Les meilleurs "trucs" pour monter son truck
Alléché par la mode des food trucks, vous souhaitez vous aussi tenter l'aventure du commerce mobile ? Nos conseils pour éviter à votre projet d'entreprise, la sortie de route.
Je m'abonne41. C'est le nombre de nouveaux emplacements que souhaite réserver aux food trucks la Ville de Paris, qui vient de boucler, lundi 18 mai 2015, un appel à projets. Un véritable appel d'air pour les professionnels. Ces derniers, selon l'ouvrage, "Monter son food truck, mode d'emploi'' paru chez Eyrolles en avril 2015, sont pour beaucoup "des jeunes de 25 à 45 ans avec un point commun : [la volonté de] changer de vie''. Issus ''parfois de familles de commerçants où prévaut la tradition familiale" et également "du milieu de la création d'entreprise" - autrement dit ayant un profil de jeunes entrepreneurs plutôt que de commerçants confirmés - ceux-ci sont avant tout motivés par "le défi personnel et la volonté de se réaliser".
Par ailleurs, force est de constater que, si les concepts de restauration sont particulièrement prisés par ces derniers, d'autres domaines sont également concernés par cette tendance venue des États-Unis. "Le truck peut être intéressant pour des boutiques positionnées dans la mode ou dans la beauté. Il peut devenir un outil de communication et d'animation commerciale intéressant et avoir des retombées bénéfiques sur leur image", confie Guilhem Bertholet, spécialiste de l'entrepreneuriat, co-auteur du livre avec Richard Volodarski et Alexandre Grevet.
1. Valider son projet sur le terrain
Quel que soit le secteur plébiscité, votre projet doit, en premier lieu, répondre à un besoin, validé par une étude de marché. Cependant, pour être sûr qu'il existe une demande, il ne suffit pas d'appliquer les méthodes traditionnelles. Compte tenu des spécificités des projets de commerce itinérant, leur réussite " dépend d'une adéquation entre un emplacement et une offre ", souligne Richard Volodarski, dirigeant de E-principe, agence de conseil et formation en digital et marketing et auteur de l'ouvrage. D'où la nécessité, pour valider cela, de mener un véritable travail de terrain en se rendant à l'emplacement convoité pour compter et détailler la typologie des passants, futurs prospects... " Un vrai travail d'observation, de détective ", note l'expert.
Un travail qu'il n'est pas conseillé de déléguer à un tiers, tout fastidieux qu'il puisse paraître. Et qui ne vous garantit pas, en dépit de tous les efforts déployés, que le terrain sera à vous. Sachez en effet qu'obtenir un emplacement sur la voie publique peut relever du parcours du combattant, vu le nombre de places proposées (limitées) et les demandes (en hausse). " Pour mettre toutes les chances de son côté, il faut montrer que l'on respecte les conditions d'hygiène, mettre en avant les stages faits dans ce domaine, glisser dans son dossier de candidature des visuels du camion ", conseille Richard Volodarski. Autrement dit, mettre à disposition un maximum d'éléments pour prouver la solidité de son projet.
Visuel : Le Boudoir des Cocottes >> retrouvez le témoignage en page 3 de cet article
2. Solliciter les autorisations nécessaires
Au-delà d'une idée innovante, monter son truck nécessite aussi d'obtenir au préalable un certain nombre d'autorisations. " La première chose à faire est de s'immatriculer au registre du commerce et des sociétés ", explique Julie Uzan-Naulin, chargée d'études au département droit public économique de la CCI Paris Ile-de-France. Une démarche familière aux commerçants.
Il vous faudra ensuite demander votre carte de commerçant ambulant (15 euros) auprès du Centre de formalités des entreprises (CFE) et enfin un permis de stationner auprès de votre mairie (coûts très variables selon les villes). À moins toutefois que vous choisissiez - par manque de place ailleurs - de vous installer sur une surface privée telle un parking de société ou de centre commercial, auquel cas votre interlocuteur sera le gestionnaire du terrain convoité.
Rien d'autre. "Concernant le droit à accueillir du public ou encore les règles sanitaires, ce sont les dispositions traditionnelles qui s'appliquent ", précise la spécialiste en droit.
3. Bien choisir son truck
Côté véhicule, rien ne doit être laissé au hasard non plus. " Pour débuter, je vous recommande la location de camion plutôt que l'achat afin de tester la validité de votre concept ", préconise Richard Volodarski. Celle-ci vous reviendra en moyenne à 700 euros la semaine de location.
Au bout de quelques mois, si votre concept tient la route, il sera temps de passer à l'achat. Avec un budget de 40 000 à 50 000 euros, préférez un camion d'occasion plutôt que neuf. C'est le choix que font 66 % des professionnels qui se lancent dans l'aventure. " Votre premier achat peut être tout équipé. Cela permettra de vous forger une expérience et de lister ce dont vous aurez besoin ultérieurement si l'expérience se prolonge ", précise le spécialiste.
Dans les deux cas, vous pouvez vous rendre sur les sites moncamionresto.com (vente et location de camions restaurants) ou euromag-magasin.com (vente neuf et occasion et location camions tous domaines) et miser sur des marques spécialisées ou grand public telles que Renault Trucks.
4. Planifier son budget
Reste la question du budget. Prévoyez que votre camion (40 000 à 50 000 euros) constitue votre principal pôle de dépense. S'il est possible d'obtenir des aides auprès des banques notamment, nombreux sont les professionnels - d'anciens cadres reconvertis - qui s'appuient sur un apport personnel pour lancer leur entreprise. Une façon de sécuriser leur projet.
Elles imaginent des soins de beauté itinérants
Vintage et rose pastel, c'est un van repérable de loin qui, depuis 2014, vient s'installer au pied de bureaux à Levallois-Perret et Puteaux (Hauts-de-Seine) pour proposer aux salariées des soins de beauté. À l'origine de ce véhicule atypique, Estelle Bouron et Ingrid Corny, deux spécialistes de la communication itinérante - elles ont notamment conçu un "Bus de presse" partant à la rencontre des journalistes - qui ont mis trois ans à mûrir le concept. " Nous souhaitions faire plaisir aux salariées en leur proposant des soins de beauté express et de qualité dans des zones décentrées ", explique Ingrid Corny.
Jugeant leur idée viable, les deux entrepreneuses se lancent dans la course aux autorisations et à la recherche d'un emplacement. " C'était très dur. Nous avons eu beaucoup de réponses négatives de la part des villes ", regrette la cofondatrice. En revanche, cela s'est avéré plus facile avec le camion : " nous nous sommes appuyées sur notre réseau de spécialistes pour faire les bons choix ".
Pour réussir, les deux entrepreneuses recrutent par ailleurs une esthéticienne et une personne chargée de l'administratif et se constituent en parallèle un réseau d'auto-entrepreneuses. Elles suivent également une formation pour la beauté des mains et des pieds afin de mieux connaître leur univers.
C'est leur agence de communication qui finance le projet à hauteur de 150 000 €. À cette somme s'ajoutent deux subventions de fonctionnement du Conseil Général des Hauts de Seine (80 000 €) visant à soutenir le développement de la dimension sociale de leur concept (tarifs bas et accompagnement des femmes souhaitant revenir à la vie active).
Tournées vers le futur, elles souhaitent désormais se développer en vendant des licences et prévoient également, dans les mois à venir, d'ouvrir un point de vente éphémère à Paris intra-muros pour faire connaître leur offre et développer la notoriété de leur marque. Elles projettent, par ailleurs, de lancer une école de formation pour les esthéticiennes.
Repères
Raison sociale : SAS Le Boudoir des Cocottes
Activité : soins de beauté (pose de vernis, maquillage, épilation)
Siège social : Nanterre (Hauts-de-Seine)
Année de création : 2014
Dirigeantes : Estelle Bouron, et Ingrid Corny, 41 ans
Effectif : 2 salariés
CA prévisionnel 2015 : NC