[Start-up] Elicci enterre les défunts en musique
Jouer de la musique aux enterrements pour aider les vivants à surmonter la perte d'un proche. Voilà le projet d'Aliette Frangi avec sa start-up Elicci, fondée en mai 2014.
Je m'abonneLa musique adoucit les moeurs... et la douleur. Telle est la conviction d'Aliette Frangi en créant Elicci en mai 2014. Cette start-up propose de faire venir aux enterrements, crémations, veillées funèbres, des musiciens et des chanteurs pour accompagner la cérémonie. "Beaucoup de gens trouvent les obsèques glauques ou industrielles. Mon objectif est d'aider les proches du défunt à entamer leur deuil tout en envoyant un message d'espoir grâce à la musique", explique l'entrepreneuse, soucieuse de monter une activité "porteuse de sens".
Pour valider ce projet atypique, cette diplômée d'école de commerce et de Dauphine en finance, réalise courant 2013 deux études de marché, auprès des pompes funèbres, et des particuliers via un mailing envoyé à 400 contacts. Pour se financer, elle mise sur 5000 euros de fonds propres. "C'était suffisant pour lancer mon activité. Au début, je n'ai démarché aucun investisseur. Je n'ai pas touché d'aides ou réalisé de levée de fonds. Je n'avais pas grand-chose à payer", affirme l'ex-consultante, qui investit cette somme dans les démarches administratives (600 à 700 €), dans des supports de communication (500 €) ainsi que dans du mobilier pour s'aménager un bureau dans son appartement parisien. Rien, en revanche, dans son site Web, réalisé par son frère et associé en amont du lancement de l'activité.
Sa première cérémonie, Aliette Frangi la "décroche" grâce à un proche. Cependant, ce sont via les pompes funèbres qu'elle trouve la plupart de ses clients. La jeune entrepreneuse en approche près de 130 en Ile-de-France. Ce réseau commercialise directement ses services, lesquels sont facturés entre 289 et 1500 euros à la clientèle. "J'ai commencé par cibler les petites structures indépendantes en leur offrant un moyen de se différencier face aux plus importantes", précise la jeune femme qui trouve aujourd'hui 80 % de ses clients par ce biais et 20 % en direct (bouche à oreille, articles de presse, Internet). Elle souhaiterait cependant "ramener la proportion à 50/50" notamment en refondant son site Web.
En parallèle, l'entrepreneuse se constitue un réseau de musiciens. Pour cela, cette violoniste de longue date, passée par plusieurs formations musicales en France et à l'étranger, pioche d'abord dans ses contacts. "Les musiciens ne sont pas difficiles à convaincre. Je leur offre la possibilité de toucher des cachets en journée et en semaine pour compléter leurs revenus", assure la dirigeante. Mais pour elle, la tâche la plus ardue se situe ailleurs : dans la sélection. En effet, les "artistes" sont systématiquement auditionnés, et choisis selon leur parcours, leur réactivité... et leur mental. "Je ne veux pas qu'ils soient torturés. Ils sont là pour apaiser les gens", insiste celle qui travaille aujourd'hui avec 80 personnes.
Se développer à Toulouse
Après quelques mois, le bilan est positif. Pour preuve, même si les prévisions de départ ne sont pas atteintes, le chiffre d'affaire a quadruplé entre novembre 2014 et février 2015. Désormais, la priorité de la jeune femme est d'étendre sa zone d'action hors Ile-de-France, en premier lieu vers Toulouse, "une ville sensible à la culture et disposant d'un très bon Conservatoire". Un projet pour lequel elle souhaiterait s'associer à un autre entrepreneur. Pour son développement, elle pourrait envisager d'autres moyens de financement : levée de fonds, business angels, ou même crowdfunding.
Elicci
Activité : prestations musicales avec présence de musiciens aux cérémonies funérairesVille : Villeneuve-le-Comte (77)
Forme juridique : SARL
Dirigeante : Aliette Frangi, 28 ans
Date de création : mai 2014
Effectif : 1 personne
CA prévisionnel 2015 : 100 k€