[Interview] Yves Hiernaux : "Je n'ai jamais rêvé d'être entrepreneur"
Qu'est-ce que BRAND VOICE ?
Depuis 14 ans, Yves Hiernaux dirige Beebole, une PME spécialisée dans le suivi du temps de travail et de la productivité. Pourtant, cet amoureux de la montagne n'avait jamais rêvé de devenir entrepreneur. Rencontre.
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Peux-tu nous raconter les débuts de ton entreprise ?
Beebole est née en 2008. A l'époque, j'avais pris la décision de déménager à l'étranger pour des raisons personnelles et je me posais beaucoup de questions sur la suite de ma carrière. C'est à ce moment que mon futur associé Mic Cvilic m'a proposé de monter une entreprise. C'était la première fois que j'explorais cette piste. L'idée de devenir entrepreneur ne m'avait jamais traversé l'esprit auparavant. Mais j'ai été séduit par la proposition de Mic. Après une présentation pour notre ancien employeur à Londres, nous nous sommes retrouvés dans un bar et avons discuté du projet. Nous avons écrit les grandes lignes sur une serviette en papier et nous nous sommes serrés la main : Beebole était née.
Pourquoi se lancer à ce moment ?
A la fin des années 2000, nous vivons un moment charnière dans le web. On commence à parler du cloud et les premières solutions SaaS (Software as a Service) voient le jour. C'est un vrai changement de paradigme. Le principe du Saas permet de démocratiser les logiciels informatiques car il réduit drastiquement les coûts et difficultés liés au hardware. En outre, nous avions identifié dans nos expériences précédentes un véritable manque de solutions de gestion de temps adaptées aux PME. Il y avait donc une place à prendre pour Beebole, un outil SaaS simple, efficace et accessible.
C'est l'histoire d'une start-up de la tech qui a trouvé sa niche ?
Non, je n'ai d'ailleurs jamais considéré Beebole comme une "start-up". Certes, nous avons joué le jeu au tout début, avons rencontré des investisseurs, obtenu des rendez-vous, nous nous sommes même posé la question d'une levée de fonds... Mais la perspective de ce business model ne nous convenait pas. Avec Mic, on voulait développer le projet à notre façon, et surtout éviter d'avoir des personnes autour de la table qui nous forcent dans une direction.
Qu'est-ce qui vous distingue d'une start-up ?
A part le fait que nous n'ayons jamais fait de levée de fonds ? Il y a quelque chose de plus profond, une culture que nous avons réussi à insuffler. Beebole a évolué au fil des années vers une société qui est aussi un lieu de vie, où chaque membre de l'équipe peut exprimer sa manière de vivre. J'aime cette idée que chacun puisse vivre son style de vie dans le cadre de l'entreprise. Le meilleur exemple de cette culture, c'est le fait que nous n'ayons jamais eu de bureaux. Tout le monde travaille d'où il ou elle le souhaite depuis le premier jour.
Au bout de 3 ans, vous êtes tombés à court de liquidités. Comment avez-vous géré cette période ?
D'un point de vue financier, Beebole avait été fondé sur un apport personnel, complété par un prêt de l'Etat pour créateurs d'entreprise et d'un prêt bancaire. Après 3 ans, cet argent était épuisé mais notre société n'était pas encore rentable. J'ai donc décidé de reprendre un travail de consultant, pendant que mes deux associés de l'époque continuaient à développer le produit. Je faisais du consulting de 8h30 à 18h30, puis je travaillais pour Beebole avant ou après. Le rythme était très dur mais mon salaire de consultant permettait de couvrir nos trois salaires au sein de Beebole, et donc de continuer cette aventure. Après 3 ans à jongler entre mon rôle de consultant et celui d'entrepreneur, j'ai réintégré Beebole à temps plein. Et peu après, nous avons recruté notre première collaboratrice.
As-tu eu des moments de doute au cours de ces 14 dernières années ?
Non. Il faut souligner que Beebole est en croissance constante depuis 14 ans, et que nous continuons de croître année sur année. Si la croissance s'était arrêtée, mon ressenti aurait sans doute été différent. Il y a eu des moments difficiles, certes, comme la dernière année de consulting. Mais ce retour temporaire dans le monde des entreprises a également été une énorme source de motivation. J'avais tellement de mal à m'imaginer retourner dans un rôle de salarié que j'ai tout fait pour réussir avec Beebole.
Justement, dirais-tu aujourd'hui que Beebole est une réussite ?
Oui car cela fait 14 ans que Beebole existe, notre croissance est continue, les clients sont satisfaits et nos équipes heureuses. Je suis fier de ce que nous avons accompli.
Quels conseils pourrais-tu donner aux entrepreneurs qui aimeraient se lancer ?
En un mot, la résilience. Dans un projet entrepreneurial, le doute peut exister. Soyez résilient et essayez de transformer ce doute en réflexion sur le contenu de votre société ou de votre produit. Est-ce qu'on fait les choses correctement ? Doit-on changer quelque chose ? Si oui, quoi ? Comment ? Avec qui ? Canalisez les doutes vers une autocritique constructive.
Qu'attendre de Beebole en 2022 ?
Comme toute entreprise informatique qui commence à avoir un certain âge, Beebole va se réinventer d'un point de vue technologique. Nous allons procéder à une refonte complète de notre infrastructure pour préparer les 10 prochaines années de Beebole. Nous intégrerons de nouvelles fonctionnalités, un nouveau design et peut-être quelques nouveaux concepts, tout en respectant la promesse de Beebole : proposer un outil de gestion des temps et des activités simple, efficace et accessible.
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