Nicolas Dufourcq (Bpifrance) : "Dirigeants, c'est le moment d'investir"
Quels sont vos objectifs de rentabilité?
Ils sont compris entre 3,5 et 4% sur l'ensemble de nos activités. En 2013 et 2014, nous avons fait 4%, tandis qu'en 2015 nous sommes montés à 6,5%... car la rentabilité dépend énormément des plus-values réalisées sur des cessions de participation.
Sur la partie strictement bancaire, crédit et prêt, nous atteignons 7%, contre 10% pour une banque classique. C'est cette différence qui nous permet de prendre beaucoup plus de risques.
Comment Bpifrance parvient-elle à concilier deux objectifs parfois contradictoires, à savoir atteindre ses objectifs de rentabilité et soutenir des entreprises dites risquées?
Déjà, il faut savoir que nous ne finançons que des entreprises saines. Mais lorsque nos clients rencontrent des difficultés, nous ne les abandonnons pas. Cette fidélité et cette loyauté qui nous caractérisent, nous la devons aux cordes de rappel de l'État.
En mer calme, tous les bateaux sortent, c'est la régate, c'est formidable. Mais dans la tempête, tous rentrent au port, seul un reste en mer, c'est Bpifrance. Nous sommes des banquiers patients qui, tel le guide de haute montagne, restent avec leur client quelle que soit la météo.
En quoi Bpifrance est-elle différente des acteurs bancaires traditionnels?
Nous faisons de la psychobanque, c'est-à-dire que nous traitons le sujet de l'investissement comme il doit l'être, à savoir par la psychologie. Lorsque vous achetez un canapé, c'est que tout va bien chez vous. L'entrepreneur, c'est exactement la même chose. Quand il décide d'acquérir une machine, de changer son système informatique, c'est que son horizon s'est éclairci.
En 2012 et 2013, face à la vision très morose du business, nous avons dû commencer par dédramatiser, expliquer la situation, redonner confiance et apaiser non seulement les peurs, mais aussi un certain nombre de colères. Depuis, nous avons accru nos missions d'accompagnement pour atteindre sur l'année 900, contre 200 en 2015. Les entrepreneurs peuvent être méfiants envers les consultants, mais ceux qui se prêtent au jeu découvrent l'énorme valeur du conseil.
Notre rôle est de mettre en relation les uns avec les autres, de faire tomber les préjugés, d'accompagner les PME françaises dans les défis de la transformation digitale, de l'innovation et de l'export. Et cette offre, aucune autre banque ne la propose.
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