Portrait de Thibault Lanxade, Monsieur PME du Medef
Dirigeant d'une TPE, Thibault Lanxade s'impose pourtant dans la "cour des grands". Ambitieux mais pas individualiste, il mouille sa chemise pour son entreprise mais aussi pour les autres. Et c'est une bonne nouvelle, puisqu'il est le président du pôle Entrepreneuriat et croissance du Medef.
Je m'abonneNous sommes le 6 février 2013. Lors du salon des entrepreneurs à Paris. Thibault Lanxade, dirigeant d'Aqoba, société d'une quinzaine de collaborateurs, annonce son entrée dans la course à la présidence du Medef. Son slogan ? "Entreprendre ensemble". Son projet ? Porter un Medef "maison des entrepreneurs", stratège et recentré sur les priorités économiques des entrepreneurs : croissance, compétitivité, environnement fiscal et réglementaire.
Finalement, le 31 mai, il se range sous la bannière de Pierre Gattaz, qui succède à Laurence Parisot le 3 juillet. " J'ai des idées et des ambitions. C'est pourquoi passer à l'acte, en me présentant à la présidence du Medef, était naturel. Tout en étant lucide sur l'issue de l'élection ", confie Thibault Lanxade. L'homme n'a cependant pas tout perdu, puisque Pierre Gattaz le nomme président du pôle Entrepreneuriat et croissance du syndicat patronal. À ce poste, le quadragénaire souhaite avancer sur des projets qui lui tiennent à coeur. " Notamment sur le statut du chef d'entreprise. Des hommes et des femmes qui endossent de lourdes responsabilités, notamment pénales, qui endurent beaucoup de stress, souligne Thibault Lanxade. Tout cela doit être pris en compte. " Autres chantiers auxquels il souhaite s'atteler : la cession d'entreprise, le financement et le small business act en Europe, dans la droite ligne du rapport qu'il a écrit à la demande de Laurence Parisot en 2009.
Itinéraire d'un homme engagé
Des chantiers ambitieux qui ne font nullement peur à cet homme de convictions, mais aussi d'action. Car il multiplie les faits d'armes et les casquettes. Et il la joue toujours pour le collectif. " J'ai toujours aimé être au service du collectif, assure le quadragénaire. L'engagement est une sorte d'héritage familial. " Ainsi, en 2005, alors qu'il est p-dg de Gazinox, fabricant de tuyaux et accessoires pour le gaz, il fonde le Syndicat européen de la connectique gaz, afin de fédérer les professionnels du secteur et d'être force de propositions. Un an plus tard, il crée l'association Positive Entreprise, think tank parisien qui planche pour rapprocher les jeunes de l'entreprise.
Après avoir cofondé la société Aqoba, spécialisée dans l'émission de moyens de paiement, en 2008, il crée l'Association des établissements de paiement et de monnaie numérique. Là encore pour structurer la profession. Il en assure encore la présidence mais ne va pas tarder à passer la main. " Le mandat de président doit être court, estime Thibault Lanxade. Premièrement car c'est du bénévolat et que cela prend du temps. Ensuite car le sang neuf est important. Un roulement est sain, cela permet à tout le monde d'apporter son enthousiasme, son énergie et ses idées. " Et surtout de rester concentré sur l'essentiel. " Il faut savoir s'investir sans se détourner de sa mission principale. La mienne, c'est développer ma société ", souligne le chef d'entreprise, arrivé " sur le tard dans l'entrepreneuriat ".
3 minutes pour convaincre
C'est en 2007 qu'il songe à créer sa propre entreprise. Suite au rachat avorté de Gazinox, PME dont il est le p-dg. Il cherche alors un secteur porteur et déréglementé. Il se décide pour les moyens de paiement alternatifs. Thibault Lanxade s'associe alors à Julien Pagezy, éditeur de son premier livre, Génération 35 heures, et se lance avec enthousiasme, grisé par la liberté totale que seuls les entrepreneurs peuvent connaître. Et aussi avec les obstacles et difficultés que seuls les chefs d'entreprise connaissent, comme la recherche de financements. Et là encore, il pense aux autres. Une idée lui vient, alors que les coups de fil d'investisseurs potentiels affluent suite à sa participation à une émission sur BFM TV où il explique ses problèmes pour trouver des fonds. Il la propose à la chaîne télévisée qui accepte. C'est ainsi que l'émission "3 minutes pour convaincre", une fenêtre de visibilité à la radio et à la télévision pour séduire des investisseurs, voit le jour. Depuis quatre ans, plusieurs millions d'euros ont ainsi été levés. Une réussite de plus pour Thibault Lanxade qui, décidément, collectionne les succès individuels, mais aussi pour le collectif.
Son premier livre
Observateur de son temps, Thibault Lanxade est l'auteur de six livres, souvent testimoniaux. Le premier, Génération 35 heures, sorti en 2006, s'est écoulé à 6 000 exemplaires. Il y croque, avec l'humour qui le caractérise, les jeunes salariés et leur relation au travail. " Ce livre a été un véritable déclencheur pour moi, analyse le dirigeant. En ont découlé la création de l'association Positive Entreprise et ma nomination au comité exécutif du conseil pour la diffusion de la culture économique, en 2006. Malgré la montée en puissance du numérique, le livre reste un superbe instrument pour faire passer ses idées. "
Sa première galère d'entrepreneur
Nous sommes en 2007. Thibault Lanxade et son associé, Julien Pagezy, peaufinent leur projet d'entreprise. " La crise n'avait pas encore éclaté et nous pensions décrocher des millions pour développer notre future affaire, se remémore l'entrepreneur. Nous sommes partis la fleur au fusil et nous n'avons pas vu la crise s'installer. Résultat, nous n'avons récolté que quelques dizaines de milliers d'euros. Et le démarrage fut beaucoup plus long que ce nous avions anticipé. "
Sa dernière casquette
Le 8 juillet 2013, Pierre Gattaz, nouveau président du Medef, confie à Thibault Lanxade la présidence du pôle Entrepreneuriat et croissance du syndicat patronal. Pôle qui se décompose en trois commissions : Croissance des TPE/PME, Dynamique entrepreneuriale et Parité-Égalité. Une nouvelle casquette qui lui sied à merveille et un nouveau défi pour cet acharné du travail.
Son dernier exploit sportif
Le 30 août 2013, Thibault Lanxade est au départ de l'Ultra-trail du Mont-Blanc, comme 2 299 autres coureurs aguerris. Une course exigeante de 168 km et de 9 600 m de dénivelé positif. Il franchit la ligne d'arrivée au bout de 45 h d'efforts. " Cette année, je m'étais fixé trois objectifs, dont celui de finir cette course. Ce n'est pas tant d'arriver, sous les encouragements de mes trois enfants et de ma femme, qui m'a ému que d'être au départ de cette course. Car elle n'est accessible qu'à ceux qui obtiennent les points suffisants lors de courses qualificatives. Il faut un entraînement béton toute l'année. La course est un sport qui me ressource et qui nécessite une excellente condition à la fois physique et mentale. "
13 février 1971 - Naissance à Paris
1996 - Obtient un mastère spécialisé à l'École supérieure de commerce de Paris
2005 - Fonde le Syndicat européen de la connectique Gaz
2006 - Création de Positive Entreprise
2008 - Cocréation d'Aqoba
2010 - Fonde l'Association des établissements de paiement et de monnaie numérique
Juillet 2013 - Président du pôle Entrepreneuriat et croissance du Medef