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Les meilleurs extraits du Journal d'un salaud de patron

Publié par Eloise Cohen le

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Extrait 3 : Recrutement

J'enchaîne difficilement avec un "Moi-je-voulais-faire-directrice-artistique-mais-je-ne-trouve-pas-alors-bon-je-suis-obligée-de-revenir-à-l'iconographie-je-veux-bien-faire-ça-pour-vous-si-vous-voulez" auquel je n'accorde pas plus de temps qu'il n'en faut, puis parle avec une jeune femme qui m'explique qu'elle serait ravie de prendre le poste... mais :

- L'été je fais une pause.

- Oui, bien sûr, vous aurez des vacances, comme tout le monde. D'ailleurs chez nous, c'est six semaines par an.

- Les miennes seront plus longues.

- Comment ça, plus longues ?

- Il me faut trois mois au minimum.

- Hein ??

- Je suis fan de musique, vous savez, alors je dois faire la tournée des festivals, de juin à septembre. Et puis déjà que j'aurai bossé le reste de l'année...

Extrait 4 : licenciement

Je suis en colère, bien sûr, mais sais que ce sentiment ne m'habitera pas longtemps, et laissera place à un autre. J'ai rendez-vous à notre bureau parisien pour annoncer à l'un de nos salariés que nous allons devoir mettre fin à son aventure chez nous. Une décision terrible, la plus difficile qui puisse jalonner le parcours d'un entrepreneur. En tout cas lorsque l'on dirige une PME et qu'on laisse l'affectif entrer dans la vie de celle-ci.

Après avoir dormi moins de quatre heures, après avoir discuté économie avec un acteur majeur du monde politique français, après avoir pesté contre un voleur à la sauvette, pris deux métros et un taxi... me voilà enfin assis sur une chaise, dans un environnement a priori favorable puisque celui de mon bureau. Pourtant je ferais tout pour être ailleurs. Oui, partout ailleurs que devant cet homme que je respecte, pour ce qu'il est et pour ce qu'il fait. C'est un mec bien, qui fait bien son boulot mais auquel je suis obligé de dire que c'est fini parce que j'ai perdu un contrat important.

Une décision à peine plus facile à porter parce qu'au moins je la partage avec mes compagnons du comité de direction, qui sont en train de vivre un moment pareillement douloureux du côté d'Astaffort, ce matin. Je cache mes larmes, très ému, extrêmement déçu de ne pas pouvoir proposer une autre fin de carrière à ce salarié qui ne demandait que trois ans de plus pour arriver à la retraite. Je lui dis combien on l'apprécie, qu'évidemment rien de tout cela ne vient remettre en cause ses qualités. Mais rien n'y fait, et rien n'y fera, je sens qu'il m'en veut. Je le comprends et je sais que c'est sain.

L'auteur

À 33 ans, Julien Leclercq dirige l'agence de presse et de communication Com'Presse, située à Astaffort (Lot-et-Garonne). Blogueur et auteur de Chronique d'un salaud de patron (Les Cavaliers de l'orage, 2013), il est également le fondateur du mouvement des Déplumés. Journal d'un salaud de patron est son deuxième essai.


 
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