Les sportifs appréciés.
La personnalité des dirigeants se juge aussi à leurs hobbies. "Quelle que soit leur origine sociale ou académique, les sportifs de haut niveau sont généralement de bons entrepreneurs, estime Nicolas Celier. Ils sont compétiteurs, résilients, se fixent des objectifs élevés et se donnent les moyens d'y arriver."
Outre le profil des dirigeants et leur idée, les investisseurs vont examiner l'activité de la société qui souhaite faire une levée. "Il y a des métriques opérationnelles regardées en fonction de chaque business model, explique Xavier Lorphelin. Par exemple, si vous avez une société de commerce électronique, l'investisseur regardera le taux de conversion des clients sur le site, le réachat, le coût d'acquisition des nouveaux clients, etc."
Les VC emploient des experts ayant un passé d'opérationnels (ancien DRH, ancien directeur financier ou commercial) qui jugent la viabilité du business plan. Si une levée de fonds prend trois à six mois, entre le premier contact et le pacte d'actionnaires qui scelle l'événement, le pitch de départ est une étape primordiale.
"L'entrepreneur a généralement une heure pour convaincre. Il doit prouver qu'il connaît son sujet, qu'il a compris son marché et ses clients, et les difficultés qu'il aura à surmonter", résume Xavier Lorphelin. Il est vivement conseillé de se préparer à ce grand oral du pitch, qui va au-delà de la simple présentation Power Point et doit donner envie aux financiers.
Le pitch impactera également la suite des événements puisque, pour les projets pressentis, les fonds vont aller plus loin et "creuser" certains points : commercial, technique, etc. "Un business plan se malmène, se boxe", sourit Christophe Bavière, soulignant la nécessité pour les candidats au financement d'anticiper toutes les questions. Par exemple : "Si la croissance du chiffre d'affaires n'est que de 20%, comment comptez-vous ajuster les coûts ?" Ou alors : "Que prévoyez-vous si le marché se décale de six mois ?"
Critère environnemental.
Dans la conjoncture actuelle, Nicolas Celier prévient : "Il est important pour une start-up d'anticiper son internationalisation dès le départ. Elle risque sinon d'être concurrencée par une société étrangère qui va avoir beaucoup plus de moyens et gagnera le match."
Par ailleurs, de nouveaux critères apparaissent, dans la sélection des projets. "Les fonds insistent de plus en plus sur l'aspect éthique, sociétal, environnemental des dossiers", remarque Julian Ortelli. Les audits sociaux ne sont pas rares, afin de vérifier le côté vertueux du management et le climat dans l'entreprise. Enfin, il faut garder à l'esprit qu'une levée de fonds n'est pas une fin en soi : les investisseurs peuvent toujours modérer les sommes demandées et conseiller de procéder à un nouveau tour de table quelques temps plus tard.
Les plus
La conjoncture est favorable aux levées de fonds.
Tous les profils, jeunes ou seniors, intéressent les investisseurs.
Les moins
Un développement international doit être prévu dès le départ.
Les fonds peuvent minorer les sommes demandées.
"La jeunesse peut être un argument convaincant" Noémie Nicod, cofondatrice de Moneway
C'est au cours de leurs études, alors qu'ils effectuent une partie de leur scolarité à Londres et en Suède, que Noémie Nicod, diplômée de la Burgundy School of Business, Romain Vermot et Benjamin Chatelain, diplômés en informatique de l'Epitech Strasbourg, découvrent les services bancaires en ligne.
Revenus en France, ils décident de lancer leur propre fintech, Moneway, une application de paiement sur smartphone et tablette, particulièrement prisée des jeunes. "Nous avons mis huit mois à être accrédités en tant que prestataire par l'ACPR, l'autorité de contrôle prudentiel des banques", explique Noémie Nicod. La bêta version fait ses preuves et la start-up réussit une première levée de fonds de 1,13 million d'euros, auprès de Bpifrance et de business angels essentiellement.
Ce qui a convaincu les investisseurs ? La compétence technique de l'équipe, sa jeunesse, en adéquation avec sa clientèle, mais aussi le caractère régional de la start-up. "Nous avons été soutenus par des business angels de Bourgogne Franche-Comté et le réseau Initiative Doubs Territoire de Belfort", complète Noémie Nicod. En outre, l'équipe de fondateurs avait entamé des pourparlers avec une grande banque, intéressée par l'application. Un argument utile au moment de la levée de fonds.
Enfin, le trio fondateur a créé une communauté d'utilisateurs, qui compte aujourd'hui 2 500 personnes, avec un fort engagement et un taux de conversion élevé. La levée de fonds de 2019 a permis d'embaucher et la jeune fintech souhaite maintenant passer à la vitesse supérieure, en briguant une nouvelle levée pour le second trimestre 2020.
Moeway
Services de paiement
Villiers-le-Lac (Doubs)
Noémie Nicod, Romain Vermot, Benjamin Chatelain, cofondateurs, 25 ans
SAS > Création en 2018 > 16 personnes
CA 2019 : NC
Le dico du tour de table
Série A, B ou C ? Ces initiales se rencontrent fréquemment dès que l'on évoque les levées de fonds. Elles correspondent à des phases de maturité de l'entreprise. En phase d'amorçage (où les entrepreneurs se lancent), les premiers fonds récoltés par l'entrepreneur sont qualifiés de "seed capital", seed signifiant "graine". Il s'agit de faire germer le projet. Les montants octroyés varient de 100 000 à 500 000 € en général.
La série A intervient ensuite pour consolider le lancement et aider notamment au développement commercial. Les fonds levés sont plus importants, jusqu'à 3 à 5 M€.
La série B contribue à amplifier encore la force de frappe du porteur de projet, en faisant intervenir de nouveaux fonds de capital-risque qui ciblent les entreprises plus matures. Les sommes levées vont de 2 à 10 M€.
Enfin, en série C, l'entreprise est déjà reconnue comme performante. L'objectif des investisseurs est alors d'accroître la rentabilité.
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