Export : tirez parti de la récession chinoise
Les matières premières en chute
La crise ne profite pas qu'aux PME implantées en Chine. Dans l'Hexagone aussi, les répercussions se font sentir. Avec le ralentissement de la croissance chinoise et les mouvements boursiers de ces derniers mois, le prix des matières premières énergétiques, industrielles, agricoles et minérales a baissé considérablement. D'après l'Insee, le cours des matières premières industrielles a ainsi chuté de 12 % et le cours des métaux non ferreux de 13,9 % sur l'année 2015.
La raison? En absorbant à elle seule près de 45% de la production mondiale de métaux industriels, 60% de la production de ciment et 17% de la production mondiale de blé, la Chine est, en termes de demande, le déterminant-clé des marchés de matières premières. Ce phénomène, initié par la chute du prix du pétrole et accéléré par le krach de la Bourse de Shanghai, se traduit par un transfert de pouvoir d'achat vers les pays importateurs en matières premières, en particulier les États européens et la France.
Voici donc un appel d'air important pour la consommation dont les entreprises françaises peuvent tirer profit, en France et sur l'ensemble du marché européen. "De plus, les acheteurs y gagnent car c'est un moment où ils bénéficient d'une baisse de leurs coûts de production et donc d'un avantage certain en termes de compétitivité" , assure Nathalie Janson, économiste et enseignant-chercheur de Neoma business school.
Plus d'investissements chinois vers l'Europe
Du côté des investissements aussi la crise chinoise fait bouger les lignes, mais les plus gros effets restent encore à venir. "On doit s'attendre à ce que la situation économique et boursière chinoise actuelle modifie le type d'investissement et la répartition en mettant davantage l'accent sur le renforcement de la consommation interne, et donc de nouveaux vecteurs de croissance économique" , indique Karine Lisbonne-de Vergeron. Ce phénomène devrait profiter à une nouvelle vague d'investissements sur le marché chinois dans les secteurs des nouvelles technologies, des produits de consommation, du luxe, et à terme plus généralement des services. Et ainsi bénéficier aux PME positionnées sur ces offres.
Parallèlement, la chute de la rentabilité du capital dans le pays intensifie les investissements chinois en Europe. Ils ont ainsi doublé en 2014 pour atteindre 18 milliards de dollars, selon les chiffres du cabinet Baker&McKenzie de février 2015. De même, à l'échelle des particuliers, les épargnants, à la recherche de placement de plus en plus sûrs, délaissent le marché domestique de l'immobilier au profit de l'Europe et de ses entreprises.
Les bases d'un traité bilatéral sino-européen
Or, cette meilleure réciprocité en termes d'investissements est un enjeu essentiel pour les intérêts économiques sino-européens, et par là pour le projet de traité bilatéral entre l'Union et la Chine, dont les négociations ont été initiées en 2014. De plus, le ralentissement de la croissance chinoise devrait favoriser ces pourparlers en faveur de l'Europe et garantir un contexte concurrentiel plus homogène.
L'objectif : réduire, voire supprimer, les contraintes à l'investissement et l'accès au marché chinois qui persistent dans certains secteurs. Avec à la clé des avantages pour les entreprises françaises présentes sur ce marché ou celles qui souhaitent s'y développer. Si rien n'est encore joué, les prochaines années s'annoncent riches en promesses pour nos PME.
Le témoignage d'Arnaud Monnier, président d'Altima
"Nous développons sans cesse de nouvelles offres"
"En Chine, la France a une certaine cote d'amour. C'est vrai dans le luxe, mais aussi dans le numérique", remarque Arnaud Monnier, président de l'agence Altima, spécialiste du commerce digital. Présent en Chine depuis quatre ans, via deux bureaux installés à Pékin et Shanghai, il est en première ligne des évolutions fortes du secteur dans le pays. "L'économie chinoise se transforme et évolue vers de plus en plus de tertiaire. Là où ça a pris 25 ans chez nous, les transformations prennent cinq ans en Chine", constate-t-il. Or, c'est bien là qu'il a une carte à jouer car il fait face à une demande déjà étrennée sur nos marchés, plus matures.
"On a un vrai savoir-faire, mais ces évolutions très rapides rendent nos clients très exigeants et nous poussent à être agiles, à recruter et à former des nouveaux collaborateurs, et à développer sans cesse de nouvelles offres." Résultat : de 20 consultants dans leurs bureaux chinois, ils sont passés à 30 en 2015, et prévoient 20 nouvelles embauches cette année. Altima ouvrira une nouvelle antenne à Hong Kong d'ici juin, et compte ainsi presque doubler ses revenus en 2016, pour atteindre 2,75 M ¤ de marge brute réalisée sur le plus grand marché du monde. "C'est une accélération forte, équivalente à celle que nous avons connue début 2000 dans l'e-commerce en France."
Fiche repères:
Activité: Agence digitale
Ville: Roubaix (Nord)
Dirigeant: Arnaud Monnier, 43 ans
Forme juridique: SAS
Année de création: 1997
Effectif: 265 salariés
CA2015: 23 M€
NEWSLETTER | Abonnez-vous pour recevoir nos meilleurs articles