Comprendre la structure d'un prix fournisseur donne un avantage compétitif
En ce qui concerne la construction des modèles de coût deux approches sont possibles : l'approche analytique, qui consiste à comprendre techniquement le produit via une décomposition étape par étape de ce dernier en vue d'en reconstituer le coût, et l'approche paramétrique qui elle donne une vision statistique externe du comportement coût d'un produit d'après des paramètres types (taille/poids/pays d'approvisionnement). Sur ce point tous les consultants s'accordent à dire qu'il faut combiner les deux approches lorsqu'on est sur un projet global.
Les outils informatiques pour piloter ces modèles existent et sont efficaces. Parmi les plus connus on peut citer Cleopatra et TechniQuote. On constate d'ailleurs un mouvement assez fort pour développer ce type d'outils et libérer du temps aux acheteurs. Le frein ne se situe donc pas au niveau des outils mais bien des compétences.
"Il faut repositionner les acheteurs sur la valeur ajoutée. Et pour comprendre l'implication de chaque intrant et de chaque action menée sur un produit rien de tel que le terrain", estime David Bocher, co-fondateur, directeur associé de Octoplus Consulting. En effet, toutes les entreprises mettent en place des systèmes de décomposition des prix sur la base des informations fournisseurs mais il ne s'agit pas d'analyse de coût sur le réel. "Le fournisseur a tendance à mettre des marges cachées. Ces données ne reflètent donc pas la réalité du marché. On ne peut pas faire de l'analyse de coût uniquement à partir d'un logiciel derrière son bureau." Se priver d'un audit fournisseur sur site serait une grave erreur.
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L'expérience des Galeries Lafayette sur l'achat de luminaires.
L'achat de luminaires est un poste très important pour le secteur du retail. Non seulement l'éclairage représente 40% de la facture énergétique d'un magasin mais en plus il agit de façon marquée sur l'achat d'impulsion des visiteurs. Autant dire qu'il ne faut pas se tromper et qu'il vaut mieux avoir une connaissance et une traçabilité précise de la façon dont est fabriqué le produit. "C'est d'autant plus vrai qu'il ne s'agit pas de matériel standard. Il y a beaucoup de sous composants dont la qualité est très variable", indique Jean-François Campoli, responsable des achats investissements et maintenance aux Galeries Lafayette.
Mieux vaut être expert sur sa famille de produits donc. "La particularité des achats techniques aux Galeries Lafayette est que tous les acheteurs sont avant tout des ingénieurs. Nous leur demandons d'être de brais experts technique pour avoir une compréhension totale de tous les composants des produits qu'ils achètent et de leur impact sur le produit", souligne Jean-François Campoli. Ils seront en outre capables de faire un benchmark sur les produits comme sur les fournisseurs. "Notre légitimité vient de notre capacité à apporter de l'intelligence à toutes les fonctions."
Concernant l'achat de luminaires, la division achats investissements et maintenance des Galeries Lafayette a d'abord demandé toutes les fiches techniques des produits concernés puis des échantillons aux différents fournisseurs. "Nous avons tout démonté et avons même pris des exemplaires similaires dans nos magasins pour comparer, explique Jean-François Campoli. Nous avons quelques surprises mais nous avions pour nous des critères mesurables et objectifs." Imparable!
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