5 conseils pour faire, comme Gustave Eiffel, de ses opposants des alliés
Aujourd'hui symbole de Paris, la Tour Eiffel a été, à l'origine, contestée et combattue. Si elle a vu le jour, c'est grâce à la détermination de Gustave Eiffel. Comment a-t-il fait de ses détracteurs des alliés ? La réponse dans "Piloter un projet comme Gustave Eiffel" d'Anne Vermès. Extraits.
Je m'abonne1. Rappeler la finalité du projet
Rappelez fréquemment les objectifs poursuivis et les principes intangibles du projet (dans le cas présent Eiffel, via la presse, rappelle les fondamentaux du projet : l'engagement du commanditaire, les travaux déjà commencés, le débat "idéologique" sur la beauté de la tour bien tardivement lancé, les échéances en termes de délais à tenir) ;
2. Concevez une stratégie personnalisée à chaque opposant
Prenez le temps d'analyser les différents styles d'opposants et adaptez une stratégie "personnalisée" pour développer à terme une alliance.
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Exemple : Eiffel repère, parmi la presse, un opposant "irréductible" et tête d'un réseau influent (entre autres président du Syndicat de la presse). Il actionne trois leviers pour le transformer en allié :
Premier levier : responsabilisation, implication et ouverture. Eiffel fait le choix audacieux de "responsabiliser" les journalistes. Il ouvre le chantier et les laisse "construire" leur vision du chantier par des interviews auprès de ses collaborateurs. Il transforme ainsi l'opposant "de principe" en acteur impliqué (les journalistes font l'effort d'aller sur le chantier et de se faire leur propre jugement plutôt que de rester sur des principes théoriques d'esthétisme). [...]
Deuxième levier : gratification et réalisation d'événements porteurs d'émotion. Malgré la polémique, Eiffel organise un déjeuner et permet au président du Syndicat de la presse de découvrir les facettes méconnues de ce chantier et de rencontrer des personnages clés dans ce projet (Georges Berger , les chefs d'équipe...). Embarqué "émotionnellement", ce président rallie les "alliés" du projet ;
3. Identifier clairement la marge de négociation
Face à des oppositions internes, annoncez clairement ce qui est négociable et ce qui ne l'est pas. Dans le même temps, proposez une reconnaissance financière doublée d'une action symbolique autour du "mieux-être au travail". Eiffel, face à une tension sociale, propose une augmentation de salaire, doublée d'un service supplémentaire (la cantine au premier étage) ;
Face aux récalcitrants, adoptez comme Eiffel un comportement ferme sur l'essentiel : la finalisation du chantier en temps et en heure n'est pas négociable. Puis faites des propositions pour les attirer vers une alliance gagnant/gagnant. Eiffel propose ainsi aux récalcitrants d'accéder à leur besoin de sécurisation supplémentaire en demandant à ces monteurs de peindre aux étages inférieurs. Ils acceptent du coup les nouvelles conditions ou choisissent de quitter l'entreprise.
4. Soignez votre communication
Optez pour une communication qui soit parfaitement alignée avec vos valeurs, elle n'en sera que plus crédible ! Édouard Lockroy -le ministre de l'Économie et du Commerce de l'époque, ndlr- et Gustave Eiffel sont tous les deux convaincus que le progrès et l'innovation techniques sont les bases d'un mieux-vivre collectif à l'échelle de la France. Avec des styles et des personnalités différentes, ils font transparaître ces convictions dans leur communication interne et externe ce qui finit par permettre de dépasser tous les obstacles.
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5. Faites de vos collaborateurs des ambassadeurs
En tant que chef de projet, mobilisez toutes les parties prenantes dans la communication du projet et cultivez le concept "d'ambassadeur du projet". Eiffel sollicite ses collaborateurs sur des champs d'intervention qui ne sont pas liés à leur expertise mais qui requièrent engagement et sens de la communication. Il fait le pari que les monteurs sauront, par leur expertise et leur implication dans le montage de cette tour, convaincre les "opposants" et plus généralement, toutes les personnes intéressées par le projet. Eiffel développe le principe d'accueil de délégations de toutes natures (presse, commerçants, entrepreneurs, architecte, professions de la construction, etc.).
Dans votre rôle de chef de projet, investissez temps, réflexion et action sur la création d'une adhésion la plus complète possible et ne traitez pas à la légère les opposants, tout comme les alliés.
Pour édifier la Tour Eiffel, l'audacieux ingénieur Gustave Eiffel a dû braver non seulement d'innombrables contraintes techniques, mais également de farouches oppositions tant en interne qu'en externe. C'est sur cette expérience que se base Anne Vermès, la fondatrice du cabinet de conseil "Traits d'Unions", dans son ouvrage "Piloter un ouvrage comme Gustave Eiffel, comment mener un projet contre vents et marées". Publié aux Editions Eyrolles, cet ouvrage fait partie de la collection Histoire et Management, dont l'objectif est de tirer des leçons des leaders d'hier pour aider les dirigeants d'aujourd'hui. Parmi eux figurent "Fédérer comme Mandela, comment obtenir adhésion et motivation" d'Anne Vermès et de Guillaume Pigeat.