Eric Leandri, CEO de Qwant : "Je veux créer un géant du B to C européen"
Google possède 95% de part de marché en Europe. Au final, votre enjeu n'est-il pas de gagner en notoriété ?
Je suis complètement d'accord avec vous. Mais il fallait d'abord que nous développions une technologie solide et cela prend du temps. Aujourd'hui, nous allons faire du marketing de façon massive. Vous allez nous voir un peu partout dans la presse ou dans les publicités. Nous avons investi 100 000?euros dans le marketing lors des quatre dernières années. Désormais, nous allons consacrer des dizaines de millions d'euros pour nous faire connaître.
Que pensez-vous de la French Tech ?
Le mouvement est tout simplement génial. Il existe depuis deux?ans et a essaimé partout. Ainsi, des Français peuvent aller à Berlin ou à Barcelone et y trouver des compatriotes. Ce simple fait facilite l'expatriation des salariés.
Ne rencontrez-vous pas des difficultés pour recruter des développeurs en France ?
Pour nous, c'est assez simple. J'ai ouvert un recrutement de vingt développeurs à la mi-mai et j'en avais déjà embauché seize à la fin du mois. La raison ? Nous travaillons sur des pétaoctets avec toutes les technologies disponibles aujourd'hui, et des partenaires comme Nvidia qui nous permettent de faire du deep learning.
Et puis nous travaillons aussi sur la réalité augmentée et la réalité virtuelle dans le search. En clair, nos offres d'emploi intéressent les profils qui ont envie de s'amuser dans l'informatique.
Votre situation géographique est un avantage...
C'est vrai que nous sommes à Nice, donc à côté de Sophia Antipolis où il y a des dizaines de millier de développeurs. Ils sont recrutés par de très grandes entreprises, mais il y a deux profils. Ceux qui sont heureux de travailler de 9 heures à 18 heures et ceux qui veulent être libres, travailler sur des plages horaires décalées s'ils le souhaitent, tout en développant des choses nouvelles qui ont du sens et de l'éthique.
En revanche, nous avons plus de mal à recruter des profils sortant des grandes écoles de commerce comme HEC, capables d'accélérer notre développement et notre image de marque en Europe. Sur ce point-là, nous devons être un peu plus start-up, en embauchant des jeunes avides de marketing.
Comment vivez-vous cet engouement pour l'entrepreneuriat en France ?
En trois ans, nous sommes passés d'une situation où, pour une start-up, c'était très compliqué d'aller discuter avec un député ou un maire, à une situation où ce sont les hommes politiques qui frappent à nos portes.
Aujourd'hui, sur la French Tech Côte d'Azur, dont je suis coprésident, les échanges entre les start-uppers et les acteurs de l'écosystème sont quotidiens. De même, avec Bpifrance ou les relais Pass French Tech, il est plus facile de trouver des financements.
Pensez-vous que cela va durer ?
Le nouveau gouvernement va certainement poursuivre ce mouvement car Emmanuel Macron est l'une des personnes qui ont contribué à le mettre en place. J'espère que Mounir Mahjoubi, secrétaire d'État chargé du Numérique, sera capable de voir l'intérêt de la protection de la vie privée grâce au "Privacy by design". Et qu'il sera moteur pour que nous fassions plus de B to C en Europe.
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