Un conseil : "squatter les dispositifs faits pour les jeunes"
Pour réussir, Thierry de Vulpillières conseille de ne pas rester seul. "L'écosystème des start-up s'est structuré. Méthode lean, incubateurs... L'accompagnement de la création est très balisé, témoigne le dirigeant. C'est du pain béni pour les gens comme moi. Il est important de se greffer à cet écosystème". Passé par l'incubateur Schoolab, le fondateur d'EvidenceB entame actuellement sa première année à Willa (ex-Paris Pionnières).
A ses yeux, le point fort de ce type de structures est "l'entraide, et le "troc" entre jeunes et seniors". C'est ainsi, par exemple, que des ingénieurs de Centrale l'ont accompagné pour la création de son premier prototype de chatbot (un test de syntaxe à expérimenter sur Messenger en indiquant @EvidenceB.eu). Si les jeunes apportent leur énergie, l'inverse est vrai aussi : l'expérience est valorisée. D'où la nécessité de ne pas hésiter à "squatter les lieux faits pour les jeunes, utiliser les dispositifs faits pour les sorties d'école, faire les concours de pitchs..."
De son côté, Armand Stemmer conseille de soigner particulièrement le financement (voir encadré ci-dessous). Pour Michel Gien, il faut savoir faire preuve de souplesse en conjuguant les objectifs. "Avoir une grande vision à long terme mais aussi se concentrer sur l'opérationnel au jour le jour avec des objectifs atteignables et proches", explique-t-il. Autrement dit, "avancer petit à petit et profiter des opportunités". Une gymnastique permanente entre deux temporalités, qui nécessite de véritables qualités. "Il faut être patient, persévérant, jamais lâcher mais ne pas être têtu...", explique celui pour qui, au bout du compte, "l'important, c'est le plaisir qu'on a à faire ce qu'on fait".
"Il faut bien préparer son projet sur le plan personnel, bien réfléchir à ses objectifs personnels, conseille, de son côté, Florence Piganeau. Mais aussi ne pas se lancer seul et se faire accompagner".
Quoiqu'il en soit, "c'est un bon moment pour créer son entreprise car on est plus sûr de soi", estime l'experte. "C'est plus facile la deuxième fois", estime Armand Stemmer. "C'est plutôt plus simple car on sait comment ça se passe, on va très vite, on connaît les gens...", note Michel Gien.
"Il y a beaucoup plus de cheveux gris qu'il n'y paraît dans les aventures qui marchent...", constate Thierry de Vulpillières.
Financement : " certains ont des critères de jeunisme extrêmement forts "
Si la question du financement est délicate pour tout entrepreneur, la question est de savoir si, face aux investisseurs, l'âge constitue un atout ou un inconvénient. "Les investisseurs regardent la qualité du projet, sa rentabilité, la capacité de la personne à le mener à bien, estime Laurence Piganeau. Dans ce cadre, l'expérience est un plus. En revanche, le banquier va chercher des garanties - mais il vaut mieux éviter de mettre son patrimoine dans la balance...".
Une vision plutôt positive que ne partage pas Thierry de Vulpillières. "Certains investisseurs ont des critères de jeunisme extrêmement forts. Certains financeurs ont l'âge comme critère rédhibitoire", a-t-il constaté. De son côté, Michel Gien a financé son entreprise avec sa retraite, tandis que son associé, Christian Jacquemot, injectait ses indemnités Pôle Emploi dans l'entreprise. A cela s'ajoutent d'autres sources de financement, notamment Bpifrance.
"A 25 ans, à la sortie de l'école, tomber sur la bonne idée est assez rare. Après dix ans, on prend conscience des codes de l'environnement professionnel, des problèmes à résoudre. Quand on vient d'un grand groupe, à quarante ans on peut profiter d'un plan de restructuration et vivre pendant trois ans sur les financements de Pôle Emploi", remarque-t-il.
Quoiqu'il en soit, l'étape du financement apparaît "plus facile aujourd'hui qu'il y a trente ans" à Armand Stemmer, qui a financé son entreprise avec sa première société.
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