Bruno Le Maire : "Dirigeants, révoltez-vous !"
Que pensez-vous des 35 heures ?
Chaque entreprise doit pouvoir décider, en son sein, de la durée du travail en fonction de son carnet de commandes. Sortons de cette logique marxiste qui régit la France depuis des années et selon laquelle le patron est méchant et que le salarié doit en être protégé. Notre priorité, c'est de donner un emploi à tous et ces emplois, ce seront les PME et les TPE qui les créeront. Simplifions-leur la vie!
Quelles mesures proposez-vous pour réformer le RSI ?
Je suis indigné de voir la façon dont sont traités les commerçants, les artisans ou les professions individuelles. Pendant des années, ils travaillent et cotisent des sommes importantes pour, à leur retraite, parfois attendre jusqu'à deux ans avant de la toucher. Vous trouvez ça normal ? Pas moi.
Je demande donc la liberté d'affiliation au régime général. D'autant que ça créera de la concurrence et encouragera le RSI à prendre les réformes nécessaires. Je réclame la mise en place d'un droit opposable à la retraite pour les indépendants : ils doivent pouvoir percevoir leur pension au plus tard 4 mois après avoir déposé leur dossier.
Quels sont les défis des chefs d'entreprise ?
"Notre priorité, c'est de donner un emploi à tous et ces emplois, ce seront les PME et les TPE."
Je juge formidable la volonté des entrepreneurs d'investir, d'innover, de se développer, de créer des emplois, et d'animer leur territoire, J'ai rencontré, à Vesoul, un agriculteur qui, ne trouvant pas le vérin hydraulique adéquat pour son tracteur, en a créé un. Aujourd'hui, il est à la tête de Sahgev, PME qui exporte, depuis la Franche-Comté, dans le monde entier. Son dirigeant, Jean-Luc Quivogne, il faut l'aider par tous les moyens possibles. Or, il n'a que des bâtons dans les roues de par la fiscalité, de par le droit du travail, de par l'administration, de par les charges qui l'empêchent de recruter et de par les dispositifs de formation. L'industrie est un secteur d'avenir où demain la robotisation créera des postes qualifiés et bien rémunérés. Encore faut-il former les jeunes... et ce n'est pas le cas! Vous n'avez qu'à voir certains CFA qui ne parviennent pas à se remplir alors qu'ils offrent des taux d'employabilité, à leur sortie, de 100 %. Il y a quand même un problème!
Quels conseils donneriez-vous aux chefs d'entreprise ?
Je leur dirais de se révolter davantage pour obtenir un modèle économique différent, plus favorable à la création de richesses et donc à l'emploi. J'aimerais les entendre davantage, tous ceux qui vivent dans un modèle défavorable et qui souffrent de trop de contraintes administratives, d'une fiscalité trop lourde et de charges trop élevées.
Qu'ils exigent de leurs responsables politiques les changements nécessaires devant lesquels la France a reculé pendant 40 ans. Un pays qui ne dispose pas d'une capacité industrielle forte est un pays faible.
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