François Fillon : "Je lancerai un New Deal entrepreneurial dans les 100 jours suivant mon élection"
Concernant le recul de l'âge de la retraite, que ferez-vous du compte pénibilité?
Il faut en suspendre l'application. J'avais déposé un amendement en ce sens lors de la loi Macron 1. Pourquoi? Car cette disposition est une fausse bonne idée. Et j'en ai d'autant plus conscience qu'en 2003, lors de la réforme des retraites, nous cherchions des solutions pour introduire ce critère de pénibilité. Et nous sommes arrivés à la conclusion qu'aucun pays du monde ne le prend en compte de manière systématique dans les régimes de retraite. Tout simplement parce que c'est impossible de définir objectivement le principe de pénibilité. L'entrepreneur en faillite, l'agriculteur qui se lève à cinq heures du matin, l'ouvrier, l'enseignant... Tous peuvent légitimement estimer leur travail difficile.
La loi Macron est-elle à même de tenir sa promesse , celle de libérer la croissance et l'emploi? Ou du moins va-t-elle, selon vous , dans le bon sens?
Qu'elle prenne la bonne direction, c'est une évidence. Elle est, cependant, homéopathique. Car elle ne consiste qu'à passer de cinq à 12 dimanches travaillés, avec l'accord des organisations syndicales. Quant aux accords de maintien dans l'emploi, pourquoi les avoir limités aux entreprises en difficulté ? Toutes devraient pouvoir, si besoin, en profiter ! Nous devons aller plus loin pour obtenir de vrais résultats. Ce que je propose, c'est un New Deal entrepreneurial pour créer des entreprises de croissance et donc des emplois.
L'ouvrage
Best-seller des ouvrages politiques, Faire, publié aux éditions Albin Michel, détaille le programme présidentiel de François Fillon, en pleine campagne pour les primaires des Républicains qui se dérouleront le dimanche 20 novembre 2016.
Cette loi, tout homéopathique qu'elle soit, a nécessité l'emploi du 49-3 pour passer en force. Comment comptez-vous faire accepter la "thérapie de choc" que vous préconisez?
D'abord, en jouant cartes sur table, avec un projet clair. La raison principale du discrédit et de l'impuissance de François Hollande, c'est qu'il s'est fait élire sur une taxe à 75 % sur les plus riches, un discours archaïque sur l'entreprise et une campagne très à gauche et que, quelques mois plus tard, il nomme M. Macron pour libéraliser l'économie... Ce n'est pas anormal qu'il y ait un divorce avec ses électeurs et sa majorité. Il est, au fond, dans la même situation que Jacques Chirac qui, élu, en 1995, sur un programme social incarné par Philippe Séguin, nomme Alain Juppé Premier ministre, pour conduire une politique différente ! Le contrat démocratique n'est pas respecté. L'autre obstacle, c'est que François Hollande est élu depuis quatre ans. Or, les réformes structurelles doivent s'effectuer dans la foulée de l'élection et pas au terme du mandat présidentiel.
"Il faut profiter de l'élan démocratique pour agir"
D'où votre engagement à prendre dix mesures chocs, dont la suppression des 35 heures dans les trois mois suivant votre élection, entre juin et septembre?
Oui, car il faut profiter de l'élan démocratique, du soutien populaire pour agir. Concernant la durée du temps de travail, je propose des négociations en entreprise avec les organisations syndicales ou un référendum. Personne ne pourra s'opposer à ce débat démocratique. D'autant que lorsque je rencontre des salariés, nombreux sont ceux à regretter la défiscalisation des heures supplémentaires. Et je n'ai pas le sentiment que les 35 heures constituent, pour beaucoup, un acquis social majeur. Les Français sont prêts à se retrousser les manches pour sécuriser leur emploi ou pour améliorer leur salaire.
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