Jean-Pierre Crouzet, un homme de convictions
Jean-Pierre Crouzet a pris la présidence de l'UPA en janvier 2013. Boulanger de formation, il a mené de front une carrière exemplaire et un fort investissement dans les organisations professionnelles. Son cheval de bataille : développer la place du social dans l'artisanat.
Je m'abonneAu premier abord, l'homme semble discret, presque timide dans son costume sombre. Dès qu'il se met à parler d'artisanat, en revanche, le verbe lui vient. À 70 ans, le président de l'Union professionnelle artisanale (UPA) est toujours animé de la passion de ses débuts. La boulangerie était un choix de coeur. Tout jeune déjà, il adorait flâner près du fournil de son village. "Je suis devenu boulanger à 14 ans, contre l'avis de ma mère qui m'élevait seule après le décès de mon père", se remémore-t-il. Avec l'expérience, Jean-Pierre Crouzet considère qu'à cet âge, il manquait de connaissances générales pour pouvoir, à terme, gérer une affaire : "Il m'a fallu ramer pour combler mes lacunes", avoue-t-il.
Sa première affaire, il l'ouvre au Dorat, en Haute-Vienne, en mai 1965. Il n'a alors que 22 ans. Six ans plus tard, la boulangerie compte trois employés. L'entreprise est prospère et amortie. Il s'en sépare en 1972 pour se lancer un nouveau défi : la reprise d'une autre boulangerie, en centre-ville de Niort, l'Epi niortais. "Le commerce se situait sur une place de la commune, entre la Foire Exposition et la Sécurité sociale. Un lieu idéal. Seulement, juste après avoir signé, le vendeur m'a expliqué que j'avais fait une erreur monumentale ! La foire et la sécu devaient déménager. Pourtant, quand j'ai revendu mon commerce en 2012, j'avais 25 personnes sous mes ordres, avec quatre points de vente", savoure l'artisan.
Pour Jean-Pierre Crouzet, cette réussite vient surtout du travail. Mais aussi de la confiance qu'il a accordée à ses salariés. Car, dès 1981, l'homme prend des fonctions de conseiller prud'homal à Niort et est de moins en moins présent dans son point de vente. "J'ai souhaité responsabiliser toute mon équipe, avec un noyau dur, sans chef désigné. J'ai délégué des tâches à chacun en fonction de leurs compétences. Finalement, c'est ça l'esprit artisanal !", affirme-t-il.
Replacer l'humain dans l'entreprise
Au final, le Jean-Pierre Crouzet siège au conseil des prud'hommes pendant 15 ans, se formant par ses lectures à cette nouvelle activité. Il prend ensuite différentes fonctions départementales, comme administrateur de la Caf ou président de l'Urssaf. Au début des années 90, il siège à la commission sociale de la fédération de la boulangerie, à Paris et en prend la présidence six ans plus tard. Avec le recul, Jean-Pierre Crouzet ne regrette pas un instant son engagement "dans le social". "J'y ai appris ce que représentent les relations humaines dans l'entreprise", analyse-t-il.
Aujourd'hui, si l'artisan est quatre jours par semaine à Paris pour assurer ses fonctions, il ressent toujours autant le besoin d'être présent dans sa nouvelle entreprise, les Pains de la Fontaine, en Côte-d'Or. "C'est la base du métier. J'ai arrêté de travailler deux mois en 2012, mais l'addiction était trop forte", admet-il. Avec un sourire discret, l'homme avoue diriger désormais son nouveau commerce en cogérance avec sa compagne. Jean-Pierre Crouzet n'est vraiment plus seul dans sa boulangerie.
1943 : Naissance à Aytré (Charente-Maritime)
De 1957 à 1960 : Apprentissage en boulangerie
1965 : Première boulangerie au Dorat (Haute-Vienne)
1972 : Reprend l'Epi niortais à Niort (Deux-Sèvres)
1979 : Débuts de son activité syndicale
1981 : Conseiller prud'homal
1998 : Président de la fédération de la Boulangerie
2010 : Président de la Confédération générale de l'alimentation en détail (CGAD)
2012 : Vend l'Epi Niortais et reprend les Pains de la Fontaine à Fontaine-lès-Dijon (Côte-d'Or)
2013 : Président de l'Union professionnelle artisanale (UPA)