Développer l'entrepreneuriat étudiant : des initiatives, mention peut encore mieux faire
Les grandes écoles s'ouvrent lentement mais sûrement à l'entrepreneuriat. Depuis quelques années, des cours d'entrepreneuriat et des initiatives fleurissent pour favoriser l'esprit d'entreprendre. Le point avec la Conférence des Grandes écoles et CCI Entreprendre.
Je m'abonneAujourd'hui près de 97 % des grandes écoles déclarent favoriser l’entrepreneuriat chez les jeunes, c’est-à-dire qu’elles dispensent des enseignements en entrepreneuriat, selon l'enquête nationale de la Conférence des Grandes écoles (CGE), présentée le 27 septembre 2102.
Les pionnières en la matière ? Les écoles de management. Cette orientation vers l’entrepreneuriat s’est opérée au fil des années mais deux grandes vagues ont été identifiées :
- entre 1977 et 2006 pour les écoles de management ;
- entre 1993 et aujourd’hui pour les écoles d’ingénieurs.
Qu'apprend-on en cours d'entrepreneuriat ?
Parmi toutes les attitudes entrepreneuriales développées par les enseignements en entrepreneuriat, les objectifs sont centrés sur le dynamisme, l’esprit d’initiative, de développement de soi-même et l’autonomie. Quant aux savoir-faire développés, les premiers objectifs sont clairement présentés comme ayant trait aux capacités de créativité, d’innovation et de management de projet.
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Par ailleurs, un axe important concerne l’accompagnement de projets portés par les étudiants. D'ailleurs, aujourd'hui, on compte 30 incubateurs d'entreprises en activité et 3 164 projets en incubation entre 2000 et fin 2011*. De quoi permettre l'éclosion de beaux projets...
Plus de concret dans les enseignements
Les enseignements dispensés font la part belle à l'expérience. "Au-delà des outils techniques et méthodologiques parfois nécessaires, l’aventure entrepreneuriale est en grande partie faite de chair, de sang et de passion, qu’il s’agisse de témoignages de professionnels, de partage d’expériences de dirigeants charismatiques, de rencontres avec les acteurs du financement et du soutien à l’innovation et à l’entrepreneuriat ou plus simplement d’accompagnement individuel des projets étudiants, de concours, de jeux ou de bien d’autres initiatives, les écoles pratiquent un recours significatif et systématique à des non-professionnels de l’enseignement", précise l'étude.
"C'est la clé, estime, pour sa part, Yves Fouchet, président de CCI Entreprendre, association du réseau des CCI qui travaille sur la création et la transmission d'entreprise. Les formations doivent proposer des enseignements pratiques avec des témoignages et la rencontre avec des praticiens. Il faut mobiliser les entrepreneurs !" Et de citer l'exemple Les défis entrepreneuriat jeunesse, un concept importé du Québec. Il s'agit d'un "apprentissage par la pratique via un jeu de rôle et un travail en communauté sur un projet".
La création d'"entreprises virtuelles" fait son chemin du collège aux grandes écoles, permettant une immersion au cœur de la création et du business et de se confronter à une réalité qui n'est plus si virtuelle.
Créés dans le but de favoriser l'esprit d'entreprendre, les pôles Entrepreneuriat étudiants, sélectionnés et labellisés par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche et le ministère de l'Économie et des Finances, mis en place en 2010, ont vu le jour et ont sensibilisé quelque 350 000 étudiants par l'intermédiaire de jeux de conférences, de réunions et de témoignages. Retrouvez la liste des pôles sur le site de l'APCE.
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Pour quel passage à l'acte ?
Si les initiatives se multiplient ces dix dernières années, les étudiants franchissent-ils le pas ? En moyenne, 41 % des élèves des grandes écoles ayant bénéficié d’un accompagnement de projet entrepreneurial durant leur parcours (30 % en école d’ingénieur et 46 % en école de management) souhaitent poursuivre leur projet entrepreneurial. De plus, en suivant les valeurs obtenues dans cette enquête aux différents stades de maturation des projets étudiants (intention à la sortie, incubation post diplôme puis réalisation), il est également possible de constater que l’envie d’entreprendre s’est réellement concrétisée puisqu’en moyenne 54 % des intentions se sont transformées en incubation de projet et 47 % en créations ou reprises d’entreprises. Enfin, 0,5 % des diplômés créent immédiatement leur entreprise à la sortie de l'école, sans passer par la case salariat, selon la dernière enquête Insertion 2012 de la CGE.
Des efforts restent à faire
"Tout le monde ne pourra pas de devenir entrepreneur, tempère Yves Fouchet (CCI Entreprendre). Et de toute façon, il faut des collaborateurs pour travailler dans les entreprises... Mais je crois, plus largement, qu'il est important de réconcilier et de rapprocher les jeunes et l'entreprise, de sortir de la relation dominé - dominant."
Pour susciter les vocations et plus globalement donner une meilleure information sur le monde de l'entreprise, d'autres impulsions doivent être données, notamment au lycée et en université. "Je suis un pur produit universitaire, je suis donc d'autant plus à l'aise pour vous en parler. Un étudiant en université ne sait pas ce qu'est une entreprise, sa seule confrontation avec cet univers est faite au travers d'un ou deux stages...", déplore Yves Fouchet. Et de proposer : "Il faudrait une option entrepreneuriat au bac. Au bac, toutes sortes d'options sont possibles (équitation, théâtre, langues régionales, VTT...), l'entrepreneuriat me semble autrement plus important. Enfin, il faut revoir le système de formation académique passablement isolé du contexte. Et ne pas oublier que plus la petite graine de l'entrepreneuriat est plantée tôt, plus elle a de chance de se développer."
"Tout le monde ne pourra pas de devenir entrepreneur" - Yves Fouchet, président de CCI Entreprendre
* source MESR, INSEE enquête Sine 2006, interrogations 2006 et 2009.