Face au ras-le-bol fiscal, la CGPME appelle les chefs d'entreprise à se présenter aux élections municipales
" Chefs d'entreprise, cessez de vous indigner, agissez ! ", martèle la CGPME depuis le 21 novembre 2013. Face à " l'inflation fiscale ", l'organisation patronale appelle à son tour les patrons à se mobiliser massivement en se présentant aux prochaines élections municipales.
Je m'abonneQuelques semaines après la levée de boucliers de l'UPA, la CGPME lance un appel aux chefs d'entreprise, depuis le 21 novembre dernier : pour faire entendre leur voix, elle les enjoint à se présenter candidats aux prochaines élections municipales.
Une initiative rare dans l'univers du monde patronal. Et risquée, qui plus est. Appeler les entrepreneurs à défendre eux-mêmes leurs intérêts ne constitue-t-il pas au final un aveu d'échec de l'action menée depuis des mois par la CGPME auprès du gouvernement ?
"Agir là où les décisions se prennent"
" Non pas du tout, rétorque Jean-Eudes du Mesnil du Buisson, secrétaire général de la CGPME. Cet appel s'inscrit dans la continuité de notre action. S'il y a constat d'échec, c'est plutôt du côté des décideurs politiques. Malgré nos efforts et nos mises en garde répétées, on assiste à une véritable inflation fiscale. Les chefs d'entreprise ont le sentiment de ne pas être écoutés et le font aujourd'hui savoir dans la rue. À un moment donné, il faut aller plus loin et agir là où se prennent les décisions politiques. Les dirigeants d'entreprise ont aussi leur part de responsabilité dans l'affaire. "
Aller plus loin. Et tenter d'éviter par là même une radicalisation de certains petits patrons qui pourraient être tentés d'entamer une grève fiscale comme le propose notamment le mouvement des Tondus, ou même de répondre à l'appel des sirènes du Front national.
Car, si ce n'est celle de la majorité, sous quelle étiquette appelle donc la CGPME à se mobiliser ? " Aucune, affirme son secrétaire général. Nous n'appelons personne à se présenter sous la bannière de la CGPME ou d'un parti politique en particulier. L'important est qu'un maximum de chefs d'entreprise se mobilisent. Dans ce genre d'élections très locales, la majorité des listes sont d'ailleurs menées par des indépendants. "
Un élan de mobilisation général que la CGPME et le Medef avaient déjà tenté d'initier en octobre dernier en lançant le mouvement des "patrons militants".
"Desserrer l'étau fiscal"
Pour une organisation qui se revendique elle-même comme non partisane, appeler les entrepreneurs à lutter contre la politique fiscale actuelle présente un autre risque : braquer la majorité et risquer de bloquer le dialogue engagé avec les élus en place.
" Nous tenons à maintenir ce lien de dialogue avec le gouvernement et le Parlement. D'ailleurs, le problème de l'inflation fiscale ne date pas d'hier et n'est pas dû à une majorité en particulier. Mais il faut aussi que le gouvernement prenne conscience dès aujourd'hui de la réalité du terrain et applique des mesures d'urgence pour lever l'étau fiscal qui pèse sur les entreprises aujourd'hui afin de relancer la croissance. Augmenter les impôts n'est pas las seule alternative. On peut aussi réfléchir à réduire les dépenses. "
Ce message, les représentants de la CGPME devaient le défendre devant le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, ce jeudi 28 novembre, dans le cadre des concertations sur la remise à plat du système fiscal. Parmi les principales revendications de la confédération : la baisse de l'impôt sur les sociétés, la non rétroactivité de la fiscalité ou encore la mise en place d'un "bouclier social" visant à plafonner les charges sociales des entreprises.
Certains entrepreneurs, comme Denis Payre et son parti "Nous citoyens", ou Nicolas Doucerain n'ont pas attendu cet appel pour s'engager sur la voie du militantisme politique. Un chemin pourtant encore très peu emprunté par la majorité des dirigeants, au regard du très faible nombre de chefs d'entreprise endossant des mandats de députés (18 sur 577) et de sénateurs (21 sur 348).
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