Xavier Niel : "La France est un paradis pour entreprendre"
Parmi toutes les start-up que vous accompagnez, vous reconnaissez-vous dans l'un de ses dirigeants?
Non, je ne suis pas sûr de pouvoir me reconnaître. Déjà, ils sont beaucoup plus jeunes, nettement plus dynamiques. Ils ont une pêche, une ambition, une envie de réussir. C'est bien différent du modèle dans lequel nous sommes, nous les entrepreneurs de la deuxième ou de la troisième génération. Il y a plein de dirigeants de start-up qui sont de vrais génies. Ça fait d'ailleurs partie de nos critères pour investir : avoir quelqu'un en face de nous qui a une vision, qui est capable de se projeter dans un projet différent.
Vous aussi, vous avez réussi très jeune. À leur âge, en quoi leur ressembliez-vous?
En pas grand-chose... Je les trouve beaucoup plus construits, beaucoup moins brouillons, plus brillants aussi car la concurrence est devenue plus dure. Déjà parce qu'il y a quelques années, il y avait quand même moins d'entrepreneurs. Et surtout car aujourd'hui ils doivent faire face à des entrepreneurs du monde entier qui ont, d'emblée, une vision globale.
Vous avez créé l'école 42 qui forme des codeurs. Vous êtes le parrain du Cargo et financez un autre incubateur parisien, la Halle Freyssinet, qui accueillera un millier de start-up en janvier prochain. Vous entrez, avec Kima Ventures, dans le capital des entreprises les plus prometteuses. Être présent à chaque étape de leur développement, n'est-ce pas une manière de contrôler les entrepreneurs?
L'entrepreneur, c'est tout l'inverse ! On ne peut jamais prendre son contrôle. Si vous avez des idées, ça m'intéresse. Il y a, en France, un certain nombre de choses à améliorer. Et si nous pouvons aider, tant mieux ! C'est pour cela que nous avons créé des écoles, non pas de business, mais de codeurs, car c'est une bonne porte d'entrée pour l'entrepreneuriat. Surtout qu'en France, même si nous sommes bons dans ce domaine, les écoles existantes ne s'adressaient qu'à 20 % des étudiants, ceux qui avaient les moyens de se payer autour de 10 000 euros de scolarité par an. 42 propose un modèle complètement différent car gratuit, qui permet à des jeunes, quelle que soit leur origine sociale, d'émerger ! Je pense que l'endroit idéal pour entreprendre, c'est la France... pour des tonnes de raisons ! Pratiques, historiques, géographiques, fiscales... Au sein de cet environnement, la Halle Freyssinet, l'incubateur le plus grand du monde, va s'insérer dans un écosystème parisien d'incubation qui marche plutôt bien. Et va attirer, nous l'espérons, des personnes de toute la France et du monde entier pour qu'ils créent, ici, leurs entreprises. Mais il n'y a pas d'idée de prise de contrôle.
Quant au financement, on le fait maintenant dans un modèle assez classique de business angel qui consiste à aider des jeunes qui ont de belles idées et de belles initiatives. Et ça a un côté très excitant ! Notre objectif, à chacun de ces niveaux, c'est d'aider les gens à créer leur boîte et de faire marcher un écosystème. Nous ne sommes jamais en compétition avec personne.
Certains y voient un programme politique. Est-ce le cas?
Je ne fais pas de politique. Je n'ai qu'un métier, celui dans les télécoms et qui m'occupe à temps complet. Les autres sont, en général, très brillamment gérés par d'autres personnes. À la Halle Freyssinet, il y a Roxanne Varza qui a une énergie incroyable et qui connaît tous ces sujets sur le bout des doigts. Pour 42, c'est une équipe de quatre grands professionnels qui gère la France et les États-Unis. Idem chez Kima. Moi, j'ai seulement quelques e-mails...
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