Max Guazzini, la sélection par la passion
Max Guazzini, c'est une personnalité aussi complexe qu'attachante, comme en attestent ses relations avec ses anciens collaborateurs. "J'en ai reçu pas mal des lettres me disant : tu m'as tout appris, grâce à toi je suis devenu un homme..." Manager pour Max Guazzini, c'est aussi laisser s'épanouir les individualités... sur le long terme. "Regardez, ceux que j'ai recrutés, aujourd'hui ils sont partout, comme entraîneurs - en dix ans on en a fourni deux à l'équipe de France -, comme consultants, mais il y en a aussi un qui est devenu médecin, un qui travaille pour la Ville de Paris..." Laporte, Moscato, Dominici et tant d'autres... Des hommes qui se découvrent d'autres talents, ou plutôt d'autres activités pour laisser s'épanouir leurs talents. "Les fortes personnalités, c'est bien pour un groupe. Dans le mien il n'y a pas eu beaucoup de gens lisses, au pire quelques tièdes !"
Max Guazzini, homme capable de mener quinze grands gaillards à la victoire comme d'ameuter les médias et les réseaux sociaux quand il ne trouve plus sa chère chienne beagle Holy ... "J'aurais pu la chercher pendant des jours et des jours, tant que je ne savais pas qu'elle s'était fait écraser". Le genre de trait qui le rend encore plus attachant auprès du public comme de ses troupes. Ce sudiste n'exclut pas, voire revendique l'affectif : "L'autre jour, je suis passé devant l'immeuble où on a commencé l'aventure NRJ, vers le métro Télégraphe. Qui se doute aujourd'hui de ce qui s'est tramé au dixième étage ? Je me souviens que la cohabitation n'était pas facile, on était bruyants et il fallait faire avec un concierge horrible... J'éprouve pour cette époque non de la nostalgie, mais beaucoup de tendresse".
Je n'ai jamais aimé les réunions
Comme pour cette période où il a changé l'image du rugby français, faisant entrer la musique et la couleur rose sur les stades. "Vous savez comment ça s'est passé ? Je m'ennuyais en réunion - je n'ai jamais aimé les réunions - et je pensais au slogan "Black is beautiful", j'ai lancé l'idée, et on l'a déposée en 2005".
Il sait aussi qu'avec toutes ses idées, il a renforcé le groupe et sorti le rugby de ses bastions traditionnels, donnant rendez-vous à coups d'affiches inspirées des peplums ou des mangas japonais pour de grands spectacles populaires au Parc des princes puis au Stade de France. Max Guazzini, c'est aussi l'auteur d'une politique tarifaire volontariste, avec des places à 5 €. "Je suis un peu fou, vous savez..." Aujourd'hui cette folie lui manque : "A la Ligue, on n'a pas de rapport direct avec les acteurs". Heureusement, en tant que directeur des Barbarians français, il est "toujours en prise avec la matière humaine", celle qui sue et crie, et qu'on façonne en la portant vers un objectif commun.
De son enfance marseillaise, il a gardé non l'accent provençal mais une éducation catholique qu'il ne renie pas, bien au contraire, et qui n'est certainement pas étrangère à cet humanisme. En début d'année, il a produit un CD de chants à Marie. "Oui j'ai la foi, je fais partie de la chorale et je vais à la messe en latin. Pourtant je ne suis pas un intégriste ! " On croit volontiers celui qui a déshabillé ses rugbymen pour un calendrier et invité les danseuses du Moulin Rouge sur la pelouse du Stade de France... Cela l'énerve copieusement qu'on continue "à mettre à ce point les gens dans des cases"... Max Guazzini pourrait d'ailleurs encore nous réserver quelques surprises : "Aujourd'hui je pourrais bien me passionner pour la pâtisserie"... Pour sûr, il est loin d'être sur la touche.
NEWSLETTER | Abonnez-vous pour recevoir nos meilleurs articles