Pierre Gattaz : "Les entrepreneurs sont des héros"
Concernant le compte pénibilité, une mission est actuellement menée par le chef d'entreprise Gérard Huot et le député Christophe Sirugue. Qu'en attendez-vous?
Nous nous sommes battus comme des malades
Se discute actuellement aux chambres la loi Macron. Selon vous, quelle efficacité aura-t-elle sur la croissance et l'activité des TPE et des PME françaises?
Je soutiens la loi Macron. Mais elle ne doit être qu'un début. Elle contient des avancées notables, telles que la liberté des transports interurbains et l'ouverture des professions réglementées. Là où je suis un peu frustré, c'est pour le travail du dimanche et après 21 heures. Il faut laisser la liberté aux commerçants et artisans de travailler ou pas. Avoir à Paris deux zones considérées comme touristiques internationales me paraît très réducteur. Tout comme passer de 5 à 12 dimanches par an. Je rappelle que la filière touristique représenterait un vivier de 150000 emplois à créer. Le travail en soirée est aussi trop restreint. Surtout que la grande majorité des salariés sont demandeurs. Je suis scandalisé par des postures politiciennes qui sont à l'envers de l'évolution d'une France qui doit bouger pour gagner en compétitivité.
De nombreux petits commerçants craignent, au contraire, cette ouverture dominicale que seules les grandes enseignes pourraient se payer...
Oui, et je les entends. C'est pourquoi il faut laisser le choix et le marché se faire. Comment ? En créant, territoire par territoire, ville par ville, des commissions ad hoc pour déterminer les zones d'ouverture. Ce ne sont pas aux lois et décrets de décider et d'imposer. Au contraire, les acteurs locaux doivent bénéficier d'une grande flexibilité et ce qui doit primer, c'est le business et le volontariat de nos salariés. Sur Amazon, 25 % des commandes se font le dimanche. C'est bien la preuve que les modes de vie évoluent et que la France doit changer.
Qu'attendez-vous de la mission confiée à Fanny Dombre-Coste sur la loi ESS, et ses fameux articles 19 et 20?
Ces articles prévoient la consultation, en cas de vente de l'entreprise, du personnel. Nous ne sommes pas contre. D'ailleurs, dans les faits, un chef d'entreprise sait si ses effectifs comptent un éventuel repreneur. Et préférera toujours consulter ses salariés plutôt que de fermer sa boîte. En revanche, ce que nous refusons, c'est la sanction, l'annulation de la vente. Cette mesure doit être supprimée. Car le pragmatisme doit l'emporter sur le dogmatisme.
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