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RSE : bon pour la terre et bon pour les affaires
Gagnant-Gagnant. C'est l'équation qu'ont atteint ces PME par leur démarche RSE. Leurs dirigeants ont su en effet transformer leur engagement social et environnemental en levier de business. Découvrez comment.
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"En 2014, ma politique RSE m'a fait gagner 15% de CA"
C'est toute l'activité de Cleaning Bio que Yann Orpin, son gérant, a teintée de RSE. ISO 26 000 et labellisée LUCIE depuis 2011 et 2012, l'entreprise de nettoyage n'embauche que des salariés en CDI à qui elle offre un accompagnement dans leurs démarches administratives. Sur les 200 employés (140 équivalents temps plein), 20 % sont en situation de handicap. La SARL s'engage par ailleurs à n'utiliser que des produits écologiques. Et ça marche. "Déjà, nous séduisons, de fait, les entreprises sensibilisées au développement durable. Sans oublier celles séduites par notre management solidaire et responsable, ainsi que notre parti pris environnemental", poursuit Yann Orpin.
Cette démarche lui a permis de convaincre un entrepreneur de lui vendre, en juin 2013, sa structure. Une opération de croissance externe plus que gagnante : basée dans le Pas-de-Calais et employant 30 salariés, l'entreprise, également spécialisée dans le nettoyage, a atteint, en 2014, 600 K€ de chiffre d'affaires (CA), soit le double de 2013. De son côté, Cleaning Bio a accru son CA de 15 %.
"Mon engagement a séduit le zoo de Vincennes"
Pour Olivier Beduelle, l'herbe n'est pas plus verte ailleurs. De 40 salariés en 2009, son entreprise d'aménagement paysager, Vert Deco, en emploie aujourd'hui 65. Un succès que le gérant de la SARL explique par sa stratégie RSE très volontariste : " Cet engagement me permet, en interne, de rassembler autour d'une structure socialement et écologiquement responsable, tout en représentant un sacré avantage concurrentiel". Surtout qu'à l'en croire, tous les appels privés contiennent des critères de RSE. Et si les pouvoirs publics y faisaient jusqu'ici rarement référence, les choses sont en train de changer.
La preuve : l'obtention du marché de la serre du zoo de Vincennes. "Notre vision environnementale sur la biodiversité nous a démarqués. Et une fois short listé, il est beaucoup plus facile de convaincre les donneurs d'ordres", poursuit Olivier Beduelle. Il est donc revenu à la PME francilienne, basée à Magny-les-Hameaux, de fournir, pour la serre, 2 500 m3 de terre et 4 000 m2 de végétaux et les 250 arbres et plantes de 3 à 15 mètres de hauteur. Un business qui a permis à Vert Deco, de dépasser, en 2013, les 6,6 millions d'euros. Créée en 1987, la société a obtenu, en août dernier, d'Afnor Certifications, l'Afaq 26 000 délivrée selon les critères de l'ISO 26 000.
"L'évaluation a apporté un nouveau souffle"
En juillet 2012, Régate et Régabât sont devenues les premières coopératives d'activités et d'emploi (CAE) ISO 26 000 de France. Les deux structures, dont les CA cumulés ont dépassé les 4 M€ en 2013, sont regroupées dans une SCOP, créée en 1999 et basée à Castres. Leur mission : accompagner les entrepreneurs du Tarn dans le développement de leur activité, tout en les hébergeant juridiquement et comptablement.
Et aussi, leur montrer l'exemple. "Menée avec Afnor Certification, l'évaluation a apporté un nouveau souffle. Les 150 entrepreneurs salariés que nous encadrons sont maintenant conscients que leurs pratiques sont pertinentes", se félicite Félicie Domène, la gérante associée. Soucieuse de ne pas en rester là, la structure prévoit un guide QSE (Qualité-Sécurité-Environnement) pour que les débutants s'inspirent des bonnes pratiques déjà éprouvées.
"Nous remportons des appels d'offre grâce à notre politique RSE"
"Nous travaillons à 70 % pour des marchés publics. La moitié de notre chiffre d'affaires (soit environ 2,5 M€) provient de l'activité pompiers notamment. Et, dans leurs appels d'offre, 15 % de leurs critères portent sur l'engagement RSE, détaille Laurent Brunas, dirigeant de la Manufacture Regain, société spécialisée dans la fabrication d'uniformes et de tenues de travail. Notre politique en la matière est notre valeur ajoutée et c'est souvent ce qui fait la différence pour remporter une affaire."
Dès lors, les 10 k€ annuels pour le pilotage en interne de la RSE (et l'audit tous les 18 mois) se révèlent clairement amortis. La Manufacture Regain s'est engagée sur la qualité dès 1993, en obtenant l'ISO 9001. Puis, en novembre 2011, elle obtient l'ISO 26000 et, en 2012, se fait labelliser Lucie. Une montée en puissance dans son engagement durable qui se poursuit parallèlement par des actions concrètes, dont l'instauration d'une économie circulaire.
"Nous récupérons les uniformes en fin de vie et les revalorisons en fibre isolante pour le secteur du bâtiment", décrit le dirigeant. Le gain est éthique et pécuniaire, un duo gagnant pour le fabricant de maille, qui voit dans la RSE une source de performance.
"Sans RSE, vous mettez en péril votre structure"
Directeur commercial d'Afnor Certification, organisme d'évaluation de la RSE, c'est au jour le jour qu'Alain Jounot constate la rentabilité de cette dernière. "Dans mon service, j'ai un très faible turnover. L'économie est de taille quand on sait qu'un commercial qui part, cela représente un coût net de 30 000 à 50 000 €", insiste-t-il. Seulement voilà, les dirigeants de PME peinent à se lancer, souvent par manque de temps ou réticence face à des procédures jugées complexes.
Et, ce faisant, renoncent à de nombreux bénéfices. "En impliquant toutes leurs parties prenantes, les entreprises mènent un très efficace marketing stratégique, tout en optimisant la cohésion d'équipe et en formalisant leur discours", détaille l'auteur d'"Entreprises performantes et responsables, c'est possible".
Autant d'arguments qui devraient convaincre les plus récalcitrants. "Si la RSE est déjà un outil plus qu'efficace, elle sera bientôt indispensable, assure-t-il. À l'image de l'aéronautique, tous les appels d'offres publics et privés exigeront des preuves d'engagement RSE. Si vous tardez trop, c'est la pérennité de votre structure que vous mettez en péril."
