[Tribune] Comment la dirigeante de la start-up Ticket for Change a osé entreprendre
Joséphine Bouchez dirige Ticket for Change, une start-up de vingt personnes qui accompagne les innovateurs sociaux. Pourtant, au démarrage, ce n'était pas écrit... Elle raconte comment elle a trouvé confiance et ce qui l'a aidée à agir, à commencer par l'inspiration de role models.
Je m'abonne"J'ai l'impression de ne pas avoir les épaules, pas les compétences, pas la maturité". C'est ce que j'écrivais tel quel en février 2013 pour expliquer à celui qui deviendra un de mes futurs associés, pourquoi je ne pensais pas entreprendre à la fin de mes études !
Ça, c'était il y a 5 ans, quelques mois avant que je fasse le saut dans l'aventure entrepreneuriale, faisant finalement confiance à ma petite voix intérieure.
Quelle aberration quand on pense que, depuis, Ticket for Change a permis à 15 000 personnes de prendre confiance en elles et de devenir des acteurs de changement engagés dans leur vie professionnelle et personnelle... Quelle aberration quand on pense que j'y codirige une équipe de 20 salariés à temps plein et je suis responsable des programmes pédagogiques... Car malgré mon hésitation initiale, je n'ai jamais eu autant l'impression d'être à la bonne place !
Alors, qu'est ce qui a changé entre la "moi il y a 5 ans à qui entreprendre paraissait impossible ?" et la "moi aujourd'hui où ça me paraît une évidence ?". Une seule chose : la conviction que j'en étais capable !
Cette conviction vient de trois leviers : l'inspiration de mes role models, la valorisation de mes talents, et l'acceptation des difficultés, voire des échecs.
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1. Mes role models s'appellent Akanksha Hazari, Malala Yousafzai, Sheryl Sandberg, Michelle Obama, Anne-Sophie Pic, Marie Curie, Maria Montessori... Elles sont chercheuses, cheffes étoilées, entrepreneures sociales, dirigeantes éclairées, militantes. Elles me montrent la voie, me donnent envie de donner le meilleur de moi et me prouvent que "oui, c'est possible" !
Trouvez les vôtres, nourrissez-vous de leur énergie et gardez le meilleur de leur personnalité, de ce que vous admirez chez ces personnes, dans un coin de votre carnet de notes, elles vous aideront à devenir la meilleure version de vous-mêmes.
2. Depuis bientôt cinq ans, et encore aujourd'hui, j'essaie de développer mes forces plus que corriger mes faiblesses. La force du leadership féminin, selon moi, est de trouver l'équilibre entre bienveillance et exigence, entre empathie et souci du résultat. "Tout le monde a du talent. Ce qui est plus rare est d'avoir le courage de développer ce talent", écrivait l'auteure américaine Erica Jong.
3. Enfin, apprendre à faire face aux difficultés, accepter l'échec et aller de l'avant plus que d'analyser le passé, c'est ça la clé de l'entrepreneuriat, d'autant plus quand on a envie d'être "bonne élève". C'est essentiel d'apprendre à accepter que tout ne sera pas parfait, que l'on fera des oublis, des erreurs, des maladresses.
Comment ? En tirant les apprentissages, sans cesse. C'est d'ailleurs pour cela que l'on a lancé il y a quelques semaines Vécus, une série de podcasts courts qui partagent les meilleurs conseils concrets et apprentissages de pionniers et pionnières sur des questions taboues, stratégiques, clés, suite aux galères et succès qu'ils et elles ont vécus. Objectifs : démystifier les difficultés, découvrir ceux d'innovateurs et à son tour partager ses meilleurs apprentissages.
La capacité à se projeter dans le futur : voilà ce qui me manquait au moment où j'écrivais ce mail de février 2013. C'est peut-être ça qui manque à une grande majorité de femmes qui peinent à prendre confiance en elle.
Je vous partage un exercice tout simple pour commencer que recommande une dirigeante inspirante, Florence Trouche, directrice commerciale chez Facebook : "Projetez-vous dans 1 an. Où êtes-vous ? Avec qui ? Que faites-vous ? De quoi êtes-vous fière cette année?". Écrivez une page, partagez-la à vos collègues ou amis et relisez-la au cours de l'année.
Essayez, "au pire, ça marche". Ensuite, "le hasard s'organise", comme dit Jean-Louis Étienne.
L'auteur
Joséphine Bouchez est cofondatrice et directrice des programmes pédagogiques de Ticket for Change, une start-up sociale qui forme et accompagne les personnes voulant mettre leurs compétences au service de la résolution d'enjeux de société.
La jeune pousse s'appuie, pour cela, sur un programme d'accompagnement dédié aux porteurs de projets, des ateliers, un Mooc et des podcasts. Inspirée par un voyage à la rencontre d'entrepreneurs sociaux en Inde, fondée fin 2013, elle compte aujourd'hui vingt salariés. Elle a permis la création de 1400 entreprises sociales et 1300 emplois.
Joséphine est diplômée d'école de commerce (master en management à l'ESCP Europe et spécialisation en majeure alternative management à HEC Paris) et est également passée par Danone et Unilever. Elle est passionnée par l'éducation, l'entrepreneuriat social et le numérique pour transmettre l'envie d'apprendre et d'entreprendre.