L'international est-il le plus grand enjeu de ­l'entreprise ?

Plus maintenant. Nous sommes présents dans 22 pays. 80 % de notre croissance s'effectuent hors de l'Hexagone. Il fallait évidemment que nous devenions internationaux, surtout dans le digital. C'est ce que nous avons fait entre 2012 et 2016. Cette stratégie garantit notre chemin de croissance.

Désormais, le challenge le plus grand à mes yeux consiste à unifier et étendre notre modèle économique.

C'est-à-dire ?

Nous n'avons pas le même modèle économique selon les pays. Ce qui ne fait aucun doute, c'est que tout le monde trouve notre service utile. Et ce, dans tous les pays où nous sommes présents. La question essentielle aujourd'hui : comment allons-nous convertir cette utilité en business.

Quels sont les pays qui tirent votre croissance ?

La Russie. Il y a plus de Russes qui utilisent BlaBlaCar que de Français. Pour vous donner une idée de croissance, nous avons 500 000 nouveaux inscrits par mois dans ce pays. Mais il y a aussi l'Espagne, l'Allemagne, la Pologne... Nous enregistrons également des taux de croissance à trois chiffres au Brésil.

Pourquoi avoir cédé la direction opérationnelle à Nicolas Brusson, cofondateur de BlaBlaCar ?

Une société doit être bien gérée. Et la gestion, ce n'est pas la même chose que la vision. J'ai piloté l'entreprise pendant 12 ans et, aujourd'hui, Nicolas fait cela parfaitement. Il orchestre avec brio nos activités.

Cela vous libère aussi du temps...

C'est vrai, mais ce n'est pas pour cela que j'ai pris cette décision. Il s'avère qu'elle m'offre du temps pour penser de façon plus écosystémique. Je suis vice-président de France Digital et j'ai monté Wonder Léon, un programme de recrutement pour les start-up.

Et puis, je suis incapable de ne rien faire de mon temps libre. C'était déjà le cas quand j'avais 20 ans. J'étais au conservatoire de Paris en même temps que ma classe préparatoire.

Quel est votre regard sur la French Tech ?

C'est une idée excellente et bien exécutée. Fleur Pellerin en est à l'origine et c'est génial qu'Emmanuel Macron continue à pousser le dispositif. Il a compris son utilité. Le fait que Kat Borlongan prenne la tête du mouvement est excellentissime. Je la connais depuis de nombreuses années, c'est une grande entrepreneuse amoureuse de la France. Je ne pense que du bien de la French Tech.

Mais la question, c'est : que faut-il en attendre ? Certainement pas une révolution de l'environnement technologique français. Sa vocation, c'est de créer un état d'esprit et de donner un sentiment d'appartenance à une communauté.

Que pensez-vous des mesures récentes du gouvernement pour l'entrepreneuriat ?

Elles sont très bonnes. J'ai le sentiment, en parlant à des investisseurs et entrepreneurs internationaux, qu'eux aussi voient la France comme étant en train de se réparer. Nous avons un grand nombre d'atouts mais nous avons quelques modes de fonctionnement dépassés. Nous sommes en train de les gommer, un par un, et je trouve ça super. Mais il y a encore du boulot.