptent dans leurs effectifs 2,9% ou 1% d'apprentis, alors que le seuil est fixé à 3%. Nous pourrons aussi instaurer des dispositifs de bonus lorsque les structures atteignent un niveau important d’apprentis.» Nadine Morano a tout de même salué l'action des 275 “développeurs de l'apprentissage”, sortes d'ambassadeurs auprès des entreprises, qui ont déjà permis la signature de 18500 contrats.