[Dossier] 8 dispositifs pour optimiser votre financement
Un ratio encore plus élevé pour Laurence Méhaignerie: "Chez nous, cela se décide à 80% sur l'homme qui va porter le projet." Elle se souvient encore d'une de ses plus grandes fiertés: avoir parié sur la vision d'un entrepreneur du Web qui voulait reprendre et repartir de zéro avec la base clients et la marque de la Camif. "Son idée, c'était de quitter la vente par correspondance traditionnelle pour devenir un spécialiste de l'équipement de la maison sur le Net, avec un parcours client axé sur le sens qu'on donne à ses achats en termes d'emploi local, etc. On a pensé que c'était créateur de valeur."
L'investisseur, il faut le faire rêver
Victoria Dorgnon-Lambert, directrice des opérations chez E-loue.com, marketplace de location de tous types de biens lancée en 2009, met, avec Alexandre Woog et Benoît Wojciechowski, les deux cofondateurs, toute son énergie "à évangéliser le projet. Nous avons d'ailleurs pris un virage au moment de la deuxième levée de fonds de 2 M€ en 2014, en ouvrant le service aux entreprises". Après cette révision du business model, l'entreprise compte aujourd'hui une vingtaine de salariés et prépare un troisième tour de table qu'elle espère "plus conséquent". Une énergie qu'il faut dépenser sans compter: "L'investisseur, il faut le faire rêver", formule Hervé Bazin de Bpifrance.
5. Venture loan
Autre possibilité pour les entreprises en forte croissance, le venture loan, un financement innovant né dans les années quatre-vingt aux États-Unis, arrivé il y a quelques années en France, où il est pratiqué notamment par la banque Wormser Frères."Cette possibilité s'adresse aux entreprises en forte croissance, typiquement des start-up en post-amorçage", souligne Marc Wormser, directeur général délégué. Pour y répondre, il faut remplir quatre critères: apporter la preuve économique du concept - "on se base sur un chiffre d'affaires annuel de 500 k€ minimum" -, présenter des perspectives de développement significatives, avoir déjà atteint la rentabilité ou être en passe de l'atteindre dans les prochains mois, réaliser simultanément ou juste avant des investissements en capital.
La banque peut alors apporter de 250 000 à 1,5 million d'euros dans deux cadres. "Soit on vient en complément d'une levée de fonds, à hauteur maximale d'un euro pour deux euros d'equity, ce qui permet d'augmenter la levée en diminuant au maximum la dilution; soit, pour des sociétés plus matures qui réalisent déjà quelques millions d'euros de chiffre d'affaires, un bridge to profitability." Au coeur de l'analyse du projet, "quels que soient le contexte et le secteur, la société doit être capable de nous rembourser par son activité, et nous, nous sommes là pour la pérenniser. Le prêt est signé pour quatre ans, avec une année de franchise en capital, où elle ne paye que les intérêts, et ensuite un remboursement du prêt avec des échéances constantes." Les sociétés ainsi financées alors qu'elles ne sont pas encore éligibles à des prêts classiques rémunèrent la banque à un taux fixe de 8 à 10%, et via l'émission de BSA.
6. Fiducie
Autre outil introduit récemment en droit français, la fiducie, "reine des sûretés" selon Stéphan Catoire, fondateur d'Equitis gestion et président de l'Association française des fiduciaires. Et ce, tant pour le prêteur que pour l'emprunteur. "À l'échéance du crédit, le bien revient dans son patrimoine. En revanche, s'il est défaillant, la convention est résistante aux procédures collectives." Elle peut porter sur des biens immobiliers mais aussi des stocks de produits finis, qui vont sortir du bilan. Un dispositif encore sous-utilisé, à hauteur de 10 milliards d'euros, mais "plus sécurisant pour tout le monde, notamment en cas de difficulté". Le fiduciaire "est là pour faire respecter l'accord entre les parties, des contrats qui peuvent durer d'une journée à 99 ans".
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