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Entreprises du bâtiment : les marges nettes se dégradent

Publié par Carine Guicheteau le

KPMG, cabinet d'audit, d'expertise comptable et de conseil, publie son étude “Tendances et perspectives du bâtiment” qui mesure la santé économique des entreprises du secteur. Résultats.

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Pour la 16e année, KPMG, cabinet français d'audit, d'expertise comptable et de conseil, publie son étude “Tendances et perspectives du bâtiment” qui mesure la santé économique des entreprises du secteur. Si celles-ci affichent encore une bonne santé financière en 2008, certains ratios laissent entrevoir une érosion de la rentabilité, première manifestation de la récession.

L’étude révèle que les entreprises du BTP ont enregistré une croissance de leur chiffre d’affaires d’un peu plus de 5% en moyenne en 2008, principalement grâce à des carnets de commandes bien garnis lors des trois premiers trimestres de l’année et des conditions climatiques favorables début 2008. Ce résultat a été obtenu malgré une baisse sensible des mises en chantier de logements neufs – passées de 437 000 en 2007 à 379 000 en 2008 – et de bâtiments non-résidentiels (– 18,8%). Les premiers effets de la crise économique n’ont été ressentis qu’au dernier trimestre 2008, au fur et à mesure que les chantiers se terminaient.

Les fonds propres des entreprises soumises à l’impôt sur les sociétés (IS) représentent entre 86 et 89 % des capitaux permanents, soit un niveau relativement élevé, ce qui est rassurant à la veille d’une entrée en récession. La situation des entreprises soumises à l’impôt sur le revenu (IR) est plus contrastée. L’autonomie financière a diminué pour les segments du “Gros œuvre” (75,38%) et de la “Menuiserie-serrurerie” (77,56%) alors que la "Couverture, plomberie, sanitaire, électricité" reste relativement stable (82,02%) et que la menuiserie-serrurerie est plus autonome (90,66%).

Les prémices de la crise se font également ressentir sur la marge nette des entreprises, plus particulièrement pour celles soumises à l’IR. La tendance baissière s’explique par un double phénomène : la hausse du prix des matériaux et de l’énergie et les réductions de prix que les entreprises commencent à appliquer au quatrième trimestre pour remporter de nouveaux marchés. Malgré cinq ans de progression de l’activité, la rentabilité des entreprises n’a pas beaucoup augmenté. Ce paradoxe s’explique notamment par la forte croissance des effectifs et des salaires au cours de cette période.

Certes, l’évolution des charges de personnel est encore positive, de l’ordre de 3,9% en moyenne pour les entreprises soumises à l’IS et de 7,7% pour les entreprises à l’IR, mais la tendance est à la décélération après plusieurs années de forte croissance. En matière d’effectif, les entreprises du bâtiment ont créé 20 000 emplois permanents tout en supprimant 6 500 emplois intérimaires, ce qui constitue le signe d’un premier ajustement face à la crise naissante. D’ailleurs, la hausse des salaires est restée limitée à 3,3% dans un contexte d’inflation relativement soutenue en 2008.

Au final, le poids des charges de personnel dans l’activité a une nouvelle fois baissé, la hausse des coûts salariaux étant compensée par une amélioration continue de la productivité du personnel grâce aux efforts de formation du personnel, à l’évolution technique des matériaux qui sont plus faciles à mettre en œuvre, à l’utilisation de matériels de chantier plus performants.

Le taux de marge sur matières des entreprises du BTP est revenu en 2008 à son niveau le plus bas depuis 2004. Cette dégradation s’explique par la poursuite de la hausse des matières premières qui a provoqué une augmentation sensible du prix des matériaux de construction, avec un pic du prix du baril de pétrole en juin 2008. Or, les entreprises n’ont pas été en mesure de répercuter l’ensemble de ces hausses à leurs clients, d’où la poursuite de l’érosion de la marge.

La santé financière des entreprises reste relativement confortable fin 2008 même si, au final, le secteur a enregistré 12 069 faillites durant l’année – soit une hausse de 19,4% sur un an – touchant les entreprises les plus fragiles. Il ne s’agit donc pas d’un effondrement mais d’une fragilisation progressive des entreprises du bâtiment.

La loi Scellier, votée fin 2008, a permis de relancer les programmes de logements neufs en subventionnant l’investissement locatif. Les réservations de logements neufs ont progressé de 29% au deuxième trimestre 2009 par rapport au deuxième trimestre 2008 mais ces ventes ne se traduiront par de nouvelles mises en chantier que fin 2009, début 2010.

Le Grenelle de l’environnement devrait apporter un volume de croissance durable jusqu’en 2020 pour les entreprises qui intègreront les économies d’énergie dans leur activité.

 
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