Vulli fait ses premiers pas dans l'écoresponsabilité
D'ici 5 ans, l'emblématique Sophie la Girafe et tous ses produits dérivés seront éco-conçus. C'est la promesse de son fabricant, le haut-savoyard Vulli, également à la tête de la jeune marque Klorofil. Vulli, en pleine croissance, veut voir plus vert.
Je m'abonneQuel bébé n'a pas eu sa girafe Sophie, ce si célèbre jouet qu'on peut mordre, écouter, gouter, toucher et tordre dans tous les sens ? Depuis sa création en 1961, il s'en est vendu plus de 70 millions... En France, le nombre de Sophie la Girafe achetées chaque année égale celui des naissances. Le jouet a su traverser les générations sans lasser, sans être détrôné par les jeux électroniques clinquants et bruyants. Il a même su partir à la conquête du reste du monde avec une Sophie distribuée aujourd'hui à parts égales entre la France et l'international (dans 85 pays). Le deuxième pilier de Vulli, son fameux arbre magique désormais revisité, continue lui aussi de ravir les petits (et leurs parents). Grâce à ses deux marques phares, la PME haut-savoyarde connait une croissance régulière de son chiffre d'affaires tirée par l'international et l'élargissement de ses gammes. En 2011, l'entreprise de Rumilly affichait ainsi un chiffre d'affaires de 21 millions d'euros. Dix ans plus tard, celui-ci a bondi à 34 millions avec 110 salariés. Et l'histoire continue de s'écrire avec une prise en compte de la préservation de la planète désormais très marquée dans sa stratégie de développement.
Végétal.
Sophie la Girafe a aussi connu une vie tourmentée. Inventée à l'origine par un fabricant parisien de jouets, Delacoste, elle est reprise au début des années 80 par un autre fabricant de jouets, Vulli (créée en 1945 par Joseph Vullierme). Et est depuis fabriquée en Haute-Savoie. Elle est produite à partir de latex issu d'hévéas malaisiens, dont l'entreprise s'assure que les exploitants sont engagés dans des démarches de gestion protectrice de leurs forêts. Depuis le milieu des années 2000, consciente du petit trésor qu'elle détenait, l'entreprise rhônalpine a décidé non seulement d'abandonner tous ses autres jouets (hormis sa deuxième pépite historique, l'arbre magique) mais aussi de le décliner. Sophie la Girafe est devenue une marque à part entière, réinventée à toutes les sauces avec des produits couvrant un large éventail des besoins de l'enfant, de sa naissance jusqu'à ses 18 mois : endormissement, jeux d'éveils, repas, bain et depuis 2020, des peluches. Au total, Sophie s'affiche désormais sur un catalogue de plus de 200 produits. Dont 20% sont renouvelés chaque année. Et ce sont sur ces 20% là que Vulli mise pour accélérer sa stratégie éco-responsable devenue prioritaire. "Repenser la fabrication de produits déjà conçus est complexe, il est beaucoup plus accessible d'intégrer les préoccupations environnementales dans les nouveaux produits. Pourtant, tous les futurs articles Sophie seront éco-conçus. Dans cinq ans, nous aurons donc un catalogue 100% éco-conçu", promet ainsi Eric Rossi, directeur général depuis 2018 de l'entreprise. Avec à la fois des matériaux à base d'ingrédients végétaux (comme le manioc ou le maïs) remplaçant le plastique et à la fois des plastiques plus vertueux, recyclables. Au menu également, une réduction drastique des emballages.
Animaux.
L'ambition environnementale est sensiblement identique pour l'autre pilier de Vulli, l'arbre magique. Cet arbre avec lequel des millions de petits Français ont joué et se sont inventés de belles histoires. Fabriqué en France depuis toujours, il est produit à partir de plastique. Là encore, l'ambition de Vulli est claire : réduire au maximum son empreinte carbone en travaillant sur des matières biosourcées et du plastique recyclable, moins impactant pour l'environnement. "Nous avons lancé les premières commercialisations et nous validons leur adoption par les parents et les enfants étape par étape", souligne Eric Rossi. L'enjeu est de taille pour Vulli car si l'arbre magique ne représente que 20% de son chiffre d'affaires, largement trusté par Sophie, celui-ci est appelé à grandir de manière conséquente dans les prochaines années. En 2021 déjà, la PME en a fabriqué trois fois plus qu'en 2018. Pourquoi? Après deux millions d'arbres vendus depuis sa création, Vulli a opéré un virage stratégique il y a quatre ans en créant une marque dédiée, Klorofil, avec tout un écosystème attenant. Au terme de lourds investissements (industriels notamment), l'arbre a été repensé pour s'adresser à des enfants dès 18 mois (au lieu de trois ans), les personnages humains remplacés par des animaux afin de créer plus facilement des collections, le storytelling réorienté autour des animaux de la forêt et de la nature.
Relocalisation.
En parallèle, Vulli s'investit dans des causes sociétales. L'année dernière, l'entreprise avait par exemple édité une série spéciale Sophie au profit de la préservation des girafes sauvages. Depuis quelques semaines, la PME s'est engagée dans une nouvelle opération, aux côtés de l'association A.R.B.R.E.S., organisation oeuvrant pour la sauvegarde et la découverte des arbres "remarquables". Cette opération se traduit par le versement d'un euro à l'association pour chaque achat d'un arbre magique et par la réalisation de kits pédagogiques pour les trois/cinq ans distribués dans les écoles maternelles des communes qui auront reçu une labellisation "arbre remarquable". Pour aller plus loin dans sa stratégie écoresponsable, mais aussi pour rationaliser ses couts de fabrication largement impactés par l'explosion du cout du fret, la PME travaille actuellement sur un projet majeur : la relocalisation d'une partie de ses productions actuellement sous-traitées en Asie. Car si l'arbre magique et le hochet girafe sont 100% made in France, le reste des catalogues est actuellement fabriqués en Asie, sur la base du cahier des charges de Vulli. "Nous planchons sur deux hypothèses : une fabrication en interne dans nos ateliers qui nécessitera des investissements très importants, avec un nouveau site de fabrication et/ou une relocalisation auprès de sous-traitants locaux. Nous commencerons par les produits nouveaux". Les études sont en cours, les premières réalisations devraient se concrétiser d'ici trois ans. Elles pourraient se combiner à un autre projet majeur : un troisième pied sur lequel s'appuyer après Sophie la Girafe et Klorofil. "Vulli, c'est l'histoire d'une maison qui a été frappée deux fois par la foudre. Pourquoi pas une troisième ? ", sourit Eric Rossi, sans vouloir en dire plus sur le sujet.