Franchise: êtes-vous (vraiment) prêt à sauter le pas ?
Chaque année, des milliers d'entrepreneurs réalisent leur rêve en se lançant dans la franchise. L'une des raisons principales? Il n'y a pas besoin d'un profil particulier. Pour autant, la lucidité doit prendre le pas sur l'enthousiasme. Voici les éléments à prendre en compte pour limiter les erreurs
Je m'abonneLe nombre d'entrepreneurs qui se sont lancés dans la franchise en 2014, selon la Fédération française de la franchise (FFF), s'élève à 3 000. Un chiffre encourageant " qui ne doit pas faire oublier que le modèle enregistre des réussites, mais également des échecs ", avance Olivier Mignot, expert à la FFF. Pour limiter les risques, vous devez analyser plusieurs critères. Vous devez ainsi, en premier lieu, sélectionner le secteur d'activité qui vous correspond. Êtes-vous séduit par le concept ? Est-il original ? Innovant ? " L'entrepreneur ne doit pas tomber dans le piège de privilégier une enseigne en raison de son affinité avec le produit sans pour autant se projeter dans la réalité du métier. Un futur dirigeant ne doit pas s'orienter vers les fleurs seulement parce qu'il aime la nature. Il ne doit pas oublier le côté technique de la profession, le travail sept jours sur sept ou la réception des produits à cinq heures du matin ", poursuit Olivier Mignot.
Une première rencontre décisive
Avant de s'engager aux côtés d'une enseigne, il est également primordial de vérifier votre comptabilité avec votre futur réseau. " Certains vont vouloir bénéficier d'un concept clé en main, comme Subway ou Mac Donald. D'autres vont rechercher un espace de liberté et se tourner plus volontiers vers des formats moins matures, ou qui se renouvellent régulièrement ", confie Olivier Mignot.
Lorsqu'il a décidé de se lancer en franchise en 2013, Marc Tourneur n'a pas longtemps hésité. Après avoir examiné les enseignes concurrentes, son choix s'est porté, en février 2014, sur le réseau belge Tom&Co d'alimentation et d'accessoires pour animaux. " La première rencontre avec la tête de réseau a été déterminante. Je me suis rapidement rendu compte que l'équipe, jeune et très ouverte, avait à coeur de se renouveler. Ce qui se confirme au quotidien puisque je travaille tous les jours avec le franchiseur pour créer de l'animation dans les boutiques, nouer des partenariats avec des associations locales et organiser des collectes alimentaires ", détaille le commerçant, qui est à la tête d'un point de vente de cinq salariés basé à Brie-Comte-Robert en Seine-et-Marne.
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Autre critère à vérifier : la performance technique du franchiseur. Depuis quand exploite-t-il ce concept ? Dans combien de magasins ? Quelles sont les perspectives de développement du réseau ? " Le franchisé doit pouvoir comprendre comment fonctionne le réseau, savoir pourquoi et comment il gagne de l'argent, connaître sa clientèle pour, à son tour, reproduire et mettre en oeuvre à son échelle cette réussite ", poursuit Olivier Mignot.
Il est par ailleurs important de se renseigner sur l'historique de l'enseigne afin de se rendre compte des épreuves ou des crises rencontrées et connaître les stratégies déployées pour remédier à ces difficultés. " Il faut prendre garde aux réseaux qui n'ont jamais rencontré de problèmes " , insiste l'expert de la FFF. Méfiez-vous également du franchiseur qui va accepter trop vite de revoir à la baisse ses droits d'entrée (qui avoisinent, en moyenne, 17 000 euros). " Cela peut signifier qu'il prend des risques financiers ou qu'il a déterminé le montant de ses redevances au doigt levé " , prévient Olivier Mignot.
Bien analyser le DIP
Il est, par ailleurs, primordial de connaître la santé financière du franchiseur. " Tous ces éléments se vérifient très simplement en examinant le DIP, le document d'information précontractuel. Il doit être remis au franchisé au minimum 20 jours avant la signature de son contrat avec la tête de réseau, même s'il faut dans les faits l'obtenir bien avant ce délai pour prendre le temps de l'analyser " , précise Chantal Zimmer, déléguée générale de la FFF. Le DIP contient certaines données fondamentales, définies par le décret du 4 avril 1991, à savoir la carte d'identité de l'entreprise du franchiseur, son expérience, les indications relatives à la marque, les bilans, les comptes de résultats de franchisés du réseau, les entrées et les sorties des commerçants dans le réseau, la nature et le montant des dépenses et investissements spécifiques à la marque à engager dans l'exploitation, une présentation de l'état général et local du marché des produits, ainsi que les éléments du futur contrat. " Pour analyser les forces et les faiblesses des dossiers, et s'assurer de la faisabilité du projet, un candidat à la franchise peut se tourner vers son banquier " , conseille Chantal Zimmer.
Vous devez par ailleurs regarder, pour éviter toute déception, les conditions portant sur la fin des relations contractuelles. Et principalement les clauses de sortie et de non-concurrence. " Très souvent, un dirigeant qui décide de quitter un réseau ne peut rejoindre la concurrence dans les 12, voire 24 mois qui suivent la conclusion de son contrat " , met en garde Valérie Meyer, avocate spécialiste des contrats commerciaux au sein du cabinet Meyer & Cavard.
Veillez aussi à ne pas vous engager sur un contrat comprenant des clauses attributives de compétences, qui présentent des modalités de règlement des conflits souvent défavorables aux franchisés. " Certains réseaux, comme Remax par exemple, proposent des contrats anglo-saxons plutôt complexes. En cas de litige, l'entrepreneur s'expose à ce que le procès soit résolu par un juge domicilié à l'étranger et selon une législation qu'il ne maîtrise pas " , confie Valérie Meyer.
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Croisez vos informations
Dernier point d'importance avant de vous lancer : il est primordial de former votre jugement au contact des réalités du terrain. Pour cela, il n'existe pas de recette miracle : vous devez partir à la rencontre des franchisés afin d'échanger sur leurs pratiques. " Le candidat peut ainsi évaluer l'expérience du franchiseur, son savoir-faire, les services apportés, et vérifier que ces éléments sont en adéquation avec les informations fournies par la tête de réseau " , estime Benjamin Thomas, expert en franchise au sein de Comprendrechoisir.com . Pour vous forger une opinion sur l'état d'esprit du réseau, vous pouvez consulter les enquêtes de l'indicateur de la franchise, instance indépendante qui fournit régulièrement des informations sur les fourchettes de rémunération, le taux de satisfaction des franchisés, ainsi que sur la rentabilité des points de vente. Autant d'éléments qui vous permettront de juger si vous êtes prêt à vous engager.