Levées de fonds hybrides
Dans les entreprises, la cryptomonnaie interroge. Outre la frilosité des banques, les projets se heurtent à la comptabilité des opérations, à la volatilité des valeurs, au manque de visibilité et aux spéculations douteuses. "Certaines entreprises placent une partie de leur trésorerie excédentaire - dont elles n'ont absolument pas besoin pour leurs activités à court terme - en cyptoactifs pour un investissement à moyen et long terme, relate Fabrice Heuvrard. Mais les variations du bitcoin, ce sont les variations de la bourse survitaminée !"
Enfin, les levées de fonds en cryptomonnaie semblent avoir fait long feu. Après un certain engouement en 2017, le montant des ICO (Initial Coin Offering) est en chute libre. Alors que 130 millions d'euros ont été levés en France en 2017, ce montant passe à 80 millions en 2018 et à seulement 11 millions en 2019 selon le rapport Loi Pacte de France Stratégie (novembre 2020). En cause, les fluctuations des cryptomonnaies, la concurrence du crowdfunding, les risques (piratage, blanchiment, terrorisme).
En outre, note ce rapport, "les risques ont augmenté avec la crise liée à la Covid-19, du fait de la généralisation des paiements en cryptomonnaies, ce qui est de nature à renforcer la réticence des institutions bancaires à ouvrir des comptes bancaires aux porteurs d'ICO et aux PSAN (Prestataires de service pour les actifs numériques)." La fin d'un rêve ? "Nous voyons émerger des levées de fonds hybrides à côté des levées traditionnelles", observe Simon Polrot, qui regrette, "le niveau de connaissance et d'appétence pour les projets, beaucoup moins fort en Europe qu'aux États-Unis". Le vieux continent prendrait du retard.
Témoignage
"Demain, le bitcoin servira de moyen de paiement"
Pierre Noizat, président de Paymium
Paymium, plateforme d'échange de bitcoins/euros, exploite également depuis 2018 Blockchain.io, une seconde plateforme d'échanges mais dédiée à l'ensemble des cryptomonnaies. Elle surfe sur la vague. "Le marché ressemble un peu à celui des navigateurs web des années 90, mais il va se structurer autour d'un leader. À terme, le bitcoin s'imposera, estime Pierre Noizat. Aujourd'hui, il représente un substitut à l'or métal, il est plus performant - car l'or n'est plus adapté au monde numérique. Le bitcoin sert principalement de réserve de valeur. Demain il servira aussi de réseau de paiement complétant ceux de Visa/Mastercard."
Paymium accueille d'ores et déjà des enseignes commerciales qui acceptent le bitcoin pour leurs encaissements. "Notre plateforme reçoit les bitcoins et les transforme en euros. Certains commerçants préfèrent conserver les bitcoins, d'autres les convertir ou procéder à des arbitrages", ajoute-t-il. Le nombre d'entreprises - principalement des enseignes commerciales et des start-up issues de l'écosystème des cryptomonnaies - qui utilisent Paymium reste encore limité.
"Les freins au développement sont d'ordre psychologique, car les banques font peur aux commerçants, les campagnes de désinformation sont efficaces et la relative complexité des règles fiscales dissuade les initiatives", explique le dirigeant. Pour autant, Paymium poursuit sa route. La plateforme compte 200 000 clients en France et à l'étranger et vient de déposer une demande d'agrément auprès de l'AMF en tant que Prestataire de services pour les actifs numériques (PSAN).
Créé par la Loi Pacte, ce statut établit des règles communes de gouvernance et de conformité pour les prestataires du secteur. "Il est une reconnaissance du rôle des actifs numériques et de leur apport à l'économie. Il constitue un gage de confiance supplémentaire", note Pierre Noizat. Son obtention implique des obligations liées au dispositif de sécurité, contrôle interne, informations fiables, etc. Réponse dans quelques mois.
Paymium
Plateforme d'échanges de bitcoins
Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine)
Pierre Noizat, président, 60 ans
SAS > Création en 2010 > 15 salariés
CA 2020 NC
Le paiement nouvelle génération
1 Fructify.io, l'investissement en cryptomonnaie
Fructify.io accompagne ses clients dans leurs investissements. Elle les aide dans le choix d'une cryptomonnaie, d'une fréquence d'achats et du moment pour revendre. La start-up, fondée en 2018, compte environ 500 clients et s'apprête à procéder à une levée de fonds afin de renforcer ses compétences et sa plateforme. Son ambition ? Créer de la finance décentralisée.
2 Flowbird, le paiement du titre de transport
Open Payment by Flowbird est une solution qui remplace le titre de transport par la carte bancaire. Dispositif dématérialisé, l'outil permet d'optimiser les tarifs à la consommation réelle (selon le trajet, le mode et la durée) et de payer via la carte sans contact, un smartphone ou une montre connectée. Amiens vient de déployerla solution (31 lignes et 90 bus duréseau Amétis sont équipés pour 1 000 utilisateurs par jour en moyenne).
3 Vybe, la carte agile pour les ados
Après Google Pay, il y a quelques mois, Vybe, la néobanque qui cible les jeunes, annonce qu'elle est disponible viaApple Pay et dit gagner en sécurité. En effet, Vybe permet aux parents des adolescents de garder un oeil surles transactions de leurs rejetons via un site miroir. Créée il y a moins d'unan, Vybe compte plusde 350 000 téléchargements et plus de 240 000 pré-commandes de cartes.
4 EasyWallet, l'appli pour payer en bitcoins
Avec EasyWallet, appli développée par Global P.O.S, le consommateur paye en cryptomonnaie ses achats du quotidien, en ligne ou en boutique, et le commerçant encaisse en euros. L'appli, multimonnaie, calcule le cours en temps réel. Multifonction, elle permet le paiement sans contact, les virements entre amis, les points de fidélité, etc. Disponible sur Google Play et App Store.
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